Michel Cossette et la dimension analytique des ressources humaines

Michel Cossette et la dimension analytique des ressources humainesMichel Cossette est professeur agrégé au département de la gestion des ressources humaines. Il est également chercheur au Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO)

Expertises

Travail émotionnel, rétention du personnel, performance de service, santé psychologique et attitudes au travail.

À quel besoin souhaitez-vous rĂ©pondre avec vos recherches?

Michel Cossette : Je m’intĂ©resse Ă  ce que l’on appelle l’analytique RH. En rĂ©sumĂ©, j’analyse comment les professionnels RH Ă©laborent des indicateurs de performance et des tableaux de bord et j’examine les processus d’analyse des rĂ©sultats, notamment en termes d’efficience, d’efficacitĂ© et d’impact des activitĂ©s de ressources humaines sur la performance organisationnelle. Au niveau de la recherche scientifique, j’examine l’influence des pratiques RH et des caractĂ©ristiques individuelles sur la mobilisation des compĂ©tences relationnelles. Les caractĂ©ristiques individuelles sont des traits psychologiques, donc des façons d’ĂȘtre, propres Ă  chaque personne, qui influence leur comportement avec les clients, mais aussi leur propre santĂ© psychologique. J’étudie la maniĂšre dont ces compĂ©tences impactent la performance durable. Cette performance durable se caractĂ©rise par un meilleur service Ă  la clientĂšle et une meilleure santĂ© psychologique des employĂ©s au travail. L’employĂ© est-il bien et heureux dans son travail ? J’analyse certains indicateurs comme la satisfaction, l’engagement et le niveau d’épuisement pour comprendre comment la gestion des ressources humaines peut contribuer Ă  cette performance durable.

Les Ă©lĂ©ments mobilisateurs et les objectifs de performance varient selon l’organisation. La richesse de ce type de recherche vient d’un regard systĂ©mique sur les Ă©lĂ©ments susceptibles de susciter la mobilisation des compĂ©tences ainsi que ceux qui peuvent y nuire. L’analyse se base sur deux avis; celui de l’employĂ© et de l’employeur. Le but est d’assurer l’objectivitĂ© des rĂ©sultats et relever une vĂ©ritable corrĂ©lation entre les compĂ©tences et la performance.

Quels sont les défis dans votre champ de recherche?

Michel Cossette : Le plus grand dĂ©fi est de trouver des entreprises qui dĂ©sirent participer Ă  l’analyse. Ce type de recherche requiert beaucoup de ressources en matiĂšre de temps et de participants. L’analyse se fait en deux temps et nĂ©cessite environ une centaine d’employĂ©s d’une mĂȘme entreprise. Ces deux critĂšres peuvent reprĂ©senter une contrainte importante pour certaines organisations. Il peut d’autre part s’avĂ©rer complexe de trouver des personnes dĂ©sirant rĂ©pondre Ă  des questions en matiĂšre d’antĂ©cĂ©dents, autant organisationnels qu’individuels. Évaluer les compĂ©tences, les attitudes, la santĂ© et la performance requiert beaucoup de mesures.

Comment vous ĂȘtes-vous intĂ©ressĂ© Ă  ce sujet?

Michel Cossette : Mes Ă©tudes en ressources humaines et en psychologie teintent mes recherches. Mon penchant pour les ressources humaines se dĂ©note par mon intĂ©rĂȘt pour la performance organisationnelle. Mon attrait pour la psychologie se vĂ©hicule dans mes Ă©tudes sur la santĂ© psychologique au travail.

Dans une sociĂ©tĂ© de service, la diffĂ©renciation des entreprises passe par le service Ă  la clientĂšle. Si l’on observe un souci marquĂ© pour la performance, l’on observe Ă©galement un important taux de roulement dans les entreprises de service. En effet, rationnellement, on recherche la performance et celle-ci peut ĂȘtre atteinte sans se soucier de la santĂ© psychologique de ses employĂ©s. Je m’intĂ©resse cependant Ă  faire le pont entre la santĂ© psychologique et la performance et Ă  faire prendre conscience aux gestionnaires que les deux doivent aller ensemble.

Que diriez-vous Ă  quelqu’un qui dĂ©bute dans votre domaine?

Michel Cossette : Certaines pistes de recherches mĂ©riteraient d’ĂȘtre plus approfondies. Par exemple, l’impact de la qualitĂ© du climat de travail entre les activitĂ©s de ressources humaines effectuĂ©es par les organisations, que ce soit par les superviseurs ou les professionnels de ressources humaines, sur la mobilisation des compĂ©tences pourrait ĂȘtre mieux documentĂ©. Dit simplement, les Ă©tudes sur l’interaction entre l’environnement, les pratiques de gestion des ressources humaines et l’individu prĂ©sentent Ă©normĂ©ment de rĂ©sultats contradictoires. À mon avis, davantage de temps pourrait y ĂȘtre accordĂ©.

Texte par Fanny Vadnais
Propos recueillis par FĂ©lix Vaillancourt