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Chaire REALISME : des outils d’Ă©valuation en santĂ© publique
Depuis peu, plusieurs outils issus des travaux de la Chaire REcherches AppLiquĂ©es Interventionnelles en SantĂ© Mondiale et ĂquitĂ© (REALISME) sont sur eValorix. La mise en ligne de ces outils a d’ailleurs donnĂ© lieu Ă la crĂ©ation de la nouvelle catĂ©gorie santĂ© publique.
Chaire REALISME : santé publique, politiques de santé et équité en santé
La Chaire a pour mission de « dĂ©velopper le champ en Ă©mergence de la science de lâimplantation en santĂ© mondiale afin dâamĂ©liorer la mise en Ćuvre des interventions communautaires pour quâelles soient plus efficaces pour lâĂ©quitĂ© en santĂ© ».Â
CentrĂ©s sur les interventions communautaires, les travaux de la Chaire abordent tout type d’interventions (politiques, projets, actions) destinĂ©es directement aux populations, le plus prĂšs de leur lieu dâhabitation. Les thĂšmes abordĂ©s y sont variĂ©s et vont de l’efficacitĂ©Â des interventions communautaires de santĂ© Ă l’analyse des politiques de santĂ© en passant par l’Ă©quitĂ© en matiĂšre d’accĂšs aux soins de santĂ©.
ValĂ©ry Ridde, professeur agrĂ©gĂ© au DĂ©partement de mĂ©decine sociale et prĂ©ventive Ă lâUniversitĂ© de MontrĂ©al ainsi que chercheur Ă lâUniversitĂ© de lâInstitut de Recherche en SantĂ© Publique de lâUniversitĂ© de MontrĂ©al (IRSPUM), en est le titulaire.
Outils d’Ă©valuation et Cahiers REALISME
Depuis quelques annĂ©es, ValĂ©ry Ridde et son Ă©quipe ont dĂ©veloppĂ© ou participĂ© au dĂ©veloppement de plusieurs outils dâĂ©valuation dans le domaine de la santĂ© publique. En plus de ces outils, la Chaire a également lancĂ© les Cahiers REALISME, une nouvelle collection de documents de recherche, portant sur les interventions communautaires de santĂ© dans les pays Ă faible revenu, et/ou sur les problĂ©matiques touchant les populations les plus vulnĂ©rables dans ces pays et au Canada. Afin de rendre l’ensemble de ces diffĂ©rents outils accessibles et utilisables par le plus grand nombre, ces derniers sont dĂ©sormais disponible sur eValorix.
Retrouvez les outils d’Ă©valuation et les Cahiers Chaire REALISME.
Ă la dĂ©couverte de l’UQAM : Ă©ducation, psychologie et consommation responsable
CrĂ©Ă©e en 1969, l’UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă MontrĂ©al (UQAM) offre depuis ses dĂ©buts toute une gamme de services de soutien Ă la mobilisation des connaissances de maniĂšre Ă favoriser la circulation des connaissances auprĂšs des milieux utilisateurs. Depuis plusieurs mois, eValorix travaille conjointement avec le Service des partenariats et du soutien Ă l’innovation (SePSI) de l’UQAM dans la diffusion des outils issus des recherches rĂ©alisĂ©es au sein de l’universitĂ©. DĂ©couvrez la page de l’UQAM
Guides, rapports et Ă©tudes de l’Observatoire de la Consommation Responsable (OCR) de l’ESG UQAM
L’UQAM, via son Ăcole des sciences de gestion (ESG), compte l’Observatoire de la Consommation Responsable (OCR) dans ses rangs, un organisme universitaire axĂ© sur le transfert de connaissances. ComposĂ© dâune quinzaine de chercheurs et dirigĂ© par le professeur Fabien Durif, lâOCR produit rĂ©guliĂšrement des Ă©tudes sur la consommation responsable au QuĂ©bec et Ă lâinternational. eValorix diffuse dĂ©sormais les rapports, guides, baromĂštres et autres outils issus des activitĂ©s de l’OCR (voir la liste complĂšte des outils de l’OCR).
Guides en Ă©ducation, trousses de renseignement sur l’extrĂ©misme et autres outils
Parmi les premiers outils de l’UQAM sur eValorix, vous pouvez retrouver les guides en Ă©ducation de l’Ă©quipe de Catherine Turcotte, l’un portant sur des activitĂ©s dirigĂ©es de danse permettant de stimuler le vocabulaire des Ă©lĂšves, l’autre sur des stratĂ©gies de comprĂ©hension de lecture (plus d’info sur ces outils). DĂ©couvrez Ă©galement la trousse de renseignement sur l’extrĂ©misme violent de l’Ă©quipe de Jocelyn BĂ©langer visant à mieux outiller la communautĂ© dans sa comprĂ©hension de ce phĂ©nomĂšne (voir la trousse).
D’autres outils de l’UQAM s’ajouteront Ă©galement Ă cette liste ces prochains mois.
Louise Demers et la gérontechnologie
Louise Demers est professeure titulaire Ă lâĂcole de rĂ©adaptation de lâUniversitĂ© de MontrĂ©al. Elle est Ă©galement directrice de lâĂcole de rĂ©adaptation de la FacultĂ© de mĂ©decine de lâUniversitĂ© de MontrĂ©al, Vice-doyenne associĂ©e aux sciences de la santĂ© et chercheure au Centre de recherche de lâInstitut universitaire de gĂ©riatrie de MontrĂ©al.
Expertises : Gérontologie, proches aidants, mesure et évaluation, participation sociale des personnes ùgées vivant dans la communauté
La mission dâeValorix est de diffuser les outils numĂ©riques issus de la recherche publique. Cette entrevue fait partie de la sĂ©rie dâentrevues avec les femmes et les hommes derriĂšre cette recherche. Les articles tirĂ©s de nos conversations informelles paraĂźtront sous cette rubrique toutes les deux semaines. Inscrivez-vous Ă lâinfolettre afin de rester au courant!
eValorix : à quel besoin souhaitez-vous répondre avec votre recherche?
Louise Demers : « Je cherche Ă optimiser les services aux personnes ĂągĂ©es qui restent Ă domicile Ă travers la technologie. Un Ă©lĂ©ment important pour moi, câest de considĂ©rer les besoins des proches aidants dans la recherche de solutions. En fait, je suis particuliĂšrement intĂ©ressĂ©e par tout ce qui concerne lâutilisation et le dĂ©veloppement des aides techniques utilisĂ©es ou destinĂ©es aux personnes ĂągĂ©es. On rĂ©fĂšre ici Ă la gĂ©rontechnologie, qui est un domaine assez large, allant des aides techniques simples comme les barres dâappui Ă des appareils plus complexes comme des fauteuils roulants motorisĂ©s. Je mâintĂ©resse Ă de nouvelles technologies comme les piluliers Ă©lectroniques et les fauteuils roulants motorisĂ©s intelligents. Je travaille Ă Ă©valuer les impacts des technologies existantes et au dĂ©veloppement de nouvelles technologies  pour les personnes ĂągĂ©es qui ont des dĂ©ficiences, principalement dâordre physique. Dans quelle mesure ces technologies ont-elles un impact rĂ©el pour rĂ©duire le fardeau dâaide des proches-aidants? De fait, chercher Ă augmenter lâautonomie dâune personne ĂągĂ©e sous-tend quâon diminue lâaide requise de la part dâautres personnes. Depuis un certain temps, je cible mes recherches sur lâĂ©valuation des impacts de la technologie pour ceux qui donnent de lâaide humaine, en espĂ©rant que lâaide technique puisse remplacer lâaide humaine finalement. »
eValorix : Quels sont les défis dans votre champ de recherche?
Louise Demers : « Dâun point de vue clinique, passer du dĂ©veloppement technologique Ă une appropriation et Ă une utilisation sur le terrain, câest Ă©norme! Il faut rĂ©ussir Ă mesurer des effets qui soient rĂ©els et concrets. Il y a tout le financement de la dispensation des aides techniques Ă considĂ©rer. Il y a aussi les changements de pratique des cliniciens. Bref, il y a beaucoup de dĂ©fis.
Pour la recherche, câest un dĂ©fi dâĂ©tudier les populations ĂągĂ©es fragiles et leurs proches aidants. Il nâest pas facile de recruter des participants, notamment parce que les proches aidants vivent une surcharge. Il y a beaucoup dâattrition dans ce type dâĂ©tude, dâautant plus que les conditions de santĂ© des personnes les plus ĂągĂ©es tendent Ă se dĂ©tĂ©riorerâŠ. Les Ă©tudes longitudinales sont problĂ©matiques.
eValorix : Comment vous ĂȘtes-vous intĂ©ressĂ©e Ă ce sujet?
Louise Demers : « Alors que jâĂ©tais ergothĂ©rapeute clinicienne, je  me posais des questions sur les impacts de ce que lâon fait en rĂ©adaptation. Dans quelle mesure est-ce que, au congĂ© des centres de rĂ©adaptation, les aides techniques attribuĂ©es sont utiles aux personnes qui les reçoivent? Mon intĂ©rĂȘt pour la recherche est vraiment parti de cette question. Je me suis engagĂ©e dans des Ă©tudes de doctorat et mes recherche se sont orientĂ©es dans ce secteur. »
eValorix : Que diriez-vous Ă quelquâun qui dĂ©bute dans votre domaine?
Louise Demers : « Je crois que câest vraiment important dâĂȘtre centrĂ©e sur le pourquoi de nos recherches. Il faut sâattacher Ă des problĂ©matiques dont les solutions peuvent rĂ©pondre Ă des besoins de la sociĂ©tĂ©. Dans le contexte prĂ©sent, il faut vraiment savoir pourquoi on fait ce travail. Il faut ĂȘtre proche des utilisateurs de la recherche. Il ne faut pas se disperser non plus. Je suggĂšre aux jeunes chercheurs de se tailler une niche dans un secteur qui leur appartient et se lâapproprier, et ne pas nĂ©cessairement embarquer dans tous les projets disponibles. MĂȘme en travaillant en Ă©quipe, un chercheur doit ĂȘtre identifiĂ© Ă une thĂ©matique. Un jeune chercheur qui accepte dâaller dans trop de diffĂ©rents projets risque de se sentir dĂ©bordĂ©. Il faut se doter dâun plan, avoir une programmation et une stratĂ©gie pour ne pas se laisser submerger. Il faut Ă©galement aimer ce que lâon fait, parce quâil y a beaucoup de frustration Ă la vie de chercheur, notamment avec le financement qui est difficile. Il faut apprendre Ă se valoriser au-delĂ de la reconnaissance associĂ©e Ă lâobtention de subvention. »
Texte par Kassandra Martel
Propos recueillis par FĂ©lix Vaillancourt
eValorix au service des institutions européennes de recherche et de transfert de technologie
Le CongrÚs C.U.R.I.E., regroupement annuel des experts français du transfert de technologie
Les 6, 7 et 8 juin derniers, Laurence de Villers et Nicolas Pinget ont participĂ© au CongrĂšs C.U.R.I.E Ă Deauville en Normandie (France). OrganisĂ© par le RĂ©seau C.U.R.I.E, ce congrĂšs est le rendez-vous annuel incontournable des acteurs de lâEurope francophone de la recherche publique, de la valorisation, du transfert de technologie et de lâinnovation. Cette annĂ©e, ce sont plus de 500 participants qui Ă©taient prĂ©sents.
Au programme : ateliers sur le transfert de technologie et la valorisation universitaire
Au cours du congrĂšs, les 500 participants ont pu en apprendre davantage sur diffĂ©rentes thĂ©matiques reliĂ©es Ă lâinnovation Ă travers des ateliers et des plĂ©niĂšres. 3 ateliers ont principalement retenu lâattention de lâĂ©quipe dâeValorix :
- le crowdfunding comme alternative intĂ©ressante aux fonds dâamorçage et aux anges financiers pour le financement des startups issues de la recherche
- la valorisation des Sciences humaines et sociales (SHS) et lâimportance de formaliser davantage les innovations issues de ce domaine notamment via un objet numĂ©rique (logiciels, plateformes, jeux documentaires, etc.) avant de pouvoir les transfĂ©rer au marchĂ©
- la commercialisation des technologies Ă lâinternational et la nĂ©cessitĂ© de sâappuyer sur des rĂ©seaux commerciaux existants auxquels on peut rajouter les diffĂ©rents acteurs de la valorisation des diffĂ©rents pays (France, Belgique, Canada, etc.)
Une pertinence toujours présente en matiÚre de diffusion des outils numériques
Le congrĂšs a Ă©tĂ© lâoccasion de valider une nouvelle fois la pertinence dâeValorix pour les institutions en France et en Europe. En effet, plusieurs reprĂ©sentants des SociĂ©tĂ©s dâAccĂ©lĂ©ration de Transfert de Technologies (DĂ©couvrir les SATT) ont exprimĂ© les problĂ©matiques auxquelles ils font face en matiĂšre de commercialisation de logiciels ou de petits outils (rapports) pour lesquels les dĂ©bouchĂ©s commerciaux ne sont pas clairement identifiĂ©s ou pour lesquels le marchĂ© est trop petit. De leur cĂŽtĂ©, plusieurs responsables de la valorisation au sein des universitĂ©s et institutions de recherche ont soulevĂ© lâimportance de faire connaĂźtre certains projets qui nâont peut-ĂȘtre pas de valeur commerciale, mais qui pourraient avoir un impact sur la sociĂ©tĂ©.
LâĂ©quipe dâeValorix compte bien concrĂ©tiser ces Ă©changes et annoncer au cours des prochains mois de nouveaux partenariats.
Laurent Lapierre et la méthode des cas en gestion
Laurent Lapierre, Ph.D. (McGill), C.M., est professeur honoraire Ă HEC MontrĂ©al. Il a Ă©galement Ă©tĂ© directeur gĂ©nĂ©ral de la SociĂ©tĂ© artistique de lâUniversitĂ© Laval (1968-1970), le premier directeur administratif du ThĂ©Ăątre du Trident (1970-1973), le fondateur du Centre de Cas HEC MontrĂ©al et le premier titulaire de la Chaire de leadership Pierre-PĂ©ladeau (2001-2013). MBA HEC (1975), il est membre de lâOrdre du Canada depuis 2007.
à quel besoin souhaitez-vous répondre avec votre recherche?
Laurent Lapierre : Jâai graduellement compris quâenseigner la gestion de façon thĂ©orique par des cours qui prĂ©sentent des connaissances ou des modĂšles normatifs de type ââvoici comment on devrait faireââ, ne prĂ©parent pas vraiment Ă la pratique de la gestion. Câest intĂ©ressant et peut-ĂȘtre rassurant pour les Ă©tudiants, mais dans la vraie vie, la gestion ne se passe jamais comme la thĂ©orie nous lâa appris. La rĂ©alitĂ© nâest pas une thĂ©orie. La carte nâest pas le territoire. Une carte est utile, voire nĂ©cessaire, mais ce nâest jamais le voyage.
Avant de faire mon doctorat, jâai Ă©tĂ© le premier directeur du ThĂ©Ăątre du Trident Ă QuĂ©bec. Je lisais alors des livres sur « les principes du management », sur comment planifier, organiser, diriger, contrĂŽler⊠CâĂ©tait frustrant parce que je savais bien que la gestion au jour-le-jour, câĂ©tait plus organique, voire chaotique, et que pour la majoritĂ© du temps, lĂ oĂč câĂ©tait le plus important ou le plus dĂ©terminant, ça ne se passait pas de façon linĂ©aire.
Ă HEC MontrĂ©al, jâai dĂ©couvert la mĂ©thode des cas qui a longtemps Ă©tĂ© lâapanage de lâUniversitĂ© Harvard. PlutĂŽt que dâenseigner thĂ©oriquement comment on devrait faire, on utilise des histoires de cas. On laisse les Ă©tudiants apprendre par eux-mĂȘmes. IdĂ©alement on Ă©crit soi-mĂȘme les cas dont on a besoin Ă partir dâentrevues que nous faisons avec de vrais dirigeants. Quand on va en classe, tout le monde a lu cette « histoire », et on vient en classe pour discuter, pour apprendre, pas pour prendre des notes.
Cette pĂ©dagogie de type Story Telling fait confiance Ă lâintelligence des Ă©tudiants, Ă leur dĂ©sir dâapprendre et de dĂ©couvrir ce qui peut vraiment leur convenir. Lâessence de la gestion, câest le jugement; et le but de la formation, câest justement dâaffiner leur jugement.
Pour moi, la mĂ©thode des cas, câest ça! Tu tâimpliques dans un cours de management, mais il nây a pas de thĂ©ories en gestion ou en leadership qui tiennent la route. Si tu Ă©tudies les grands dirigeants, tu vas finir par comprendre ce qui a Ă©tĂ© valable pour eux Ă leur Ă©poque et dans une situation prĂ©cise, et par te faire une idĂ©e de ce qui pourrait ĂȘtre valable pour toi dans une autre situation donnĂ©e.
Avant dâarriver dans nos cours, les Ă©tudiants ont dĂ©jĂ une bonne idĂ©e de ce quâest la gestion et le leadership. Ils ont dĂ©jĂ beaucoup appris de la vie. Ils savent diffĂ©rencier un leader dâune autre personne qui ne le serait pas par exemple. Les Ă©tudiants lisent donc une histoire de cas et ils arrivent prĂȘts pour en discuter en classe. On ne vient pas en classe si on nâa pas lu le cas. Câest dâailleurs Ă©crit au plan de cours.
Souvent, la discussion commence mĂȘme avant lâheure du cours. Ils en discutent entre eux au cafĂ©, par courriels ou dans un forum; ils voient trĂšs souvent quâun autre Ă©tudiant nâa pas compris de la mĂȘme maniĂšre quâeux ou ils dĂ©couvrent des richesses ou des aspects quâils nâavaient pas vus dans cette histoire lĂ . La pĂ©riode du cours nâest que la continuation de cet apprentissage. Câest donc un apprentissage qui se fait principalement par lâĂ©tudiant lui-mĂȘme. Ces sĂ©ances de formation doivent ĂȘtre passionnantes pour les Ă©tudiants.
La plus grande partie du travail du professeur se fait bien avant le cours. Il doit dâabord bĂątir un vĂ©ritable catalogue dâhistoires de cas. Pour Ă©crire un cas de 50 pages, ça prend plus de 200 heures. On compte donc 200 heures de prĂ©paration pour chaque 75 minutes passĂ©es en classe. Mais les Ă©tudiants le reconnaissent; ils disent : ââenfin, on parle des vraies affairesââ. Une grande partie de la richesse du cours vient de la richesse de ce matĂ©riel didactique. LâhabiletĂ© pĂ©dagogique du professeur sert Ă accoucher ââlâintelligence de gestionââ de chacun. Il doit rester disponible au happening dâapprentissage qui se passe hic et nunc.
Pendant un cours qui sâĂ©chelonne sur un trimestre (28 sessions dâune heure et quart, on peut discuter de 28 histoires de cas diffĂ©rentes. Ă la fin, les Ă©tudiants ont enrichi leur comprĂ©hension de ce quâest la gestion et se dĂ©couvrent comme gestionnaires en ayant Ă©tudiĂ© dâautres histoires de cas et en ayant rĂ©flĂ©chi sur eux-mĂȘmes.
Jây reviens, la gestion, câest quelque chose dâorganique, de vivant et de chaotique qui Ă©volue tout le temps. Pour moi, la mĂ©thode des cas, enrichit lâintelligence et le jugement de lâĂ©tudiant. Câest une formation Ă la pratique qui ne peut pas se faire autrement que par la pratique; celle des autres dâabord et la sienne propre ensuite. La thĂ©orie (sous forme de textes dâaccompagnement) est enseignĂ©e pour mettre lâĂ©tudiant en contexte, mais elle est subordonnĂ©e parce quâelle demeure une rĂ©duction ou un modĂšle de la rĂ©alitĂ©.
Quels sont les défis dans votre champ de recherche?
Laurent Lapierre : Le principal dĂ©fi pour enseigner par la mĂ©thode des cas, câest dâarrĂȘter dâĂȘtre un professeur qui enseigne. Tu dois venir en classe en te disant ââ enseigne le moins possibleââ. Si tu te mets Ă enseigner, les Ă©tudiants ne vont pas travailler sur le cas, ils ne se rendront pas responsable de leur apprentissage. Ils vont attendre que tu le fasses Ă leur place.
Pour moi, il faut donc accepter de perdre ââle beau rĂŽle du professeurââ pour devenir quelquâun qui fera accoucher les Ă©tudiants de leur intelligence, de ce quâils sont vraiment, leur faire dĂ©couvrir ce quâest la gestion pour eux et les faire rĂ©flĂ©chir sur eux-mĂȘmes comme gestionnaires (voir lâentrevue Ă ce sujet). Jâai la chance que mes cours portent sur le lien entre personnalitĂ© et direction.
Il y a diffĂ©rentes façons de gĂ©rer et il y a des cas de mauvaise gestion. Câest important que les Ă©tudiants voient ça et comprennent ce quâils trouvent de mal appropriĂ© lĂ -dedans. Ensuite, ça leur permet de dĂ©cider ce qui sera valable pour eux. Pour enseigner la mĂ©thode des cas, il faut que tu arrĂȘtes de penser que câest toi qui vas enseigner en arrivant avec ta prĂ©sentation PowerPoint en leur disant ce quâils ont Ă apprendre.
Par exemple, enseigner la mĂ©decine de maniĂšre seulement thĂ©orique, ça ne prĂ©parerait pas les mĂ©decins Ă la pratique. Si tu veux de bons mĂ©decins, tu dois tâassurer quâils aient les connaissances et les techniques nĂ©cessaires, mais tu dois leur prĂ©senter de vrais problĂšmes de mĂ©decin avec de vrais patients et les prĂ©parer rĂ©soudre ces problĂšmes dans la vraie vie. Tu ne travailles pas avec une thĂ©orie quand tu travailles avec un patient, tu travailles avec une personne. Alors, les enseignants leur prĂ©sentent des problĂšmes de personne et lĂ , la thĂ©orie devient intĂ©ressante : tu peux tâen servir, mais câest la personne qui compte.
Câest la mĂȘme chose pour la gestion. Quâa fait tel gestionnaire pour telle entreprise, petite ou grande? Il a pris telles dĂ©cisions et il a posĂ© tels gestes. Quâen pensez-vous? Et lĂ tu apprends en te disant ââOK, je crois avoir compris pourquoi ça a marchĂ© ou pourquoi ça nâa pas marchĂ©ââ. Et ce nâest jamais final. La pratique de la gestion nâest pas une science. Et le doute existe toujours.
Tout nâest pas que beau dans une entreprise. La rĂ©alitĂ© est  changeante, souvent inquiĂ©tante⊠Il faut apprendre Ă composer avec cette rĂ©alitĂ©, et on espĂšre que les dirigeants sont Ă lâaise, voire quâils aiment Ćuvrer dans ces contextes. On enseigne trĂšs souvent en gestion que ça devrait ĂȘtre planifiĂ© et organisĂ©. Câest souvent impossible.
Sans oublier que tu ne gĂšres pas quâavec des qualitĂ©s personnelles. Je pense quâon gĂšre autant avec ses dĂ©fauts personnels quâavec ses qualitĂ©s. Personne nâose parler des dĂ©fauts. Si tu as des dĂ©fauts personnels, tu ne les perds pas en devenant gestionnaire. Tu peux ĂȘtre autoritaire ou impatient, par exemple, mais il faut que tu apprennes Ă composer avec ces dĂ©fauts, et surtout Ă tâen prĂ©munir.
Comment vous ĂȘtes-vous intĂ©ressĂ© Ă ce sujet?
Laurent Lapierre : Jâai commencĂ© ma carriĂšre de gestionnaire comme directeur gĂ©nĂ©ral de la sociĂ©tĂ© artistique Ă lâUniversitĂ© Laval. Je connaissais pas par expĂ©rience ce quâĂ©tait cette responsabilitĂ©. Ce sont dâautres personnes qui ont jugĂ© que je pourrais faire ce travail. De cette expĂ©rience, je suis restĂ© persuadĂ© que le casting est fondamental et que, trĂšs souvent, il ne peut pas ĂȘtre fait par la personne elle-mĂȘme.
Je suis arrivĂ© dans ce poste et jâai Ă©tĂ© obligĂ© dâinventer. Plus tard, jâai Ă©tĂ© le premier directeur au ThĂ©Ăątre du Trident. Dâautres personnes me voyaient dans ce travail que je ne connaissais aucunement. Jâavais bien Ă©tudiĂ© au Conservatoire dâart dramatique, mais je nâavais jamais fait de gestion de thĂ©Ăątre. Jâai Ă©tĂ© obligĂ© dâinventer ma mĂ©thode. Je suis venu rencontrer trois directeurs de thĂ©Ăątre que je connaissais. Je leur ai demandĂ© de me consacrer une journĂ©e chacun et je les ai Ă©coutĂ©s. Un peu comme si je prenais leur cas pour savoir comment je devais faire. Je leur ai dit : ââracontez-moiââ. Ce fut mon cours gestion ça.
Je nâai pas eu dâautres cours de gestion Ă ce moment-lĂ . Tu nâas pas le choix dâĂȘtre ton propre mentor, parce quâil nây en a pas dâautres. Tu es seul Ă faire la job, mais tu ne lâas jamais faite et tu nâas pas Ă©tudiĂ© ce domaine. Tu nâes donc pas contaminĂ© par les Ă©tudes ni par les thĂ©ories des autres. Tu peux Ă©couter, lire, Ă©tudier, mais tu es donc obligĂ© de trouver ta propre façon pour gĂ©rer. Câest ça que jâai dĂ©couvert plus tard avec la mĂ©thode des cas aux HEC. Tu acquiers le goĂ»t dâĂ©couter les autres, autant ceux qui dirigent que ceux qui sont dirigĂ©s.
Que diriez-vous Ă quelquâun qui dĂ©bute dans votre domaine?
Laurent Lapierre : Pour arriver Ă vouloir faire de la formation en utilisant la mĂ©thode des cas, je pense quâil faut Ă©prouver une insatisfaction Ă enseigner la gestion de façon traditionnelle. Ton insatisfaction devient ton vĂ©ritable moteur. Quâest-ce qui fait que tu trouves que tes Ă©tudiants ne sont pas intĂ©ressĂ©s ou que ça ne donne pas les rĂ©sultats que tu veux ? Câest Ă partir de cette insatisfaction que tu vas vouloir te construire une autre mĂ©thode.
Bien sĂ»r, je suis allĂ© Ă lâĂ©cole et je mâĂ©tais ennuyĂ© jeune. Jâai fait de lâenseignement plus tard et je me suis dit : ââil faut que mes Ă©lĂšves aiment ça venir Ă lâĂ©cole, il faut quâils aiment et quâils veillent apprendre ââ. Jâai donc inventĂ© une mĂ©thode, inspirĂ©e de CĂ©lestin Freinet, un grand pĂ©dagogue français, parce que je voulais que les Ă©lĂšves sortent Ă 16 h et se disent quâils avaient passĂ© une bonne journĂ©e et quâils avaient appris de façon intĂ©ressante.
Si un jeune professeur nâĂ©prouve aucun malaise Ă enseigner de façon magistrale ou traditionnelle, sâil pense que câest ça la bonne façon, je lui dirais de continuer Ă faire ce quâil fait. Jâai tellement vu dâutilisation de la mĂ©thode des cas qui nâĂ©tait que de lâenseignement magistral dĂ©guisĂ© ! Câest pis que la vĂ©ritable mĂ©thode des cas.
Sâil a un malaise cependant, je lui dirais de travailler sur ce malaise pour trouver une façon qui soit plus intĂ©ressante pour lui et ses Ă©tudiants, et qui leur permettrait dâapprendre mieux, plus vite ou de façon plus solide. BĂątis lĂ -dessus. Essaie de te trouver.
On nâest jamais aussi intĂ©ressant quâon voudrait ĂȘtre, mĂȘme avec la mĂ©thode des cas. Il y a des fois que ça marche de façon extraordinaire, alors quâĂ dâautres moments ça ne marche pas, ça ne lĂšve pas. Ăa nâarrive pas par magie. La mĂ©thode des cas est elle-mĂȘme un apprentissage trĂšs long. Il dâabord dĂ©sapprendre parce que le systĂšme scolaire est basĂ© sur lâenseignement. Il faut apprendre Ă travailler sur les difficultĂ©s de ce mĂ©tier-lĂ et Ă aimer ces difficultĂ©s qui deviennent des dĂ©fis.
Je crois que câest Freud qui a dit quâil y avait trois mĂ©tiers impossibles : gouverner, psychanalyser et enseigner. Enseigner est un de ces mĂ©tiers impossibles. Si tu ne fais que transmettre des connaissances, ça va. Tu fais passer un examen Ă la fin, et tu mesures si ces connaissances sont sues. Est-ce que les Ă©tudiants ont retenu les connaissances que tu leur as transmises en classe? Et ça se mesure !
Ce quâon enseigne en gestion, câest une pratique. Avoir des connaissances ne suffit pas. Quand jâai Ă©tudiĂ© au Conservatoire dâart dramatique, on ne nous disait pas ââvoici ce quâa Ă©crit tel grand acteur ou thĂ©oricien du thĂ©Ăątre. Va apprendre çaââ. Non, on nous disait ââon sâen fout des thĂ©ories, monte sur scĂšne et joue, soit vrai”. En gestion, câest pareil. Tu as beau avoir lu toutes les thĂ©ories, si tu ne sais pas ce que câest de travailler avec des gens pour obtenir des rĂ©sultats, tu nây arriveras pas.
P.S. Jâai Ă©tĂ© chanceux dâĂ©tudier au Conservatoire dâart dramatique, en pĂ©dagogie, dâavoir Ă©tĂ© enseignant au primaire et dâavoir Ă©tĂ© jetĂ© dans la fosse aux lions de la gestion.
Laurent Lapierre chez eValorix
Texte par Kassandra Martel
Propos recueillis par FĂ©lix Vaillancourt
Catherine Turcotte et la compréhension en lecture
Catherine Turcotte est professeure au dĂ©partement dâĂ©ducation et formation spĂ©cialisĂ©es de lâUniversitĂ© de QuĂ©bec Ă MontrĂ©al (UQAM). Elle est Ă©galement membre de lâĂ©quipe de recherche ADEL : apprenants en difficultĂ© et littĂ©ratie.
Expertises
Enseignement et apprentissage de la lecture, DifficultĂ©s dâapprentissage de la lecture, OrthopĂ©dagogie, ComprĂ©hension Ă©crite.
à quel besoin souhaitez-vous répondre avec votre recherche?
Catherine Turcotte : Le grand thĂšme serait la comprĂ©hension en lecture. Tous mes travaux se rattachent de prĂšs ou de loin Ă ce sujet, puisque la comprĂ©hension en lecture câest multidimensionnel.
Ce qui mâintĂ©resse ce sont les Ă©lĂšves quâon dit Ă risque dâĂ©prouver des difficultĂ©s et ceux qui Ă©prouvent dĂ©jĂ des difficultĂ©s, ce qui peut reprĂ©senter plusieurs types dâĂ©lĂšves. Par exemple, tous les Ă©lĂšves des milieux dĂ©favorisĂ©s ne sont pas Ă risque dâĂ©chouer, mais certains prĂ©sentent des facteurs de risques reconnus. Si la langue maternelle parlĂ©e Ă la maison nâest pas la mĂȘme quâĂ lâĂ©cole, câest un autre facteur de risque. Dâautres Ă©lĂšves ont par exemple une dĂ©ficience intellectuelle lĂ©gĂšre. Certains autres enfants ont des difficultĂ©s particuliĂšres Ă traiter la lecture et lâĂ©criture. Jâai une grande sensibilitĂ© auprĂšs des Ă©lĂšves qui ont plus de difficultĂ©s que la moyenne.
Quels sont les défis dans votre champ de recherche?
Catherine Turcotte : Les dĂ©fis dans mon champ de recherche se rattachent  beaucoup Ă lâĂ©valuation en comprĂ©hension de lâĂ©crit. LâĂ©valuation ça existe : on Ă©value souvent les Ă©lĂšves. Mais il nâexiste pas encore des Ă©valuations adĂ©quates pour comprendre ce que les enfants sont capables de faire au lieu de juste leur donner un rĂ©sultat global. Câest assez complexe quand on veut comprendre leurs difficultĂ©s et comprendre oĂč il faut aller les chercher pour quâils surpassent leurs difficultĂ©s.
Souvent, on a une trĂšs bonne idĂ©e des limites des enfants, mais on nâa pas une bonne connaissance de ce quâils arrivent Ă faire et de ce quâils ont comme potentiel.
On ne sait donc pas comment les aider. On a de super belles Ă©valuations standardisĂ©es qui nous disent quâun Ă©lĂšve montre des performances « deux ans plus jeune » que tous les autres Ă©lĂšves de sa classe, par exemple. Mais quâest-ce quâon fait maintenant avec ça? Ăa ne nous indique pas comment intervenir pour quâil arrive Ă rattraper les autres Ă©lĂšves. Ăa nous donne un score par rapport Ă une norme. Je veux contribuer Ă outiller les enseignants.
Par exemple, avec mes travaux sur le vocabulaire dans le cadre de lâĂ©quipe ADEL (Apprenants en difficultĂ© et littĂ©ratie), on a essayĂ© dâĂ©valuer le vocabulaire des enfants avec dâautres instruments. Pas juste avec des listes ou des questions comme « pointe-moi câest quoi, dans les quatre images suivantes, un ballon ». Dans nos sĂ©ances, on essayait de faire parler les Ă©lĂšves, en les notant autrement, en fonction des mots quâils expriment et des liens entre ces mots.
Dans un autre guide pĂ©dagogique quâon va soumettre bientĂŽt Ă eValorix, on parlera des activitĂ©s quâon peut faire en classe, mais aussi de nouvelles Ă©preuves quâon peut utiliser pour dĂ©terminer plus spĂ©cifiquement quels sont les problĂšmes de comprĂ©hension en lecture des Ă©lĂšves. Souvent, on dit dâun Ă©lĂšve « quâil ne comprend pas » ses textes. Mais quoi exactement, quel type de questions ne comprend-tâ il pas? On est plus dans cette prĂ©cision-lĂ .
Comment vous ĂȘtes-vous intĂ©ressĂ© Ă ce sujet?
Catherine Turcotte : Jâai fait une formation initiale en enseignement au primaire. Je mâĂ©tais destinĂ©e Ă devenir une enseignante au primaire, mais dĂšs que je suis sortie de lâuniversitĂ©, je me suis rendu compte que ce qui me prĂ©occupait le plus dans une classe, câĂ©tait les Ă©lĂšves qui ne lisaient pas bien. Jâai donc fait une maĂźtrise. Ă lâĂ©poque, il y avait une professeure Ă lâUniversitĂ© Laval qui Ă©tait spĂ©cialisĂ©e dans le domaine. Elle Ă©tait reconnue partout. Câest donc avec elle que jâai fait ma maĂźtrise. Ă partir de lĂ , peut-ĂȘtre naĂŻvement, je pensais que ça rĂ©pondrait Ă mes questions. Ăa Ă©tĂ© le contraire, ça en a gĂ©nĂ©rĂ© beaucoup plus! Alors, je suis allĂ©e faire une thĂšse de doctorat pour rĂ©aliser un moment donnĂ© que je nâaurais jamais toutes les rĂ©ponses. Il fallait juste que jâessaie de rĂ©pondre Ă quelques questions et que si je rĂ©ussissais Ă contribuer un petit peu Ă ce champ-lĂ , je serais contente.
Que diriez-vous Ă quelquâun qui dĂ©bute dans votre domaine?
Catherine Turcotte : Il va toujours y avoir beaucoup de travail. Il nâarrivera jamais au bout. Ce qui est intĂ©ressant, câest quâen ce moment on est capable de trouver certaines rĂ©ponses. Ce nâest pas vrai quâon est toujours dans le nĂ©ant. Tous les travaux quâon fait nous apportent des rĂ©ponses et nous apportent aussi soit de nouvelles questions, soit de nouvelles occasions de rĂ©flĂ©chir Ă une autre problĂ©matique. Jusquâici, mes travaux mâavaient amenĂ©e Ă travailler dans des classes ordinaires et en orthopĂ©dagogie, mais un jour, une collĂšgue mâa dit « tout ce que tu fais, jâaimerais bien le tenter avec des Ă©lĂšves qui ont une dĂ©ficience intellectuelle, qui sont dans une classe spĂ©ciale ». Câest comme un nouveau champ de problĂšmes et de possibilitĂ©s qui sâouvre. Ensemble, nous avons travaillĂ© lĂ -dessus. Jâai Ă©tĂ© confrontĂ©e Ă ce type dâĂ©lĂšves qui ont des caractĂ©ristiques particuliĂšres sur le plan de la mĂ©moire et de lâattention, que je rencontrais moins avec des Ă©lĂšves, disons, typiques. Câest encore un autre niveau dâajustement. Ce que je dirais aux personnes qui commence Ă sâintĂ©resser Ă ce champ-lĂ , câest que câest un champ dâintĂ©rĂȘt qui touche aussi toute sorte dâĂ©lĂšves. Câest pour cela que ce nâest jamais fini non plus. La lecture et lâĂ©criture câest prĂ©sent partout.
Tout le monde doit avoir un bon niveau de lecture. Câest donc un champ qui est transversal, câest transdisciplinaire.
Catherine Turcotte chez eValorix
Texte par Kassandra Martel.
Propos recueillis par FĂ©lix Vaillancourt
Marc-Antonin Hennebert, les relations de travail et le syndicalisme
Marc-Antonin Hennebert est professeur agrĂ©gĂ© au DĂ©partement de gestion des ressources humaines Ă HEC MontrĂ©al. Il est Ă©galement membre du Centre de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail (CRIMT)Â
Expertises
Relations de travail, syndicalisme, négociation collective, firmes multinationales et responsabilité sociale.
à quel besoin souhaitez-vous répondre avec votre recherche?
Marc-Antonin Hennebert : Mon domaine de recherche est celui des relations de travail et du syndicalisme. Ă HEC, il fait partie de la sphĂšre plus large de la gestion des ressources humaines (GRH). Ă ce titre, deux projets de recherche concernant le monde syndical mâont plus particuliĂšrement occupĂ© au cours des derniĂšres annĂ©es.
Le premier, de nature plus internationale, concerne la montĂ©e en nombre et en puissance des entreprises multinationales et lâimplication de ce phĂ©nomĂšne sur la rĂ©gulation du travail. La question au cĆur de ce projet est de savoir comment les travailleurs et leurs reprĂ©sentants peuvent sâassurer du respect des droits sociaux fondamentaux des employĂ©s au sein des multinationales, mais aussi au sein de leurs rĂ©seaux de sous-traitants et de leurs chaĂźnes de valeur? Ă cet Ă©gard, certaines organisations syndicales ont innovĂ© au cours des derniĂšres annĂ©es en dĂ©veloppant de nouvelles pratiques de concertation intersyndicale au plan international et en construisant des coalitions et des alliances plus ou moins formelles selon les cas. Ces alliances regroupent gĂ©nĂ©ralement des syndicats qui reprĂ©sentent les travailleurs dâune mĂȘme multinationale dans ses diffĂ©rents Ă©tablissements Ă travers le monde et cherche dâordinaire Ă ouvrir un dialogue avec la direction de ces entreprises pour assurer un meilleur respect des droits des travailleurs notamment dans les pays oĂč les structures institutionnelles en matiĂšre de travail sont dĂ©ficientes. Ce thĂšme de recherche se veut trĂšs proche de celui de la responsabilitĂ© sociale des entreprises, mais vu sous lâangle syndical.
Dans un contexte de transformations des milieux de travail, mon deuxiĂšme projet de recherche sâintĂ©resse Ă la rĂ©alitĂ© des reprĂ©sentants syndicaux au sein des entreprises et Ă la problĂ©matique du renouvellement du leadership de ces reprĂ©sentants. En effet, la complexification observĂ©e du travail de ces reprĂ©sentants, et notamment des prĂ©sidents de syndicats locaux auquel ce projet sâintĂ©resse de maniĂšre particuliĂšre, les placent aujourdâhui devant de nombreux dĂ©fis et soulĂšve des questions quant aux meilleures pratiques en matiĂšre de reprĂ©sentation syndicale. Ce projet de recherche vise un objectif fondamental, soit celui dâidentifier, selon notamment certains contextes sectoriels dĂ©terminĂ©s, comment les reprĂ©sentants syndicaux composent avec de tels dĂ©fis  et comment certains parviennent Ă devenir des acteurs stratĂ©giques Ă la fois au sein de leur syndicat et de leur entreprise.
Quels sont les principaux défis dans votre champ de recherche?
Marc-Antonin Hennebert : Les organisations syndicales avec lesquelles je travaille depuis plusieurs annĂ©es sont confrontĂ©es Ă de multiples dĂ©fis provenant Ă la fois de leur environnement externe et interne. Dans le premier cas, je pense notamment Ă la mondialisation, aux recompositions sectorielles (les emplois se dĂ©veloppent aujourdâhui surtout dans des secteurs moins syndiquĂ©s), aux besoins nouveaux des employeurs (rĂ©ductions de coĂ»ts, flexibilitĂ© dans lâorganisation et les conditions de travail), etc. Concernant lâenvironnement interne, les membres des syndicats ont Ă©galement des besoins nouveaux notamment en matiĂšre de conciliation travail-famille et leurs intĂ©rĂȘts sont plus diversifiĂ©s quâauparavant. Les organisations syndicales, comme les entreprises, sont donc aujourdâhui condamnĂ©es Ă revoir leurs pratiques pour sâajuster Ă leur nouvel environnement.
En outre, dans un contexte oĂč les ressources humaines se positionnent de plus en plus comme une source dâavantage compĂ©titif, les relations de travail peuvent venir jouer un rĂŽle plus important dans la dĂ©finition de la compĂ©titivitĂ© des entreprises. Cela place les acteurs syndicaux dans une position oĂč ils peuvent potentiellement jouer un rĂŽle de partenaire stratĂ©gique au sein de leur organisation. Dans ce contexte, je me pose certaines questions de portĂ©e gĂ©nĂ©rale : Quelle est lâĂ©tat actuel des relations de travail dans nos entreprises au QuĂ©bec? Quelles sont les dĂ©fis inhĂ©rents Ă une saine gestion des relations de travail? Quelles sont les meilleures pratiques relativement Ă lâimplication des syndicats au sein des processus de changement des entreprises ?
Au fil de nos recherches, nous avons toujours eu un accueil trĂšs positif des entreprises et des organisations syndicales impliquĂ©es dans nos projets. Nous cherchons aussi Ă avoir des conclusions pratiques qui peuvent offrir autant dâoutils rĂ©flexifs Ă nos partenaires de recherche et les guider dans leurs pratiques.
Comment vous ĂȘtes-vous intĂ©ressĂ© Ă ce sujet?
Marc-Antonin Hennebert : Alors que jâĂ©tais Ă©tudiant en gestion, je me suis rendu compte quâon Ă©tudiait beaucoup les organisations du point de vue de ses dirigeants et de ses principales sphĂšres de pouvoir. Toutefois lâentreprise est un lieu pluriel oĂč sâentremĂȘlent intĂ©rĂȘts et groupes divers. Ăvidemment, il est fondamental dâĂ©tudier la rĂ©alitĂ© des gestionnaires pour comprendre les organisations, mais je trouvais nĂ©anmoins quâon ne sâintĂ©ressait pas assez aux formes de contre-pouvoirs au sein des organisations dans lesquels les syndicats jouent un rĂŽle assez important. Mes premiĂšres recherches mâont dĂ©montrĂ© que, parfois dans une mĂȘme entreprise, les dirigeants et gestionnaires, dâune part, et les reprĂ©sentants syndicaux et les travailleurs, dâautre part, ont parfois une vision trĂšs diffĂ©rente de leur rĂ©alitĂ© organisationnelle.
LâĂ©tude des relations de travail et du syndicalisme est donc pour moi une maniĂšre importante de contribuer Ă la comprĂ©hension de nos univers organisationnels. Elles permettent notamment dâexposer le point de vue des travailleurs et de leurs reprĂ©sentants, soit un peu lâenvers de la mĂ©daille.
Que diriez-vous Ă quelquâun qui dĂ©bute dans votre domaine?
Marc-Antonin Hennebert : Jâai rĂ©cemment Ă©crit un texte dans la revue de lâOrdre des conseillers en ressources humaines et en relations industrielles agrĂ©Ă©s du QuĂ©bec (ORHRI) qui tĂ©moigne un peu de ma vision des relations de travail en entreprise et des conseils que je donnerais aux gestionnaires dans ce domaine (pour consulter le texte intĂ©gral en Ă©tant membre de lâOrdre suivre ce lien HENNEBERT, Marc-Antonin. 2014. « Entre les mĂ©andres de la conflictualitĂ© et lâidĂ©al collaboratif : gĂ©rer ses relations de travail de maniĂšre rĂ©aliste ! ». Effectif, revue de lâOrdre professionnel des conseillers en ressources humaines et en relations industrielles agrĂ©Ă©s du QuĂ©bec, vol. 17, no. 2, p. 14-19. )
Il est tout dâabord important de reconnaĂźtre la pluralitĂ© des intĂ©rĂȘts dans les organisations. La formation des Ă©tudiants au sein des Ă©coles de gestion peut parfois donner une vision unitaire des organisations masquant les intĂ©rĂȘts potentiellement diffĂ©rents de certains groupes.  Comprendre la diversitĂ© des intĂ©rĂȘts au sein des organisations est pour moi fondamental!
Il me semble Ă©galement important pour tout gestionnaire RH de saisir la responsabilitĂ© et les contraintes des reprĂ©sentants syndicaux et pallier au manque de connaissances des autres gestionnaires en cette matiĂšre. Les relations de travail sont encadrĂ©es par un rĂ©gime juridique (notamment le code du travail) qui crĂ©e des obligations de toutes sortes dont celle pour les reprĂ©sentants syndicaux de sâassurer de dĂ©fendre leurs membres de maniĂšre juste et Ă©quitable. La rĂ©alitĂ© est la mĂȘme du cĂŽtĂ© des gestionnaires : il existe une obligation de nĂ©gocier de bonne foi le renouvellement des conventions collectives, de reconnaĂźtre et de ne pas entraver les activitĂ©s syndicales, de respecter la procĂ©dure de grief, etc. Il est donc impĂ©ratif de connaitre ses responsabilitĂ©s et ses obligations lĂ©gales.
Il faut aussi accepter, comme gestionnaire RH, les dĂ©saccords potentiels avec les syndicats et mĂȘme lâimpossibilitĂ© de sâentendre sur certains enjeux, tout en cherchant Ă minimiser les impacts Ă long terme sur les relations patronales-syndicales. Fonctionner par consensus est un idĂ©al qui nâest pas toujours Ă lâĂ©preuve de la rĂ©alitĂ©. Le dĂ©fi pour un gestionnaire en relations de travail nâest pas dâĂ©viter Ă tout prix les dĂ©saccords, mais de chercher Ă minimiser leurs effets sur les relations entre les parties Ă plus long terme.
Finalement, il ne faut pas avoir peur dâinnover et de remettre en cause les pratiques dans le domaine des relations de travail. Le monde des relations de travail en est un au demeurant assez conservateur dans la mesure oĂč les pratiques et façons de faire se sont instituĂ©es au fil des annĂ©es (nĂ©gociations collectives, procĂ©dure de grief, etc.) et quâelles Ă©voluent plus lentement que dans dâautres domaines. Il ne faut pas avoir peur dâinnover, de remettre en cause certaines pratiques. Ă titre dâexemple, on observe aujourdâhui dans certaines entreprises le dĂ©sir dâĂ©tablir une culture du dialogue plus soutenue entre les parties par lâintermĂ©diaire de la crĂ©ation de comitĂ©s de nĂ©gociation continue visant Ă faire Ă©voluer les conditions de travail entre les pĂ©riodes plus formelles de renouvellement de la convention collective. Des syndicats jouent aussi un rĂŽle plus important dans les sphĂšres dĂ©cisionnelles des entreprises ce qui apparaĂźt comme une avenue intĂ©ressante, mĂȘme si elle reprĂ©sente un dĂ©fi important pour les parties, pour le renouvellement de nos relations de travail.
Marc-Antonin Hennebert chez eValorix
Propos recueillis par FĂ©lix Vaillancourt.
Lucie Richard et les pratiques professionnelles en santé publique
Lucie Richard, Ph.D. est professeure titulaire Ă la FacultĂ© des sciences infirmiĂšres et directrice de lâInstitut de Recherche en SantĂ© Publique de lâUniversitĂ© de MontrĂ©al (IRSPUM) oĂč elle dĂ©tient Ă©galement un poste de chercheure rĂ©guliĂšre.
Expertises
PrĂ©vention de la santĂ©, promotion de la santĂ©, approche Ă©cologique en santĂ© publique, analyse Ă©tiologique, Ă©valuation dâinterventions spĂ©cifiques.
à quel besoin souhaitez-vous répondre avec votre recherche?
Lucie Richard : Je tente dâaider les praticiens Ă renouveler leurs pratiques et aider les chercheurs qui font de la recherche sur le renouvellement des pratiques. Il y a beaucoup de mouvement en santĂ© publique depuis une trentaine dâannĂ©es : des nouveaux modĂšles dâanalyse et dâaction, des rĂ©organisations successives des services, etc. Câest important de soutenir les praticiens dans ces nombreuses transitions. Par exemple, il nây a pas si longtemps encore, la santĂ© publique fonctionnait dans une logique trĂšs Ă©ducative; en Ă©duquant les gens, en leur donnant de lâinformation sur quoi faire pour amĂ©liorer leur santĂ©, on croyait avoir la clĂ© pour les guider vers les changements souhaitĂ©s en matiĂšre  de comportements. La santĂ© publique a Ă©voluĂ© vers de nouvelles perspectives, vers de nouveaux modĂšles pour guider la rĂ©flexion et lâaction. Sans omettre lâaction sur les comportements, ces nouveaux outils encouragent les praticiens Ă dĂ©velopper des interventions qui visent Ă modifier les environnements dans lesquels les personnes vivent, Ă agir sur ces dĂ©terminants sociaux.
Par exemple pour rĂ©duire le tabagisme, on sait maintenant quâun  travail exclusif sur les connaissances, les attitudes et le comportement des individus ne fonctionne pas. Les gains populationnels majeurs dans ce domaine sont survenus suite Ă des interventions modifiant des dĂ©terminants clĂ©s du tabagisme : la taxation, lâamĂ©nagement dâaires sans fumĂ©e, la publicitĂ©, etc.  Bref, la santĂ© publique et la promotion de la santĂ© mettent de lâavant  un travail sur une diversitĂ© de dĂ©terminants de la santĂ© et pas seulement ceux propres au comportement individuel.
Au fond, quand on sâarrĂȘte et quâon y pense, on comprend que les conditions dans lesquelles les gens vivent sont souvent celles qui les rendent malades.
En remontant Ă la source, en modifiant ces facteurs on peut faire des gains au niveau de la santĂ© des populations. Si on ne sâattaque pas Ă ces facteurs, nous restons cantonnĂ©s dans une logique oĂč on soigne des gens malades. Il faut continuer Ă le faire, je ne dis pas quâil faut fermer les hĂŽpitaux! Mon agenda de recherche est sur la prĂ©vention et la promotion de la santĂ©. La promotion câest mettre en place des conditions qui vont garder les gens en santĂ©.
Un de mes axes de recherche a trait au rĂŽle des praticiens dans le contexte de lâĂ©mergence de ces nouvelles pratiques. Dans les organisations locales de santĂ© publique, le discours du nouveau mouvement de santĂ© publique est arrivĂ© il y a plus de 20 ans, mais avant quâil percole dans les pratiques, ça prend du temps. Les praticiens nous disent manquer dâoutils ou de formation pour travailler Ă modifier les environnements. On vise Ă mettre sur pied des ateliers et des formations, câest notamment un des objectifs du guide dĂ©posĂ©  sur eValorix. Ă ce stade-ci, il faut mentionner que le guide sert surtout Ă des fins des recherches. Par exemple, des Ă©quipes lâutilisent afin de documenter lâintĂ©gration de nouvelles approches au sein des programmes. Ă plus long terme, notre souhait est que le guide soit utile aux praticiens visant un travail sur  les environnements, les dĂ©terminants sociaux.
Dans le cadre de mon projet de recherche actuel, je suis en train de mettre sur pied des interventions de dĂ©veloppement professionnel destinĂ©es aux professionnels des CISSS et CIUSSS afin de les accompagner pour quâils puissent amĂ©liorer leurs pratiques, travailler sur plusieurs dĂ©terminants de la santĂ© et sur lâenvironnement.
Quels sont les principaux défis dans votre champ de recherche?
Lucie Richard : Jâen vois deux. PremiĂšrement, trouver des façons dâappliquer les connaissances dans les milieux de pratiques. Les praticiens sont souvent dĂ©bordĂ©s et les chercheurs pas toujours Ă mĂȘme dâoffrir des opportunitĂ©s porteuses en terme de dĂ©veloppement professionnel. Il faut trouver les bonnes modalitĂ©s pour mieux soutenir lâimplantation dâapproches  innovantes, telles celles sâappuyant sur une approche Ă©cologique.
DeuxiĂšmement, quand on fait des coupes en santĂ©, câest souvent la prĂ©vention qui Ă©cope. Câest ce qui est moins visible.
La prévention quand on a du succÚs, ça ne fait pas de bruit.
Si on rĂ©duit les dommages des accidents routiers â parce que les gens portent leur ceinture, parce que les voitures sont mieux conçues, parce quâon a travaillĂ© sur les tracĂ©s des routes, grĂące aux campagnes de prĂ©vention de lâalcool au volant â cela rĂ©duit lâincidence des accidents, mais ça ne fait pas la manchette.
Quand on coupe dans la prĂ©vention, il nây a personne qui crie.
Comment vous ĂȘtes-vous intĂ©ressĂ©e Ă ce sujet?
Lucie Richard : Ma formation de base est en psychologie. Câest beaucoup par le biais de la psychologie communautaire, des cours au niveau du baccalaurĂ©at qui ouvraient nos horizons sur les questions dâamĂ©lioration des conditions de vie. Jâai eu une premiĂšre expĂ©rience de travail dans les milieux de santĂ© communautaire. Jâai trouvĂ© que câĂ©tait un bon champ dâapplication pour les connaissances en psychologie que jâavais acquises. Jâai dĂ©couvert que câest un univers fascinant.
Le Canada est un leader au sein du mouvement de la nouvelle santé publique et de la promotion de la santé.
Je suis entrĂ©e en santĂ© publique au moment de lâintroduction de ce nouveau discours. Ăa mâintriguait, je trouvais ça impressionnant, mais je me demandais comment nous allions implanter ça dans la pratique.
Que diriez-vous Ă quelquâun qui dĂ©bute dans votre domaine?
Lucie Richard : Câest un domaine captivant, nous sommes Ă la croisĂ©e de plusieurs disciplines. Par exemple, dans le cas de la sĂ©curitĂ© routiĂšre, la santĂ© publique collabore avec des ingĂ©nieurs, des urbanistes, des psychologues, des communicateurs, etc. Il y a lĂ un champ dâapplications formidable quand on travaille sur des problĂšmes sociaux.
Câest extrĂȘmement stimulant et difficile Ă©galement. Nous travaillons en interdisciplinaritĂ©, il faut apprivoiser le vocabulaire et lâapproche de lâautre. Ce qui nous intĂ©resse en santĂ© publique, ça appelle forcĂ©ment Ă la collaboration de plusieurs disciplines. Et le potentiel dâimpact est immense.
Propos recueillis par FĂ©lix Vaillancourt.
à la découverte de La Dictée P.G.L. : les outils pédagogiques et la langue française
Mise en place en 1991 au Canada par la Fondation Paul GĂ©rin-Lajoie, La DictĂ©e P.G.L. sensibilise les jeunes de maniĂšre ludique aux enjeux du monde qui les entoure. Nouveau partenaire d’eValorix, dĂ©couvrez la page de La dictĂ©e P.G.L.Â
Sensibiliser les jeunes au monde qui les entoure
Pour tisser des liens de solidaritĂ© entre les Ă©coliers du Canada et ceux dâAfrique et dâHaĂŻti, tout en contribuant Ă lâapprentissage et Ă la maĂźtrise de la langue française, la Fondation a mis sur pied un projet ambitieux dans les Ă©coles primaires des dix provinces du Canada : La DictĂ©e P.G.L. Elle a ensuite Ă©tĂ© transposĂ©e en Afrique et en AmĂ©rique du Nord et sâest dĂ©roulĂ©e au BĂ©nin, Burkina Faso, Cameroun, Ătats-Unis, GuinĂ©e, Maroc, Niger et SĂ©nĂ©gal. La DictĂ©e P.G.L. veut sensibiliser les jeunes au monde qui les entoure (coopĂ©ration internationale, respect solidaritĂ©, prĂ©servation de lâenvironnementâŠ) et amĂ©liorer lâusage et la maĂźtrise de la langue française.
Aider les enseignants Ă mieux accompagner leurs Ă©lĂšves
Dans le cadre de ses activitĂ©s, La DictĂ©e P.G.L. a dĂ©veloppĂ© des outils pĂ©dagogiques multiples permettant aux enseignants de donner goĂ»t aux Ă©lĂšves de sâamĂ©liorer en français, en lecture et en Ă©criture. Ces outils pĂ©dagogiques accessibles sur eValorix.com donnent aux enseignants les clĂ©s nĂ©cessaires Ă la rĂ©ussite de leurs Ă©lĂšves et leur fournissent un guide permettant de complĂ©ter la formation des Ă©lĂšves dĂ©jĂ dispensĂ©e par le programme scolaire (Guide des enseignants).
à la découverte de HEC Montréal : les études de cas et les articles de gestion
Depuis 1907, HEC MontrĂ©al forme la relĂšve en gestion qui contribue Ă lâessor de la sociĂ©tĂ©. Partenaire dâeValorix de la premiĂšre heure, HEC MontrĂ©al a grandement contribuĂ© Ă la crĂ©ation dâeValorix et a dĂ©sormais sa propre page institutionnelle : DĂ©couvrez la page HEC MontrĂ©alÂ
Centre de cas, « dĂ©velopper le savoir, savoir-faire et savoir-ĂȘtre des Ă©tudiants, gestionnaires et dirigeants »
Depuis plus de 40 ans, le Centre de cas HEC MontrĂ©al cherche Ă promouvoir l’enseignement de la gestion par les cas. Outil de formation et dâapprentissage stimulant, le cas pĂ©dagogique vise, Ă travers une situation rĂ©elle dâentreprise ou de secteur industriel, Ă dĂ©velopper non seulement le savoir des Ă©tudiants, mais surtout le savoir-faire et le savoir-ĂȘtre de gestionnaires et de dirigeants (en savoir plus sur lâĂ©tude de cas ici). eValorix propose plus de 650 cas du Centre de cas (chiffre au 19 mai 2016) dans diffĂ©rents domaines, de la stratĂ©gie Ă la comptabilitĂ© en passant par les technologies de l’information, le marketing, la gestion des ressources humaines, la comptabilitĂ© ou encore la gestion des opĂ©rations et de la logistique.
Revue Gestion, « sâinformer sur la gestion dâentreprise, le management et lâentrepreneuriat »
En 1976, HEC MontrĂ©al a Ă©galement crĂ©Ă© la revue Gestion, le premier magazine nord-amĂ©ricain francophone destinĂ© aux acteurs du monde des affaires. Dans ce magazine figurent des articles experts, accessibles et crĂ©atifs pour sâinformer sur la gestion dâentreprise, le management et lâentrepreneuriat. eValorix vend une dizaine de cahiers de la revue Gestion. Ces cahiers regroupent plusieurs articles sur une mĂȘme problĂ©matique dans un contexte de gestion telle que la gestion de la rĂ©munĂ©ration ou encore le droit du travail (en savoir plus sur ces cahiers).
Entrevue : Nina Admo et la médiation sociale
Nina Admo enseigne la criminologie au dĂ©partement des Techniques auxiliaires de la justice du CollĂšge de Maisonneuve et Ă la FacultĂ© de lâĂ©ducation permanente de LâUniversitĂ© de MontrĂ©al. Elle est Ă©galement chercheure au Centre international de criminologie comparĂ©e de lâUniversitĂ© de MontrĂ©al et Ă lâInstitut de recherche sur lâintĂ©gration professionnelle des immigrants (IRIPI).
Expertises
Ses intĂ©rĂȘts de recherche portent notamment sur la mĂ©diation sociale, la rĂ©solution des conflits, la mĂ©diation pĂ©nale et la justice rĂ©paratrice.
à quel besoin souhaitez-vous répondre avec votre recherche?
Nina Admo : Mes travaux portent sur lâĂ©valuation de lâimplantation et des impacts de projets en mĂ©diation sociale ou urbaine. Je fais de la recherche-action qui implique que le chercheur soit prĂ©sent sur le terrain. On rĂ©colte les premiers rĂ©sultats pour ensuite corriger le tir avec lâĂ©quipe sur les lieux et continuer lâĂ©valuation par la suite.
Je cherche, Ă lâinstar dâautres chercheurs dans le domaine, Ă dĂ©velopper des processus alternatifs Ă la rĂ©solution des conflits citoyens, notamment par la mĂ©diation. Certains nouveaux processus vont inclurent plusieurs groupes dâacteurs. Prenons par exemple le bruit dâun bar dans un quartier, cela donnera lieu Ă une mĂ©ga mĂ©diation ou ce que nous appelons cercle de dialogue ou de rĂ©solution de problĂšmes qui impliquera des reprĂ©sentants citoyens, du bar, de la police, de la ville, etc. Le but est de les rassembler tous autour de la mĂȘme table avec un mĂ©diateur impartial qui va venir organiser les Ă©changes entre eux. Bien que mon champ de recherche soit la mĂ©diation sociale, je commence Ă mâintĂ©resser Ă dâautres thĂ©matiques.
Je travaille prĂ©sentement avec une Ă©quipe sur le terrain sur un projet de prĂ©vention de la radicalisation menant Ă la violence dans des Ă©coles. La mĂ©diation peut ĂȘtre une des solutions Ă ces « crises des interactions sociales ».
Quels sont les principaux défis dans votre champ de recherche?
Nina Admo : Les initiatives sont un Ă©ternel projet-pilote que les villes et les institutions ont tendance Ă relancer Ă chaque fois, il nây a pas de continuitĂ©.
Les pratiques nâont pas levĂ© au QuĂ©bec. La mĂ©diation nâa pas su se dĂ©gager comme une alternative lĂ©gitime.
En Belgique, par exemple, les gens ne peuvent plus appeler au 911 pour certains conflits de voisinage. Le service de mĂ©diation est institutionnalisĂ©. On reconnaĂźt lâapport de ces pratiques dans la gestion des conflits humains.
Dans ce qui se fait au QuĂ©bec, lâoffre est trĂšs Ă©clatĂ©e et le titre de mĂ©diateur social nâest pas un titre protĂ©gĂ© au QuĂ©bec. En mĂ©diation sociale, il y a des organismes communautaires qui offrent en effet des services de rĂ©solutions de conflit souvent gratuits, entre autres, en guise dâalternative au systĂšme pĂ©nal ou civil. Par contre, il y en a dâautres qui parlent de mĂ©diation culturelle alors quâil est plutĂŽt question dâateliers de sensibilisation Ă lâautre. Certains intervenants sociaux aident leurs clients dans la rĂ©solution de certains conflits interpersonnels et estiment ainsi quâils offrent une forme de mĂ©diation. Il nây a pas de consensus entre les pratiques. Lâoffre est tellement diffĂ©rente quâon ne sâentend pas sur le terrain ce que constitue la mĂ©diation sociale. Alors que quand on parle de thĂ©rapie, par exemple, tout le monde sâentend sur certains paramĂštres.
Que diriez-vous Ă quelquâun qui dĂ©bute dans votre domaine?
Nina Admo : Ils ne peuvent pas vivre de ça (rires)! Il nây a pas vraiment de travail Ă temps plein dans le domaine de la mĂ©diation sociale et pĂ©nale. En parallĂšle de ma recherche, je vis de lâenseignement. Par contre, ce sont des milieux de travail et de recherche extrĂȘmement stimulants!
Propos recueillis par FĂ©lix Vaillancourt.
Ă la dĂ©couverte de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al
Depuis la crĂ©ation d’eValorix, plusieurs chercheurs de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al sont prĂ©sents sur evalorix.com. Il y a quelques semaines dĂ©jĂ , nous vous annoncions la page de la FacultĂ© des sciences infirmiĂšres de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al. DĂ©sormais, retrouvez l’ensemble des outils dĂ©veloppĂ©s par les chercheurs de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al rĂ©unis sur une mĂȘme page.
Des outils issus de la recherche en criminologie, en gériatrie et en gestion
La spĂ©cificitĂ© de la page UniversitĂ© de MontrĂ©al provient du fait que des chercheurs travaillant dans des disciplines de recherche trĂšs variĂ©es sont reprĂ©sentĂ©s sur eValorix. Retrouvez des outils de domaines diffĂ©rents passant de la criminologie, Ă la gĂ©riatrie, en passant Ă©galement par la gestion, l’orthophonie ou encore la rĂ©adaptation.
Une volontĂ© de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al de contribuer aux percĂ©es scientifiques
La prĂ©sence des outils et des chercheurs de lâUdeM s’inscrit dans son ambition de continuer sa contribution aux percĂ©es scientifiques. GrĂące Ă la valorisation des rĂ©sultats de la recherche et de la crĂ©ation, cette institution prend aussi part au progrĂšs culturel, social et Ă©conomique.
Ă la dĂ©couverte du Centre de liaison sur l’intervention et la prĂ©vention psychosociales (CLIPP)
Des outils issus du travail du Centre de liaison sur l’intervention et la prĂ©vention psychosociales (CLIPP) sont dĂ©sormais sur eValorix. Souvent dĂ©veloppĂ©s en partenariat avec les chercheurs, ils sâappuient sur lâĂ©tat Ă jour des connaissances scientifiques et sont conçus de maniĂšre Ă rĂ©pondre adĂ©quatement aux besoins des publics visĂ©s.
Un organisme Ă la mission proche de celle d’eValorix
Le CLIPP a Ă©tĂ© crĂ©Ă© dans le but dâamĂ©liorer la qualitĂ© des interventions psychosociales. GrĂące au transfert des connaissances entre les milieux de la recherche et de la pratique, il en accroĂźt lâutilisation et favorise de meilleures dĂ©cisions, de meilleures pratiques et lâĂ©mergence dâinnovations sociales pouvant amĂ©liorer la qualitĂ© de vie des individus et des collectivitĂ©s.
Un premier outil en traumatologie et d’autres Ă venir
Premier outil du CLIPP sur eValorix, le manuel d’Ă©valuation et d’intervention « Insomnie et fatigue aprĂšs un traumatisme craniocĂ©rĂ©bral » est destinĂ© aux professionnels de la santĂ© qui possĂšdent une connaissance et une expĂ©rience minimale en intervention psychologique.
Chercheur du mois de mars : Marie Alexandre
La professeure de lâUniversitĂ© du QuĂ©bec Ă Rimouski (UQAR), Marie Alexandre, est la premiĂšre chercheuse Ă diffuser des outils en Ă©ducation, une toute nouvelle catĂ©gorie prometteuse sur evalorix.com.
Deux guides didactiques sur eValorix
Professeure au baccalaurĂ©at de lâenseignement professionnel Ă lâunitĂ© dĂ©partementale des Sciences de lâĂ©ducation de l’UQAR, elle est Ă©galement membre du ComitĂ© scientifique international de lâAcadĂ©mie nationale des Sciences et techniques du SĂ©nĂ©gal. PremiĂšre chercheuse en Ă©ducation sur eValorix, Marie Alexandre a crĂ©Ă© les deux guides didactiques suivants :
- Guide didactique du processus de raisonnement du machiniste
- Guide didactique du processus de raisonnement du soudeur-monteur ou de la soudeuse-monteuse
Ces deux guides prennent appui sur le partage dâune deÌfinition commune du processus de raisonnement de meÌtier, le premier pour le mĂ©tier de machiniste, le second pour le mĂ©tier de soudeur-monteur/soudeuse-monteuse. Ils sont principalement destineÌs aux enseignants des centres de formation professionnelle, aux eÌtudiants du baccalaureÌat en enseignement professionnel, aux formateurs des programmes dâapprentissage en milieu de travail, aux eÌleÌves de la formation professionnelle, ainsi quâaux travailleurs en entreprise.
Ăducation : une nouvelle catĂ©gorie en dĂ©veloppement
Pour eValorix, il sâagit dâun premier pas vers le dĂ©veloppement d’une catĂ©gorie prometteuse d’outils. LâĂ©quipe dâeValorix est convaincue de la pertinence des outils dans le domaine de l’Ă©ducation dans son offre en ligne et de nouveaux outils sont attendus dans les prochaines semaines (voir la catĂ©gorie ici).
Journée de la Francophonie : de nombreux outils en français chez eValorix
Au lendemain de la JournĂ©e de la Francophonie, eValorix est fiĂšre de souligner lâapport des chercheurs francophones dans le bassin d’outils actuellement diffusĂ©s.
En plus de leurs activitĂ©s de recherche, dâenseignement et de leurs publications, de nombreux chercheurs dĂ©veloppent aussi des outils destinĂ©s Ă changer les pratiques. Parmi ces outils, 626 sont disponibles en français. Ces outils sont dâailleurs issus dâun grand rĂ©seau de partenaires francophones du QuĂ©bec, du Canada, de la France et de la Belgique.
LâĂ©quipe dâeValorix tient tout de mĂȘme Ă rappeler lâapport de plus en plus important de ses collaborateurs non francophones. Au 21 mars 2016, eValorix diffuse 794 outils dĂ©veloppĂ©s par 619 chercheurs provenant de 85 institutions de 19 pays diffĂ©rents.