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Le télétravail est sur les lÚvres de beaucoup de gestionnaires ces derniers jours
Le télétravail est sur les lÚvres de beaucoup de gestionnaires ces derniers jours.
Voici des publications qui pourront répondre à vos questions
Enjeux et dĂ©fis du dĂ©veloppement international : Acteurs et champs dâaction
Ă cause de lâaggravation des Ă©carts entre le Nord et le Sud, de lâaccroissement de la pauvretĂ© mondiale et de lâurgence Ă©cologique, de nouveaux dĂ©fis sociĂ©taux Ă©mergent, sâaccumulent et conduisent Ă des besoins criants quâune aide internationale parvient de moins en moins Ă combler.
DĂ©couvrez ce livre numĂ©rique des Presses de l’UniversitĂ© d’Ottawa pour mieux comprendre le contexte de notre actualitĂ©.
DĂ©couvrez les premiĂšres innovations sociales de lâUniversitĂ© Laval sur eValorix
Des outils pratiques pour vos projets de développement organisationnel :
- Accompagner le changement de culture organisationnelle en 7 Ă©tapes
- Guide de gestion de lâorganisation basĂ©e sur les projets
- Outil de diagnostic : Alignement contextuel â stratĂ©gique â structurel
- SantĂ©, bien-ĂȘtre et performance organisationnelle chez le personnel dâun Ă©tablissement dâenseignement supĂ©rieur quĂ©bĂ©cois
The MEC Protocol is now available in English at eValorix!
We are very pleased to announce that the MEC Protocol is now available in English. The original French-language version has been a very popular download and we have had numerous inquiries about the availability of an English version. Click here to visit the English MEC page.
The Montreal Evaluation of Communication (MEC) is a clinical test to evaluate communication ability in people who have problems with communication in the absence of aphasia such as patients with right hemisphere stroke or damage to the frontal lobes.
A special thank you to Dr Yves Joanette and Catherine Dubé of the CRIUGM for putting us in contact with Australasian Society for the Study of Brain Impairment (ASSBI), the creators of the English version of the MEC.
Nouveau produit : La Vie du Réseau : Faites évoluer votre réseau de relations
Nouveau produit de SATT Sud-Est chez eValorix ! La Vie du RĂ©seau : Faites Ă©voluer votre rĂ©seau de relations est un outil pĂ©dagogique aidant Ă comprendre les Ă©volutions de son rĂ©seau personnel et la façon dont il peut ĂȘtre mobilisĂ© et influer sur le parcours de vie, en particulier au moment des transitions importantes.
Cliquer ici pour plus de renseignements ou pour le procurer.
The University of Manitoba and eValorix partner to promote research
Press Release – For Immediate Release
Winnipeg, July 23, 2018 â The University of Manitoba and eValorix announce the signing of a master licence agreement that will allow researchers at the university to market their products on the eValorix.com web platform. This agreement aims to promote and make more accessible the products and tools created by researchers at the University.
Through this agreement, the researchers will have access to a platform that simplifies the distribution of their innovations for both promotional and new revenue sources.
eValorix offers a wide range of products created from various research domains. These products are used by research teams, professors, businesses and community organizations from around the world.
For Darren Fast, Director of the Technology Transfer Office at the University of Manitoba, âeValorix gives the University of Manitoba an opportunity to promote and capture value from knowledge created by our researchers such as best practices and other digital products. Until now, weâve not had an effective distribution channel. This should benefit the creators and society in general as it is important to get the best tools into the hands of those who can use them.â
“We are proud to have the University of Manitoba among our partners. It’s our first partner in Western Canada and it’s a big step towards becoming a pan-Canadian platform. This new collaboration will enable eValorix to enrich its product offering and will contribute to researchers’ outreach,” said Jacques Simoneau, President of eValorix.
About the University of Manitoba
Since 1877, the University of Manitoba has been driving discovery and inspiring minds through innovative teaching and research excellence. Proudly located in the heart of Canada, the U of M has a strong and engaged community of students, faculty, staff, alumni, donors and community partners. Our connection to the agricultural and natural landscapes of the Canadian Prairie, to the Arctic, to local and Indigenous communities has shaped our research focus. We have made pioneering contributions in many fields and developed life-changing solutions to problems being faced by peoples in Manitoba, Canada and the world.
About eValorix
Created in June 2012 in Montreal by Univalor, eValorix promotes and distributes case studies, guides, tests, training kits, eBooks, databases, software/apps, videos and other digital and physical tools created from public research. eValorix has over 30 partners with nearly 2,000 products involving over 1,500 researchers from 29 countries.
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For more information:
Daniel Guay
Manager of Sales & Partnerships
eValorix
514 340-8500
daniel.guay@evalorix.com
Source:
Janine Harasymchuk
Communications Officer, Office of the VP (Research and International)
Marketing Communications Office
University of Manitoba
204-474-7300
janine.harasymchuk@umanitoba.ca
Nouvelle catégorie de ressources pour les parents, les familles et les tuteurs
DĂ©couvrez notre nouvelle catĂ©gorie de ressources pour les parents, les familles et les tuteurs. Plus de 62 ouvrages d’auteurs de nos partenaires au CHU Sainte-Justine et CLIPP.
Eric Brunelle et la gestion de la distance en milieu professionnel
Eric Brunelle est professeur agrĂ©gĂ© au service de l’enseignement du management Ă HEC MontrĂ©al.
Expertises
Leadership et habiletés de direction, e-leadership et direction de personnes à distance
La mission dâeValorix est de diffuser les outils numĂ©riques issus de la recherche publique. Cette entrevue fait partie de la sĂ©rie dâentrevues avec les femmes et les hommes derriĂšre cette recherche.
eValorix : à quel besoin souhaitez-vous répondre avec votre recherche ?
Eric Brunelle : Jâessaie avec mes recherches dâaider les gestionnaires qui gĂšrent des personnes au travers des technologies Ă trouver des moyens efficaces dây parvenir. Au Canada, il y a environ 40% des travailleurs en entreprise qui passent au moins une journĂ©e par semaine Ă lâextĂ©rieur des bureaux conventionnels de leur compagnie, en dĂ©placement ou en tĂ©lĂ©travail. Cette modification des comportements professionnels amĂšne certains gestionnaires Ă ĂȘtre contraint Ă gĂ©rer des gens quâils ne voient pas rĂ©guliĂšrement et avec lesquelles ils doivent apprendre Ă communiquer et interagir diffĂ©remment. Certains contacts entre deux personnes dâune mĂȘme entreprise se font majoritairement par tĂ©lĂ©phone, par texto ou bien par courriel. Cela remet profondĂ©ment en question la maniĂšre dâexercer son leadership au sein dâune Ă©quipe. Le temps des rencontres physiques et souvent informelles au cours desquelles on recherche une information et on influence les jeunes est en train de disparaitre. Au final, le but ultime de mes recherches est de trouver des moyens dâĂ©tablir des relations fortes et durables et dâexercer convenablement son leadership dans ce contexte spĂ©cial. Comment on peut rĂ©ussir Ă ĂȘtre un bon gestionnaire malgrĂ© la distance ? Mes recherches ont pour objectif dâassister les gestionnaires dans leurs recherches de performance, et dâaider les entreprises Ă mettre en place des pratiques pour mieux supporter ce changement.
eValorix : Quels sont les défis dans votre champ de recherche ?
Eric Brunelle : Les organisations avec lesquelles je travaille sont toutes diffĂ©rentes, et il faut sâadapter. Par exemple, dans le rĂ©seau de la santĂ©, il y a eu rĂ©cemment une nouvelle loi. Depuis cette derniĂšre, les patrons ne sont plus tous regroupĂ©s au mĂȘme endroit, mais sont dispersĂ©s partout. Cela a donnĂ© lieu Ă une organisation nouvelle que lâon appelle la gestion multiple. Celle-ci a des enjeux qui lui sont propres et qui nĂ©cessitent de sâadapter aux diffĂ©rents emplacements gĂ©ographiques. La distance est bien prĂ©sente, et mĂšne Ă une utilisation intensive des technologies. Pourtant quand je mâadresse aux personnes qui se trouvent dans ce type de contextes, ils ne comprennent pas toujours que cette distance doit ĂȘtre gĂ©rĂ©e. Ils ont lâimpression que la distance câest seulement pour ceux qui font du tĂ©lĂ©travail et que ça ne les concerne pas vraiment. Câest lĂ un de mes grands dĂ©fis.
Ensuite, en termes de recherches, le dĂ©fi est que le niveau des connaissances actuelles sur la notion de distance nâest pas trĂšs avancĂ©. Il y a souvent de la confusion quant Ă ce qui est rĂ©ellement en cause. Par exemple, la notion de distance est un concept qui possĂšde plusieurs dimensions. Par exemple, il y a la distance physique, celle qui correspond Ă lâĂ©loignement gĂ©ographique, comme deux personnes dans deux villes diffĂ©rentes. Il y a Ă©galement la distance psychologique, celle qui nous habite, qui est perçu et vit dans notre imaginaire. Combien de fois sâest-on dĂ©jĂ dit que lâon se sent trĂšs proche de quelquâun qui est Ă lâautre bout du monde, mais Ă©loignĂ© de son voisin de bureau que lâon ne connait pas tant que ça ? Il y a quelque chose de trĂšs intangible lĂ -dedans. Lâimpact de la distance physique est souvent trĂšs diffĂ©rent que celle de la distance psychologique. Câest un grand dĂ©fi de comprendre la part de lâun et de lâautre. Mais tranquillement, on y arrive !
eValorix : Comment vous ĂȘtes-vous intĂ©ressĂ©e Ă ce sujet ?
Eric Brunelle : Je faisais des recherches sur ce sujet-lĂ dĂ©jĂ en 1997 ; cela fait donc 20 ans que je travaille lĂ -dessus. Mon premier article a Ă©tĂ© publiĂ© aux alentours de lâannĂ©e 2001. A lâorigine jâĂ©tais un entrepreneur. CâĂ©tait le temps de la montĂ©e dâInternet, tout le monde parlait du bug de lâan 2000. Moi, je mâintĂ©ressais dĂ©jĂ aux enjeux majeurs dâInternet. JâĂ©tais Ă mon compte et les clients que jâavais ne connaissaient pas trĂšs bien les implications et les possibilitĂ©s quâoffrait la toile. Ce nâĂ©tait pas encore ancrĂ© dans les mentalitĂ©s. Jâai dĂ©tectĂ© Ă ce moment-lĂ une rĂ©elle opportunitĂ© dâaffaire. Je me suis dit que dâici quelques temps, les entreprises auraient besoin de mon aide pour les orienter sur la maniĂšre dâutiliser internet, autant dans leur mode dâorganisation du travail que dans leur stratĂ©gie dâaffaires. Je pensais dĂ©jĂ aux enjeux tels que le travail Ă domicile. Je me suis mis Ă mâintĂ©resser à ça comme consultant, et de fil en aiguille, jâai rĂ©alisĂ© que tout cela allait bouleverser de maniĂšre majeure les organisations. LâĂ©lĂ©ment dĂ©clencheur sâest fait lĂ . En mâintĂ©ressant Ă cette affaire-lĂ je me suis rendu compte quâil y avait vraiment un besoin. Jâai par la suite commencĂ© Ă faire quelques recherches sur le sujet. Ă lâĂ©poque on Ă©tait peut-ĂȘtre trois ou quatre dans le monde Ă vĂ©ritablement travailler sur ce sujet. Aujourdâhui on est pas mal plus que ça.
eValorix : Que diriez-vous Ă quelquâun qui dĂ©bute dans votre domaine?
Eric Brunelle : Le plus important, câest surtout de sâancrer dans une rĂ©alitĂ© concrĂšte. Personnellement, je mâintĂ©resse au concept de distance, mais je fais toutes mes recherches actuelles dans un contexte bien prĂ©cis. Quand jâĂ©cris en limitant le discours Ă la gestion de la distance ou dans un contexte de gestion multiple (gĂ©rer les employĂ©s Ă domicile, tout ce qui concerne la gestion Ă distance), câest souvent difficile pour les lecteurs Ă concevoir, Ă comprendre. Il est donc important de sâassurer dâĂȘtre concret dans les dĂ©marches de recherche. Par exemple, si je fais une recherche sur lâimpact de la distance pour les travailleurs Ă domicile, ne vais pas aborder la notion de travailleurs mobiles, mĂȘme sâil est possible de faire de nombreux liens, cela gĂ©nĂšre souvent de la confusion pour les lecteurs. Je donnerais aussi le conseil de trouver des applications pratiques. Dans un domaine aussi conceptuel, il est grandement recommandĂ© de fixer les choses au travers de bonnes pratiques, de bonnes stratĂ©gies, de bons moyens de faire et que les gestionnaires peuvent mettre en place.
Eric Brunelle chez eValorix
Texte par Camille Briquet
Propos recueillis par Camille Briquet
Le soutien aux victimes dâagressions sexuelles : entrevue avec Mireille Cyr
Mireille Cyr est professeure titulaire au dĂ©partement de psychologie de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al. Elle est Ă©galement directrice scientifique au Centre de recherche interdisciplinaire sur les problĂšmes conjugaux et les agressions sexuelles (CRIPCAS) et co-titulaire de la Chaire de recherche Marie-Vincent sur les enfants victimes dâagression sexuelles.
Expertises
Agression sexuelle envers les enfants, Soutien parental, Entrevue d’enquĂȘte, Profils d’adaptation
eValorix : à quel besoin souhaitez-vous répondre avec votre recherche ?
Mireille Cyr : Jâessaie de rĂ©pondre aux besoins des victimes dâagressions sexuelles. Mes recherches visent principalement Ă aider les victimes Ă deux niveaux. Le premier soutien se fait au niveau de lâassistance dont elles pourraient avoir besoin, notamment de la part de leurs parents non agresseurs, pour composer avec les sĂ©quelles de leur agression. Mon second rĂŽle est plutĂŽt situĂ© au niveau de lâentrevue dâenquĂȘte rĂ©alisĂ©e par les policiers avec les enfants : notre but est dâaider les policiers Ă dĂ©tenir de meilleurs outils pour mener du mieux possible ces entrevues. Je travaille principalement auprĂšs dâenfants et dâadolescents. Il est certain que lâon est confrontĂ© Ă la souffrance des parents, Ă lâimpact et au choc du dĂ©voilement de lâagression de leur enfant. Câest un domaine de recherche qui peut paraitre difficile au premier abord, de par le contenu de ce que les enfants rĂ©vĂšlent, ou de par la souffrance des parents. Cependant, cela nâen est pas moins un domaine motivant par la recherche. Cette derniĂšre contribue Ă amĂ©liorer de maniĂšre significative le vĂ©cu des parents et donc celui des enfants. Il en est de mĂȘme pour les policiers : nos recherches les aident Ă faire de meilleures entrevues, ce qui aide les enfants Ă se sentir mieux compris, plus Ă©coutĂ©s. Mes recherches ne concernent pas directement les traitements auprĂšs des enfants, mais nous savons que le quotidien de ces jeunes est tout de mĂȘme amĂ©liorĂ© grĂące Ă notre activitĂ©. Par le biais des parents et des policiers, on les aide Ă bĂ©nĂ©ficier dâune aide qui va leur permettre de surmonter le traumatisme quâils sont en train de vivre. Cela compense peut-ĂȘtre la difficultĂ© de la thĂ©matique des rĂ©vĂ©lations auxquelles nous avons accĂšs. Nous savons que la recherche peut faire une diffĂ©rence sur les pratiques et sur la vie des personnes concernĂ©es.
eValorix : Quels sont les défis dans votre champ de recherche ?
Mireille Cyr : Il y a deux principaux dĂ©fis. Le premier, câest de travailler au quotidien avec des professionnels en indirect. Ces gens-lĂ sont pris dans leur travail quotidien, ils sont trĂšs occupĂ©s, que ce soit les psychologues, les travailleurs sociaux, ou mĂȘme les policiers. Mon accĂšs aux participants pour les projets de recherche se fait grĂące Ă ces personnes-lĂ , et grĂące aux contacts de confiance et relations de recherches dĂ©veloppĂ©es avec eux. Cela implique donc quâils arrivent Ă trouver du temps dans leur horaire et dans leur organisation de façon Ă pouvoir nous aider Ă avoir accĂšs Ă notre clientĂšle. De plus, les gens lorsque nous les rencontrons sont encore parfois en situation de crise, dans une Ă©tape trĂšs difficile de leur vie. Solliciter ces gens-lĂ nâest donc pas Ă©vident, et ce surtout lorsque les intermĂ©diaires eux-mĂȘmes sont souvent dĂ©bordĂ©s et changent de fonction aprĂšs quelques annĂ©es, les liens sont donc Ă refaire. Le second dĂ©fi se situe plutĂŽt au niveau des participants. Nous devons aborder nos questions de recherche sans causer plus de dommages sur le vĂ©cu des victimes et de leur entourage. Notre rĂŽle est de sâassurer que les interventions et les questions que lâon Ă©labore vont ĂȘtre mises en place dans un climat de soutien et que cela ne viendra pas ajouter un fardeau supplĂ©mentaire ou crĂ©er des difficultĂ©s dans un pĂ©riode de crise majeure pour les victimes.
eValorix : Comment vous ĂȘtes-vous intĂ©ressĂ©e Ă ce sujet ?
Mireille Cyr : Le dĂ©clic sâest fait Ă travers mon travail de professeur dâuniversitĂ©. Je prĂ©parais des Ă©tudiants Ă la maitrise en psychologie, ils apprenaient la psychothĂ©rapie. Jâai alors Ă©tĂ© frappĂ©e par le nombre de femmes ou de jeunes femmes qui nous rĂ©vĂ©laient avoir Ă©tĂ© agressĂ©es, souvent par des proches, et qui venaient consulter Ă cause des sĂ©quelles de ces agressions. Câest vraiment aprĂšs cela que je me suis mise Ă mâintĂ©resser Ă la question des agressions sexuelles et je me suis joint Ă une groupe de recherche qui travaillait en partenariat avec des intervenants des centres jeunesse qui avaient besoin dâassistance pour rĂ©aliser leur mission « sur le terrain ». Câest comme cela que jâai commencĂ© Ă regarder les sĂ©quelles chez les enfants et les adolescents. Je me suis Ă©galement intĂ©ressĂ©e au soutien maternel : comment peut-on aider au mieux les mĂšres (et mĂȘme les pĂšres) Ă soutenir leur enfant ? La question « Comment faire de bonnes entrevues » est venue du questionnement des intervenants avec qui on travaillait, et sâest Ă©tendue aux policiers qui font aussi des entrevues auprĂšs des enfants. Les interrogations sont venues du terrain, de la pratique de ces personnes, des gens avec qui je collabore.
eValorix : Que diriez-vous Ă quelquâun qui dĂ©bute dans votre domaine?
Mireille Cyr : Je lui dirais que mĂȘme sâil y a eu beaucoup de progrĂšs dans les connaissances et lâintervention concernant les agressions sexuelles, on se rend bien compte quand on regarde lâactualitĂ© que cette question-lĂ demeure malheureusement une problĂ©matique sociale importante. Les victimes, peu importe leur Ăąge, ont de la difficultĂ© Ă rĂ©vĂ©ler ce qui sâest passĂ©. Quand arrivent des Ă©vĂšnements comme lâhistoire de Gilbert Rozon rĂ©cemment, on se rend compte que le dĂ©voilement nâest toujours pas facile et met parfois longtemps Ă avoir lieu. Il y a encore des besoins, entre autres pour faciliter cette Ă©tape difficile de la rĂ©vĂ©lation. Il y a des pĂ©riodes de crise pendant lesquelles la mĂ©diatisation va en aider certains, mais aprĂšs, cela retombe. Pour quelquâun qui dĂ©bute dans le domaine il y a beaucoup de questions primordiales auxquelles on nâa pas encore rĂ©pondu : comment faciliter ce dĂ©voilement-lĂ , comment faire de la prĂ©vention, comment diminuer le harcĂšlement sexuel, comment rendre les relations de couple plus respectueuses et Ă©galitaires⊠Il y a encore du travail sur de nombreux points clĂ©s. Les choses avancent, mais avant que les mentalitĂ©s changent de façon durable, il y a encore du chemin Ă faire.
Texte par Camille Briquet
Propos recueillis par Camille Briquet
Vieillissement Ă domicile et intelligence artificielle : entrevue avec Bruno Bouchard
Bruno Bouchard est professeur et chercheur au sein du dĂ©partement d’informatique et de mathĂ©matique de lâUniversitĂ© du QuĂ©bec Ă Chicoutimi. Il est Ă©galement associĂ© au laboratoire LIARA, quâil a cofondĂ© en 2008.
Expertises
Intelligence artificielle, technologies dâassistance, technologies de la santĂ©.
à quel besoin souhaitez-vous répondre avec votre recherche ?
Bruno Bouchard : Actuellement, au QuĂ©bec comme ailleurs, le monde fait face Ă une crise dĂ©mographique sans prĂ©cĂ©dent ainsi quâĂ un vieillissement accĂ©lĂ©rĂ© de la population. Cette rĂ©alitĂ©-lĂ est aggravĂ©e par un problĂšme de pĂ©nurie de personnel qualifiĂ©, mais surtout un manque de ressources pour engager cedit personnel, notamment pour les soins Ă domicile dĂ©diĂ©s aux personnes en perte dâautonomie. Je parle par exemple ici des personnes ĂągĂ©es, des gens qui souffrent dâAlzheimer, de dĂ©ficiences cognitives lĂ©gĂšres, mais aussi des personnes plus jeunes comme celles qui souffrent de traumatismes crĂąniens ou de dĂ©ficiences intellectuelles. Les gouvernements souhaitent, pour des raisons Ă©conomiques et sociales, maintenir ces personnes-lĂ Ă domicile le plus possible. Il est vrai que cette pratique est souhaitable : cela amĂ©liore la qualitĂ© de vie des personnes qui peuvent vivre aussi normalement que possible et avoir une existence digne, sans sĂ©grĂ©gation des hĂŽpitaux. Le problĂšme que lâon rencontre aujourdâhui, câest que ce maintien Ă domicile comporte des risques et des problĂ©matiques importantes. Câest ici que nous avons un rĂŽle Ă jouer en tant que chercheurs. Les environnements physiques et humains des rĂ©sidents, les appartements, les lieux, tout cela doit ĂȘtre adaptĂ© voir augmentĂ© grĂące Ă la technologie. Cela permet de rĂ©pondre aux besoins des personnes, pallier Ă leurs incapacitĂ©s cognitives et physiques et assurer leur sĂ©curitĂ©. Cela met Ă©galement Ă disposition des outils informatiques qui permettent de supporter les proches aidants et les professionnels de la santĂ© pour quâils puissent faire un meilleur travail : supporter un plus grand nombre de patients, faire une partie de leur travail Ă distance⊠Nos recherches sâinscrivent donc dans le concept dâhabitat intelligent. Nous sommes Ă la frontiĂšre entre intelligence artificielle ambiante et santĂ© : en tant que spĂ©cialistes en intelligence artificielle, on applique notre technique dans le domaine de la santĂ©. Nous utilisons de nombreux dispositifs Ă©lectroniques. Par exemple, nous travaillons avec une grande panoplie de capteurs que lâon intĂšgre un peu partout dans les objets du quotidien : les portes dâarmoire, les cuisiniĂšres, les lampes⊠On utilise Ă©galement des capteurs biomĂ©triques, lorsque lâon souhaite par exemple Ă©quiper la personne dâune montre intelligente. Nous pouvons Ă©galement avoir besoin de capteurs de luminositĂ©, de capteurs ultrasons ou infrarouges. Le but est de les intĂ©grer dans lâappartement de la maniĂšre la plus transparente possible et de comprendre ce que la personne est en train de faire. Ainsi, nous pouvons dĂ©tecter les situations Ă risques, ou celles oĂč la personne aura besoin dâassistance, et lâaider. Prenez cet exemple : une personne qui souffre de dĂ©ficience cognitive dĂ©marre la cuisiniĂšre pour faire Ă manger. Elle fait bouillir quelque chose et soudainement, le tĂ©lĂ©phone sonne. Elle va aller rĂ©pondre au tĂ©lĂ©phone, il va y avoir une potentielle surcharge cognitive et elle va oublier quâelle est en train de faire la cuisine. Elle va ensuite aller lire un livre dans sa chambre. Câest typiquement ce genre de situation quâon veut ĂȘtre apte Ă dĂ©tecter et Ă corriger. Attention : nous ne sommes pas dans une approche dâautomatisation ! MĂȘme sâil est possible de prendre le contrĂŽle de la cuisiniĂšre et de la couper, ce nâest pas ce quâon va faire en premier lieu. Nous allons tenter de ramener la personne Ă son activitĂ©. Par exemple, nous pouvons faire flasher les lumiĂšres de sa maison pour faire un chemin qui la ramĂšnera dans la cuisine, et une fois dans la cuisine, prendre le contrĂŽle de lâiPad qui est sur le rĂ©frigĂ©rateur pour lui envoyer une vidĂ©o qui lui indiquera de fermer son poĂȘle. Notre but, câest lâautonomisation. On souhaite que la personne rĂ©ussisse Ă corriger ses erreurs par elle-mĂȘme, mais Ă©videmment, sâil y a un danger immĂ©diat, on va intervenir plus directement.
Quels sont les défis dans votre champ de recherche ?
Bruno Bouchard : La technologie pour faire tout ce que lâon souhaite faire existe dĂ©jĂ . Les capteurs dont on a besoin pour aller chercher lâinformation existent, les effecteurs qui nous servent Ă guider la personne lorsque lâon veut lâaider Ă faire quelque chose existent Ă©galement. On se sert dâĂ©crans sur lesquels envoyer des images, de haut-parleurs, de lumiĂšres pour pointer et flasher, de bras robotisĂ©s, tout cela existe. Notre principal verrou scientifique, câest dâĂȘtre capable de rĂ©unir les informations et de crĂ©er une intelligence artificielle qui sera capable dâexploiter toute cette masse de donnĂ©es lĂ pour ĂȘtre capable de synthĂ©tiser une solution. Le dĂ©fi majeur est bien lĂ : comment partir des milliers de donnĂ©es brutes provenant des capteurs (mouvement dâun objet, baisse de luminositĂ©) pour ĂȘtre capables de sĂ©lectionner les donnĂ©es pertinentes ? Comment les traiter intelligemment pour ĂȘtre capable de comprendre quelle est lâaction en cours, la prĂ©sence ou non de danger ou dâerreur cognitive ? Notre objectif est dâĂȘtre capables de nettoyer et sĂ©lectionner les donnĂ©es pour comprendre le sens des activitĂ©s de la personne. Le premier challenge scientifique rencontrĂ© au laboratoire concerne les modĂšles dâintelligence artificielle pour la reconnaissance dâactivitĂ©s en temps rĂ©el. Le deuxiĂšme grand problĂšme, câest lâapprentissage machine : comment passer dâun historique de donnĂ©es Ă des dĂ©ductions de comportements ou de tendances pour savoir ce qui est normal et ce qui ne lâest pas ? Comment peut-on apprendre les routines et les habitudes de vie des personnes automatiquement Ă partir dâapprentissage machine pour mieux pouvoir les assister ? TroisiĂšmement, il faut ĂȘtre capable de construire une solution dâassistance en temps rĂ©el. Si je sais que la personne est en train de faire telle activitĂ© Ă tel endroit, il faut que je construise rapidement une solution dâassistance qui est adaptĂ©e Ă cette erreur-lĂ pour lâaider. Ici encore, câest un algorithme dâintelligence artificielle qui va analyser les appareils disponibles dans la piĂšce pour lui envoyer des indices afin de lui dire oĂč aller et quoi faire. Il faut analyser les modalitĂ©s disponibles ainsi que les diffĂ©rentes options pour construire dynamiquement une solution dâurgence.
Comment vous ĂȘtes-vous intĂ©ressĂ© Ă ce sujet ?
Bruno Bouchard : Cela sâest fait plutĂŽt naturellement. Jâai fait une maitrise Ă lâUQAM en informatique en intelligence artificielle, mais plus axĂ©e sur le commerce Ă©lectronique. Lorsque jâai dĂ©butĂ© mes Ă©tudes doctorales Ă lâuniversitĂ© de Sherbrooke, jâai dĂ©couvert un nouveau laboratoire qui venait tout juste dâĂȘtre construit, le laboratoire Domus. Ce dernier se voulait multidisciplinaire, avec un programme qui portait sur la domotique dans les rĂ©sidences. La recherche tournait autour de la disposition de capteurs et dâeffecteurs dans les rĂ©sidences, leur exploitation, et les diffĂ©rentes applications. La santĂ© Ă©tait une application parmi les autres, au dĂ©part dâimportance rĂ©duite, mais vouĂ©e Ă une croissance fulgurante au fil du temps. Quand je suis arrivĂ© lĂ , de me dĂ©gager un projet en adĂ©quation avec mon expertise en intelligence artificielle et avec le domaine du laboratoire. Jâai tout de suite pensĂ© au maintien Ă domicile, et jâai donc fait de nombreuses recherches sur le sujet. Ă ma connaissance, cette initiative Ă©tait parmi les premiĂšres dans le domaine au QuĂ©bec. Jâai regardĂ© comment je pouvais exploiter mes connaissances en intelligence artificielle pour les utiliser pour la reconnaissance dâactivitĂ©s de personnes souffrant dâAlzheimer, et jâen ai fait mon sujet de thĂšse. Les recherches que jâai faites ont Ă©tĂ© lâembryon du programme de recherche plus large de lâĂ©quipe du laboratoire. Par la suite, jâai effectuĂ© un stage post doctoral Ă lâuniversitĂ© de Toronto en technologies dâassistance. Quand jâai eu mon poste Ă lâUQAC, il nây avait rien dans ce domaine-ci. Avec lâexpĂ©rience que jâavais, jâai proposĂ© Ă la direction de fonder ici, un laboratoire dĂ©diĂ© sur la recherche dans le crĂ©neau de lâintelligence ambiante pour le domaine de la santĂ©. Cela a Ă©tĂ© acceptĂ©. Jâai donc dĂ©marrĂ© un nouveau laboratoire avec mon collĂšgue Abdenour Bouzouane il y a environ une dizaine dâannĂ©es.
Que diriez-vous Ă quelquâun qui dĂ©bute dans votre domaine?
Bruno Bouchard : Je lui dirais tout dâabord que câest un domaine trĂšs captivant et en plein essor. Les perspectives au niveau de lâemploi, de la recherche et du dĂ©veloppement sont phĂ©nomĂ©nales. Il y a un nombre incroyable dâentreprises qui dĂ©marrent dans le domaine des technologies de la santĂ©. Le marchĂ© des technologies est en pleine augmentation un peu partout dans les pays occidentaux. Lâintelligence artificielle fait des bonds de gĂ©ants et est de nos jours trĂšs tendance, beaucoup dâentreprises prennent le virage. Lâexpertise que lâon vient chercher dans ce domaine-lĂ , câest de lâexpertise que lâon peut rĂ©utiliser vraiment partout : reconnaitre des activitĂ©s humaines dans un appartement ou reconnaitre dâautres activitĂ©s, cela ne fait pas grande diffĂ©rence. En parallĂšle, les technologies dans le domaine de la santĂ© sont en pleine expansion aussi. Dâun cĂŽtĂ©, il y a lâessor de lâintelligence artificielle, mais il y a aussi de plus en plus dâargent investi dans les technologies de la santĂ© pour trouver des solutions technologiques aux problĂšmes de vieillissement de la population. Travailler Ă la frontiĂšre entre ces deux domaines dâavenir est donc vraiment captivant ! De plus, les produits que lâon dĂ©veloppe apportent une solution concrĂšte aux gens : leur satisfaction est motivante, tout autant que le fait de voir le fruit de nos recherches sous une forme physique. Par exemple, nous avons conçu une cuisiniĂšre intelligente pour les personnes atteintes dâAlzheimer : câĂ©tait un aboutissement trĂšs gratifiant !
Texte par Camille Briquet
Propos recueillis par Camille Briquet
Le regroupement Abitibi Ouest, au service des proches aidants
Voici notre quatriĂšme entrevue de la sĂ©rie dâarticles dressant le portrait dâorganisations qui Ćuvrent Ă mieux accompagner les proches aidants (relire la troisiĂšme entrevue). Notre Ă©quipe a eu le plaisir dâĂ©changer avec le regroupement des proches aidants Abitibi-Ouest, afin dâen apprendre un peu plus sur leurs activitĂ©s et les diffĂ©rents dĂ©fis quâils rencontrent au quotidien. Venez dĂ©couvrir leur tĂ©moignage et vous plonger dans leur quotidien !
AmĂ©liorer le quotidien des proches aidants de la rĂ©gion dâAbitibi
Le regroupement des proches aidants dâAbitibi-Ouest a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 2010 avec un but prĂ©cis : accompagner les proches aidants tout au long de leur parcours en amĂ©liorant leur qualitĂ© de vie. Quel que soit le type dâincapacitĂ© de la personne aidĂ©e, lâorganisme vient en aide Ă ses proches afin de les aider Ă trouver un Ă©quilibre de vie satisfaisant. Les intervenants nâont pas peur de se dĂ©placer, et offrent leur service dans tout le secteur dâAbitibi-Ouest : peu importe sâil faut faire de la route ! Les diffĂ©rentes activitĂ©s de lâorganisme ainsi vĂ©hiculĂ©es Ă travers la rĂ©gion permettent ainsi de briser lâisolement des proches aidants et de leur apporter le soutien dont ils ont besoin.
« Les gens sont nombreux Ă vivre avec la maladie, voilĂ pourquoi on offre des ateliers, des confĂ©rences, des interventions individuelles ou de groupe. Tout cela, câest pour permettre aux proches aidants de bĂ©nĂ©ficier dâune assistance afin dâĂ©viter lâĂ©puisement. Lors des rencontres, on va parler de diffĂ©rents sujets, cela permet Ă©galement de briser lâisolement. Souvent, les aidants restent Ă la maison, ça leur prend beaucoup de temps, ils ne sortent donc pas beaucoup, ils ne voient quasiment personne, donc nos interventions permettent aussi de briser lâisolement. »
Des activités adaptées pour une assistance toujours plus personnalisée
Le regroupement offre de nombreuses activitĂ©s de groupe basĂ©es sur le soutien, lâentraide et le partage. Les activitĂ©s traitent de diffĂ©rents sujets : parmi les principaux, on compte le respect de ses limites personnelles, la gestion du stress, lâanxiĂ©tĂ© au quotidien, ou encore lâĂ©vitement de lâĂ©puisement. Les intervenants informent les proches aidants sur les ressources Ă leur disposition, leur donnent des pistes pour mieux communiquer avec leur aidĂ©, et les rassurent Ă©galement sur leur potentiel sentiment de culpabilitĂ©. Certains ateliers informatifs sont aussi mis en place, avec pour but de prĂ©senter une maladie particuliĂšre, ou mĂȘme lâorganisme en tant que tel. Des interventions plus personnelles peuvent Ă©galement avoir lieu de maniĂšre physique (Ă domicile et au travail) comme tĂ©lĂ©phonique. Enfin, lâorganisme collabore Ă©galement avec un autre organisme, la Maison Saint-AndrĂ©, afin de proposer un service de rĂ©pit accompagnement. Ainsi, un intervenant peut venir prendre le relai dans lâassistance du malade durant 3 heures par semaine, tandis que le proche aidant peut alors prendre du temps pour lui.
« Toutes nos interventions, quâelles soient sous forme individuelle, collective, ou mĂȘme sous forme dâatelier, sont ouvertes Ă tous. Elles sont faites pour que les proches aidants trouvent leurs limites et se sentent accompagnĂ©s dans leurs dĂ©marches. Les interventions de groupe, câest un peu comme un groupe de soutien, câest ouvert au dialogue, les gens sont Ă lâaise. On se rencontre 5 fois par annĂ©e, et les interventions sont gratuites. »
Un défi de visibilité et un financement parfois limité
En tant quâorganisme communautaire, le regroupement des proches aidants dâAbitibi-Ouest a toujours Ă©tĂ© confrontĂ© Ă un dĂ©fi majeur : la recherche de financement. Ă chaque nouveau projet dâatelier ou dâactivitĂ©, le besoin dâargent se fait ressentir : une rĂ©alitĂ© Ă laquelle il peut parfois ĂȘtre pĂ©nible de faire face. De plus, une autre difficultĂ© se prĂ©sente lorsquâil sâagit de rejoindre les diffĂ©rents proches aidants. En effet, en Abitibi, les municipalitĂ©s sont Ă©loignĂ©es les unes des autres, ce qui rend difficile le fait de se faire connaĂźtre et de se montrer accessible. Alors, lâorganisme vise sur une visibilitĂ© maximisĂ©e : publication de ses activitĂ©s dans le journal, sur les panneaux Ă©lectroniques des villes, envoie de publicitĂ© partout oĂč cela est possible⊠le regroupement envoie Ă©galement les actualitĂ©s sur ses activitĂ©s Ă venir Ă ses 56 membres afin que ces derniers ne manquent rien des interventions futures.
« On se sert de notre Ă©quipe de membres, on fait le plus possible de publicitĂ© pour notre organisme afin dâavoir de la visibilitĂ©. En plus de cela, on essaie de participer Ă diffĂ©rents colloques et salons pour se faire connaĂźtre. On va reprĂ©senter notre organisme avec nos kiosques dĂšs quâon en a la possibilitĂ©. On monte des kiosques dâinformation, on parle avec les visiteurs, on essaie de participer le plus possible aux activitĂ©s du milieu mĂ©dical et des proches aidants. Nous travaillons en partenariat avec le CISSSAT, le GMF et autres organismes communautaires.»
Des outils participatifs pour laisser les proches aidants sâexprimer
Afin de donner une ligne directrice Ă ses diffĂ©rents ateliers, le regroupement Abitibi-Ouest a fait lâacquisition de deux des outils dĂ©veloppĂ©s par la Chaire de recherche en soins infirmiers : ESPA et « Devenir aidant, ça sâapprend ». Si lâacquisition dâESPA est rĂ©cente et que lâoutil nâa pas encore eu le temps dâĂȘtre totalement exploitĂ©, « Devenir aidant » a quant Ă lui fait ses preuves. Les intervenants apprĂ©cient sa forme dâatelier, adaptĂ©e aux formats dâinterventions proposĂ©s par le regroupement, ainsi que la clartĂ© des explications proposĂ©es. Il est ainsi facile pour lâorganisme de monter ses ateliers autour de lâoutil scientifique tout en conservant lâambiance de chaleur et de partage qui leur est chĂšre. Lâoutil ESPA (Entente sur le Soutien aux Proches Aidants), quant Ă lui, est en cours dâanalyse pas lâĂ©quipe afin de lâintĂ©grer du mieux possible au sein des activitĂ©s.
« Dans « Devenir aidant, ça sâapprend, il y a beaucoup dâĂ©changes et de questions Ă poser, donc câest vraiment intĂ©ressant. Quand je regarde notre organisme et ce Ă quoi ressemblent nos interventions, je vois lâoutil comme un guide, parce que nos participants parlent beaucoup. Ăa partage Ă©normĂ©ment câest trĂšs enrichissant, quand tu poses une question, tout le monde Ă quelque chose Ă dire, câest lĂ que les ateliers deviennent super intĂ©ressants. « Devenir aidant » nous aide Ă garder le fil de la rencontre. »
Nous remercions sincĂšrement le regroupement des proches aidants dâAbitibi-Ouest dâavoir acceptĂ© de rĂ©pondre Ă nos questions et leur souhaitons bonne continuation.
Plus dâinformations
Pour plus dâinformations sur le regroupement Abitibi-Ouest :Â https://www.facebook.com/Regroupement-des-proches-aidants-dAbitibi-Ouest-1537014313265113/
Texte par Camille Briquet
Propos recueillis par Nicolas Pinget
Les produits déchets sourcés et leurs limites : rencontre avec Marilys Pradel
Marilys Pradel est ingĂ©nieure de recherche Ă Irstea au sein de lâUR « Technologies des SystĂšmes dâInformation pour les agrosystĂšmes », spĂ©cialiste de l’Ă©valuation environnementale des technologies d’Ă©pandage agricole et de nouveaux produits fertilisants y compris les boues d’Ă©puration urbaines.
Expertises
Analyse du Cycle de Vie, Bilan Carbone.
à quel besoin souhaitez-vous répondre avec votre recherche ?
Marilys Pradel : Mes recherchent portent sur lâĂ©valuation des performances environnementales des produits dĂ©chet-sourcĂ©s, avec une application aux fertilisants phosphatĂ©s destinĂ©s Ă lâagriculture. Un produit dĂ©chet-sourcĂ© est un produit qui est fabriquĂ© en utilisant un dĂ©chet comme matiĂšre premiĂšre. Ces derniers peuvent ĂȘtre une solution Ă lâĂ©puisement des ressources naturelles en permettant de remplacer Ă terme les produits issus de ressources non renouvelables. Je me suis penchĂ©e lors de ma thĂšse sur les fertilisants phosphatĂ©s Ă destination de lâagriculture. La grande majoritĂ© des engrais phosphatĂ©s utilisĂ©s en agriculture sont produits Ă partir de roches phosphatĂ©es, et donc issus de lâextraction miniĂšre. Cette ressource est consĂ©quemment en train de sâĂ©puiser. Aujourdâhui, on sait quâen 2030 aura lieu un pic de la production de phosphore. AprĂšs, forcĂ©ment, il y aura un Ă©puisement continu de la roche source. 2030 ce nâest que dans moins de 15 ans! Il nous reste donc peu de temps pour rĂ©flĂ©chir Ă des solutions et trouver des productions alternatives Ă ces fertilisants minĂ©raux phosphatĂ©s. Lâune des solutions est dâaller chercher la ressource en phosphore dans les dĂ©chets, essentiellement les dĂ©chets issus des Ă©levages ou des stations dâĂ©puration. Dans mon cas, je me suis intĂ©ressĂ©e au cas des boues issus des stations dâĂ©puration des eaux usĂ©es comme matiĂšre premiĂšre pour rĂ©cupĂ©rer le prĂ©cieux phosphore.
En rĂ©sumĂ©, mes recherches cherchent Ă dĂ©terminer de maniĂšre pertinente lâimpact environnemental des produits dĂ©chet-sourcĂ©s et Ă savoir comment amĂ©liorer la mĂ©thode dâAnalyse du Cycle de Vie pour rĂ©pondre Ă ces enjeux. Pour lâinstant, les professionnels intĂ©ressĂ©s sont plutĂŽt les traiteurs dâeau. Ils doivent en effet gĂ©rer la boue gĂ©nĂ©rĂ©e par le procĂ©dĂ© comme un dĂ©chet mais ils pourraient tout aussi bien la valoriser comme un produit. Au lieu dâincinĂ©rer les boues ou de les Ă©pandre directement sur les sols agricoles, ils pourraient rĂ©cupĂ©rer le phosphore et le vendre comme un fertilisant produit par la station.
Quels sont les défis dans votre champ de recherche ?
Marilys Pradel : Je vois principalement deux défis majeurs.
Le premier consiste Ă mieux prendre en compte le cycle de vie des produits dĂ©chet-sourcĂ©s, et notamment la maniĂšre de prendre en compte la charge environnementale liĂ©e Ă la production du dĂ©chet qui devient un produit. Quand on fait une Analyse du Cycle de Vie, on analyse les impacts environnementaux des produits en prenant en compte lâintĂ©gralitĂ© de leurs cycles de vie, de leur fabrication Ă leur fin de vie. Le recyclage permet en quelque sorte de « boucler la boucle », car il Ă©vite de puiser Ă nouveau dans le milieu naturel. LâACV a Ă©galement la particularitĂ© dâĂȘtre multicritĂšre : elle permet dâĂ©valuer plusieurs impacts sur lâenvironnement. On peut ainsi apprĂ©cier lâimpact sur le changement climatique, lâeutrophisation du milieu aquatique, la toxicitĂ© humaine, la destruction de la couche dâozone⊠Il existe Ă©galement un indicateur qui permet dâĂ©valuer lâĂ©puisement des ressources naturelles. Le dĂ©fi, ici, câest tout dâabord que dans le cycle de vie dâun produit, le dĂ©chet qui sort du systĂšme nâa pas de charge environnementale mais seulement un contenu (azote, phosphore, carbone). Vous ne prenez pas en compte les impacts du systĂšme qui lâont produit. Or, Ă partir du moment oĂč un dĂ©chet entre dans une chaine de valeur et crĂ©e indirectement de la valeur par sa transformation en un produit Ă valeur ajoutĂ©e, la notion de « zĂ©ro charge environnementale » nâest plus valide. Il va falloir prendre en compte les impacts environnementaux qui sont liĂ©s Ă sa fabrication, câest-Ă -dire allouer les impacts du systĂšme qui a produit le dĂ©chet entre ce dernier et les autres produits quâil gĂ©nĂšre au moyen dâun facteur dâallocation. Ce questionnement mĂ©thodologique a Ă©tĂ© au cĆur de ma thĂšse de doctorat. Le concept est novateur et nâa jamais Ă©tĂ© pensĂ© pour les produits issus du traitement des eaux usĂ©es. Le premier dĂ©fi, câest donc de continuer sur cette lancĂ©e. Jâai travaillĂ© sur les boues dâĂ©puration des eaux usĂ©es, mais la mĂ©thode que jâai dĂ©veloppĂ©e peut trĂšs bien sâappliquer sur des effluents dâĂ©levage ou dâautres procĂ©dĂ©s de sĂ©paration.
Le second dĂ©fi est lâamĂ©lioration des mĂ©thodes de caractĂ©risation en ACV vis-Ă -vis de lâĂ©puisement des ressources naturelles. On regarde notamment ici comment les rĂ©serves dâĂ©lĂ©ments renouvelables issus des activitĂ©s anthropiques peuvent contribuer Ă la rĂ©duction de la criticitĂ© des ressources. Les mĂ©thodes de caractĂ©risation sont des mĂ©thodes permettant de transformer les flux dâinventaire (par exemple, la quantitĂ© de phosphore qui sort de notre systĂšme) en impact environnemental. Or, on sâest rendu compte que le phosphore nâĂ©tait pris en compte que dans trois mĂ©thodes de caractĂ©risation et nâĂ©tait pas forcĂ©ment bien Ă©valuĂ© en termes dâĂ©puisement des ressources. Il y a donc tout un volet de recherches visant Ă amĂ©liorer ces mĂ©thodes de caractĂ©risation pour mieux prendre en compte tous les Ă©lĂ©ments renouvelables issus de lâanthroposphĂšre. Pour lâinstant, ces mĂ©thodes de caractĂ©risation nâĂ©valuent que ce qui est issu du milieu naturel, et câest lĂ notre second dĂ©fi principal.
Comment vous ĂȘtes-vous intĂ©ressĂ©e Ă ce sujet ?
Marilys Pradel : Jâai toujours Ă©tĂ© intĂ©ressĂ©e par les questions environnementales. Mon intĂ©rĂȘt pour lâĂ©valuation environnementale des produits dĂ©chet-sourcĂ©s sâest dĂ©veloppĂ© lorsque jâai Ă©tĂ© sollicitĂ© par le ministĂšre de lâĂ©cologie français et lâONEMA (Office National de lâEau et des Milieux Aquatiques) pour rĂ©aliser le bilan environnemental (Gaz Ă effet de serre) des filiĂšres de traitement et de valorisation des boues dâĂ©puration urbaines. Ces travaux mâont conduit Ă mâintĂ©resser Ă lâĂ©valuation des fertilisants boue-sourcĂ©s (tel que la struvite par exemple) et donc plus largement aux produits dĂ©chet-sourcĂ©s. Avant je travaillais plus sur la partie qui touchait Ă lâĂ©pandage et Ă la valorisation et avec le temps, on a commencĂ© Ă sâintĂ©resser Ă la filiĂšre entiĂšre.
Que diriez-vous Ă quelquâun qui dĂ©bute dans votre domaine?
Marilys Pradel : Tout dâabord, je lui dirais quâil a fait le bon choix, parce que quelquâun qui voudrait travailler dans ce domaine-lĂ aurait un champ dâinvestigation relativement important : câest un sujet dâavenir ! On sait tous quâĂ terme, les rĂ©serves de ressources naturelles vont sâĂ©puiser, et que le gros dĂ©fi va ĂȘtre de mettre en place un procĂ©dĂ© de rĂ©cupĂ©ration de ces ressources qui soit respectueux de lâenvironnement. Pour lâinstant quand on rĂ©alise lâACV dâun fertilisant conventionnel et dâun fertilisant issu des boues dâĂ©puration, on se rend compte que ce nâest pas du tout rentable dâun point de vue environnemental. La quantitĂ© de rĂ©actifs et dâĂ©nergie quâil faut pour pouvoir extraire cette ressource est plus importante que celle nĂ©cessaire pour lâextraire dâune roche phosphatĂ©e. Tout lâenjeu va ĂȘtre de trouver des procĂ©dĂ©s de rĂ©cupĂ©ration qui puissent maximiser la rĂ©cupĂ©ration du phosphore, tout en minimisant lâimpact sur lâenvironnement. Câest le grand dĂ©fi de la rĂ©cupĂ©ration dâĂ©lĂ©ments recyclables issus des dĂ©chets pour compenser lâĂ©puisement des ressources naturelles. Câest un enjeu compliquĂ©, ce qui le rend dâautant plus intĂ©ressant.
Texte par Camille Briquet.
Propos recueillis par Camille Briquet.
Luc Bres et la responsabilitĂ© sociale des entreprises : devenir acteur dâune sociĂ©tĂ© marchandisĂ©e
Luc Bres a Ă©tĂ© Ă©tudiant (Ph.D) Ă HEC MontrĂ©al. Sa thĂšse de doctorat a Ă©tĂ© nominĂ©e pour la meilleure thĂšse de lâannĂ©e en 2013. AprĂšs un postdoctorat Ă la Cass Business Shool Ă Londres, il est maintenant professeur adjoint au dĂ©partement de management Ă la facultĂ© des sciences de l’administration de l’UniversitĂ© Laval oĂč il codirige le Laboratoire interdisciplinaire de la responsabilitĂ© sociale des entreprises (LIRSE). Luc est spĂ©cialisĂ© sur les problĂ©matiques de responsabilitĂ© sociale des entreprises, le dĂ©veloppement durable et les diffĂ©rents outils de management.
Expertises
Développement durable, responsabilité sociale, outils de gestion, régulation.
à quel besoin souhaitez-vous répondre avec votre recherche ?
Luc BrĂšs : En rĂ©sumĂ©, je mâintĂ©resse Ă la maniĂšre dont on peut se rĂ©approprier les marchĂ©s et les entreprises pour leur donner Ă nouveau une vocation sociale et responsable. De nos jours, on entend souvent que lâon vit dans des sociĂ©tĂ©s extrĂȘmement marchandisĂ©es. Il est vrai quâaujourdâhui, le marchĂ© sâĂ©tend Ă tout : de lâĂ©ducation au corps, en passant par la culture, tous les domaines sont reprĂ©sentĂ©s ! Une fois ce constat rĂ©alisĂ©, chacun est libre de choisir sa façon de rĂ©agir. Certains sont dĂ©sespĂ©rĂ©s et diabolisent le marchĂ©, lâassimilant Ă une mĂ©canique implacable, impossible Ă maitriser, et menaçante pour toute forme de culture alternative. Dâautres choisissent au contraire de lutter Ă lâextĂ©rieur du marchĂ© Ă travers une activitĂ© militante et politique. Cette dynamique peut ĂȘtre trĂšs intĂ©ressante, mais une troisiĂšme voie possible est de chercher comment rentrer soi-mĂȘme dans une logique Ă©conomique. GrĂące Ă cela, il est possible de transformer lâĂ©conomie et les entreprises directement de lâintĂ©rieur, en tant quâacteur Ă©conomique. On peut noter par exemple le cas du chef dâentreprise qui va dĂ©velopper un modĂšle dâaffaire responsable, tout comme celui du consommateur qui va acheter de maniĂšre raisonnĂ©e. Les investisseurs peuvent Ă©galement agir de maniĂšre engagĂ©e en sâintĂ©ressant Ă tout ce que lâon appelle « lâinvestissement socialement responsable ». Mon rĂŽle, câest de mâintĂ©resser Ă tout cela : Ă la maniĂšre dont on peut se rĂ©approprier les marchĂ©s et les entreprises Ă travers nos actions comme acteurs Ă©conomiques.
Quels sont les défis dans votre champ de recherche ?
Luc Bres : Il y a trois dĂ©fis assez importants dans le domaine de la moralisation de lâentreprise et des acteurs Ă©conomiques.
Le premier, câest que lorsque lâon travaille sur la place publique ou en entreprise, on est souvent face Ă une vision polarisĂ©e des marchĂ©s. On est un peu entre le marteau et lâenclume. Notre vision du marchĂ© nâest pas naĂŻve, on ne pense pas que le marchĂ© va rĂ©soudre tous les problĂšmes sociĂ©taux, mĂȘme sâil ne faut pas ĂȘtre caricatural, câest parfois ce que lâon voit dans certains milieux dâaffaires. On nâa pas non plus une vision diabolique du marchĂ©, ce comme on peut parfois le voir dans les milieux plus militants. Bien sĂ»r, il y a plein dâONG avec des visions trĂšs diverses : Greenpeace, par exemple, travaille avec les grandes entreprises, de mĂȘme quâil y a des entreprises et des dirigeants qui proposent des dĂ©marches trĂšs responsables et innovant socialement. Pour autant, on est toujours un peu en tension entre les diffĂ©rents points de vue. Ăa, câest notre premier dĂ©fi dans la maniĂšre dont on aborde nos partenaires et dont on prĂ©sente les rĂ©sultats de recherche.
Il y a un deuxiĂšme dĂ©fi qui est plutĂŽt situĂ© au niveau de la mise en Ćuvre. On utilise beaucoup la sociologie Ă©conomique pour essayer de dĂ©mystifier les marchĂ©s et lâentreprise. Câest une approche qui commence Ă ĂȘtre assez reconnue dans le monde universitaire. La question qui se pose souvent est « Comment faire pour tirer des enseignements concrets pour les acteurs Ă©conomiques ?â». Câest rĂ©pondre Ă cette interrogation que jâai co crĂ©Ă© et que je codirige avec des collĂšgues le LIRSE (Laboratoire Interdisciplinaire sur la ResponsabilitĂ© Sociale des Entreprises) qui est un laboratoire donc avec une vocation plus opĂ©rationnelle. On tente de dĂ©velopper des outils concrets, de rĂ©flĂ©chir Ă des modĂšles dâaffaires plus responsables, de produire un contenu spĂ©cialisĂ© Ă destination des praticiens. Dans ce cadre-ci, on fait face Ă des enjeux de financement. Il nâest pas Ă©vident dâĂȘtre capable de communiquer sur ce que lâon a Ă offrir, cela fait partie des enjeux de lâopĂ©rationnalisation. Je pense que dans le domaine, la recherche fondamentale est dĂ©jĂ bien avancĂ©e et reconnue. Pour la recherche opĂ©rationnelle, câest plus compliquĂ©.
La derniĂšre chose, câest quâavec mes collaborateurs, nous sommes trĂšs conscients. On rĂ©flĂ©chit Ă©normĂ©ment aux consĂ©quences de nos travaux, et comme je le disais au dĂ©but, lâentreprise et le marchĂ© ne sont pas vus de la mĂȘme maniĂšre par tout le monde. On est parfois Ă©tonnĂ©s de comment les rĂ©sultats de certaines recherches sont interprĂ©tĂ©s. Par exemple, il y a peu de temps, on a travaillĂ© sur les consultants : certaines personnes vont croire que lâon fait lâapologie du marchĂ© et dâautres penseront lâinverse. Ătant donnĂ© que lâon touche Ă un domaine assez chargĂ© politiquement et animĂ© par un dĂ©bat permanent, il est vrai que nos rĂ©sultats de recherche peuvent ĂȘtre parfois un peu dĂ©tournĂ©s de ce que nous-mĂȘmes percevons dans ses rĂ©sultats. Cela rejoint lâenjeu de lâopĂ©rationnalisation : il y a un enjeu de bien prĂ©senter les rĂ©sultats pour que ces derniers soient les plus fidĂšles possible par rapport Ă ce que lâon pense quâils mettent en valeur. Il est important que les nĂ©ophytes comprennent le fond de notre recherche.
Comment vous ĂȘtes-vous intĂ©ressĂ© Ă ce sujet ?
Luc Bres : Jâai fait mon mĂ©moire de recherche sur la sociologie de Michel Freitag. Câest un sociologue quĂ©bĂ©cois extrĂȘmement critique sur lâĂ©poque actuelle, que lui et dâautres sociologues appellent la postmodernitĂ©. Lâobjet de mon mĂ©moire Ă©tait justement lâimpossibilitĂ© ou lâextrĂȘme difficultĂ© de rĂ©guler et de contrĂŽler les organisations (souvent des entreprises et des multinationales). Câest un constat un peu pessimiste qui mâa poussĂ© Ă me demander si tout Ă©tait vĂ©ridique. Je lâai alors Ă©tudiĂ© dans ma thĂšse Ă travers la construction dâISO 26000, qui est la norme internationale ISO sur la responsabilitĂ© sociale des entreprises. Pour moi, ce qui a Ă©tĂ© lâĂ©lĂ©ment dĂ©clencheur, ce qui mâa fait aller vers ce type de recherche, câest lâĂ©tude des rĂ©gulations. Jâai compris lors de ma thĂšse que ce que lâon appelle « rĂ©gulations » peut ĂȘtre diffĂ©rentes choses. Il y a tout dâabord la loi dure : par exemple, si vous conduisez trop vite, vous vous ferez prendre par la police et vous aurez une amende. Câest souvent le premier type de rĂ©gulation qui vient Ă lâesprit. Contrairement Ă ce que lâon croit, cela peut aussi ĂȘtre des choses beaucoup plus subtiles. Cela va dâune norme dâapplication volontaire, comme câest donc le cas dâISO 26000, ou, comme citĂ© prĂ©cĂ©demment, des modĂšles dâaffaires responsables. Ainsi, une entreprise responsable qui a beaucoup de succĂšs commercial peut inspirer dâautres acteurs et voir mĂȘme tout un secteur de lâindustrie. CâĂ©tait un peu le cas de Uber ou de AirBnb qui ont transformĂ© leurs secteurs dâindustrie. Maintenant, leurs pratiques sont franchement critiquables sur le plan de la responsabilitĂ©, mais au dĂ©part, il y avait un projet intĂ©ressant dans lâidĂ©e de partager les biens plutĂŽt que dâen produire ou en consommer dâautres.
Que diriez-vous Ă quelquâun qui dĂ©bute dans votre domaine?
Luc Bres : Il y a plusieurs choses que je dirais. PremiĂšrement, je pense que quand on travaille sur la rĂ©appropriation des marchĂ©s ou sur la responsabilitĂ© des entreprises, il faut de lâintĂ©gritĂ©. On est toujours face Ă cette tension, entre ce que peuvent rĂ©ellement apporter les entreprises, leurs limites, leurs dĂ©viances… Par contre, je pense que ce qui est fascinant, câest que si on cherche Ă transformer la sociĂ©tĂ© et Ă la rendre meilleure en agissant au sein de lâentreprise et des marchĂ©s, on est vraiment au centre du combat social actuel. Câest le lieu de la lutte sociale par excellence en ce moment, parce que lâon est dans une sociĂ©tĂ© trĂšs marchandisĂ©e. De par cela, le meilleur et le pire sont possibles, mais pour moi câest un domaine stratĂ©gique.
Texte par Camille Briquet.
Propos recueillis par Camille Briquet.
Les proches aidants en milieu rural : le dĂ©fi quotidien dâEmmanuelle Merveille
Voici notre troisiĂšme entrevue de la sĂ©rie dâarticles dressant le portrait dâorganisations qui Ćuvrent Ă mieux accompagner les proches aidants (relire la seconde entrevue). Nous avons eu le plaisir de discuter avec Emmanuelle Merveille, membre de la Plateforme des Aidants de Charente, qui nous a confiĂ© les secrets de la rĂ©ussite de son organisme. DĂ©couvrez les activitĂ©s et les dĂ©fis de la plateforme ! Les citations sont celles dâEmmanuelle Merveille.
Une prise de conscience quant aux besoins des proches aidants
Tout a commencĂ© en 2005, lorsque le gouvernement français a dĂ©cidĂ© de crĂ©er la Caisse Nationale de SolidaritĂ© pour lâAutonomie (CNSA). Cette derniĂšre est notamment chargĂ©e depuis 2006 de participer au financement de lâaide Ă lâautonomie des personnes ĂągĂ©es, des personnes en situation de handicap et de lâaide aux aidants. GrĂące aux plans gouvernementaux et Ă lâorganisation des financements sont nĂ©es les plateformes dâaccompagnement et de rĂ©pit des aidants en 2008. Le cahier des charges de ces plateformes est intĂ©grĂ© au plan des maladies Alzheimer et maladies apparentĂ©es 2008 -2012 et est repris dans le plan des maladies neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives 2014 -2019. Lorsque vint le tour du dĂ©partement de la Charente de rĂ©pondre Ă lâappel Ă projets dâinstallation dâune plateforme dâaccompagnement et de rĂ©pit des aidants sur le territoire, trois hĂŽpitaux ont participĂ© Ă lâĂ©criture du dossier pour proposer un dispositif qui couvrirait le sud et lâouest de la Charente. Câest dans ce cadre quâEmmanuelle Merveille a rejoint le centre hospitalier de ChĂąteauneuf, en 2015, et câest ainsi quâest nĂ©e la premiĂšre plateforme de soutien aux proches aidants de Charente. Aujourdâhui, le nombre de proches aidants en France est estimĂ© Ă plus de 8 millions de Français. Pour faire face Ă cette demande grandissante, Emmanuelle Merveille doit se documenter constamment pour rĂ©pondre du mieux possible aux besoins des proches-aidants de sa rĂ©gion. Selon les rĂ©gions, les territoires, les axes de travail sont diffĂ©rents : il faut sâadapter, lire, se coordonner avec les acteurs locaux et sâintĂ©grer dans la culture partenariale afin de travailler efficacement.
« La culture du soutien aux aidants, ce nâest pas si ancien que ça. Il y a une eu prise de conscience dans les annĂ©es 2000. Lâassociation France Alzheimer a beaucoup contribuĂ© Ă la cause des proches aidants, parce que la maladie dâAlzheimer a un impact inĂ©luctable sur les familles. Câest donc  grĂące Ă eux et dâautres associations que les regards ont commencĂ© Ă changer. Quand je suis arrivĂ©e Ă mon poste, lâobjectif Ă©tait de mettre en place notre plateforme. Je me suis beaucoup documentĂ©e afin de façonner le projet et essayer dâavoir le dispositif le plus adaptĂ© aux proches aidants. Chaque dispositif de soutien aux aidants expĂ©rimente localement, il y a donc des disparitĂ©s. Chacun fait chacun du mieux quâil peut en fonction de son territoire ».
Des activités sur mesure pour un accompagnement optimal
La ruralitĂ© du territoire charentais est bien rĂ©elle ; la plateforme des aidants doit donc sây adapter. Les proches aidants nâaimant pas venir chercher de lâaide, la plateforme des aidants rencontre des personnes qui ont souvent dĂ©jĂ un long vĂ©cu dâaidant. Cela transforme alors le but de la plateforme charentaise, qui est au dĂ©part prĂ©ventif, en un but curatif. Les proches aidants dĂ©jĂ affaiblis par la maladie de leur proche bĂ©nĂ©ficient alors dâun soutien individuel personnalisĂ©, entrecoupĂ© de quelques actions collectives coconstruites avec les partenaires.
Lors du processus, des rencontres dites « entre-aidants » sont mises en place. Temps collectifs conviviaux, ces derniĂšres servent Ă aborder certains thĂšmes particuliers, informer les aidants et les rassurer. La plateforme organise Ă©galement des ateliers « Un temps pour soi », lors desquels une auxiliaire mĂ©dico-psychologique et ex-esthĂ©ticienne rend visite aux aidants afin de leur offrir une mise en beautĂ© et de leur rehausser leur estime de soi. Lorsque le proche aidant a besoin de sâabsenter pour une raison quelconque, la plateforme des aidants est Ă©galement lĂ et propose des services de relai Ă domicile. Parfois mĂȘme sont organisĂ©s avec lâassociation française des aidants des formations spĂ©ciales, ainsi quâun programme psychoĂ©ducatif dâaccompagnement.
« On est vraiment dans une dĂ©marche au cas par cas. On nâa pas copiĂ©-collĂ© des actions dâune personne Ă lâautre, câest-Ă -dire quâon part vraiment du public quâon aide et accompagne. On dĂ©marre de lĂ oĂč il y a un besoin et on propose le soutien qui convient le mieux. On ne se dit pas « on va faire une journĂ©e randonnĂ©e » comme ça sans raison, mais si on croise quelques aidants qui nous font ressentir que ça leur ferait du bien, on peut le mettre en place. On garde donc une grande souplesse dans lâĂ©tablissement de nos actions. On construit nos actions en fonction du public que lâon accompagne. »
La plateforme des aidants face aux défis des milieux ruraux
Le dĂ©fi de la plateforme des aidants est de proposer un appui individuel et collectif afin de permettre une meilleure qualitĂ© de vie au quotidien pour les aidants. Seules, les mesures de rĂ©pit ne suffisent pas Ă prĂ©venir lâĂ©puisement et la souffrance des proches aidants : il a donc fallu adapter la procĂ©dure au fil du temps. Un autre dĂ©fi rencontrĂ© est de faire face Ă la ruralitĂ© du milieu, et dâarriver Ă briser les barriĂšres entre les proches aidants et les solutions de soutien qui sont Ă leur disposition. Les gens sont de nature pudique, et ont tendance Ă garder leurs problĂšmes pour eux. Ils ne sont pas dans une dĂ©marche de demande dâaide et sâisolent facilement. Il nâest donc parfois pas Ă©vident de rentrer en contact avec eux.
« Lorsquâun proche aidant rencontre des partenaires, parfois il exprime ses difficultĂ©s. Le partenaire qui est Ă lâĂ©coute et qui fait preuve dâempathie, reconnaĂźt la complexitĂ© de la situation et contribue Ă apporter de lâapaisement. Si par la suite le partenaire donne les coordonnĂ©es de la plateforme des aidants pour sâassurer que la personne puisse avoir un soutien par notre dispositif, en gĂ©nĂ©ral les personnes ne nous appellent pas. En effet, soulagĂ© par la rencontre, en rentrant chez lui, il se dit alors que la situation pourrait ĂȘtre pire, quâil y repensera plus tard, et il ne nous contacte finalement jamais. Câest pour cela quâavec nos partenaires,  on recommande de demander lâautorisation Ă la personne de nous transmettre ses coordonnĂ©es, et par la suite nous faisons le pas vers eux, sâappuyant sur le lien de confiance Ă©tabli avec notre partenaire.  En fonctionnant ainsi les aidants acceptent bien volontiers de nous rencontrer.
Des outils qui coĂŻncident avec la vision de la plateforme charentaise
Pour accompagner ses dĂ©marches, Emmanuelle Merveille sâaide dâESPA, une trousse provenant de la Chaire Desjardins en Soins Infirmiers. Les diffĂ©rents outils proposĂ©s ont remplacĂ© les solutions classiques « dâĂ©tat des lieux » de la situation, souvent trop nĂ©gatives par rapport Ă la vision de la plateforme des aidants. GrĂące Ă cela, Emmanuelle est en mesure de proposer aux proches aidants des solutions construites sur mesure, adaptĂ©es Ă leur situation. Les outils tels que « Devenir aidant, ça sâapprend » et « Gestion du stress » lui ont permis dâasseoir un fonctionnement, des mĂ©canismes, une dĂ©marche et une philosophie cohĂ©rente et efficace, ce qui a grandement facilitĂ© sa mission au cours de ces derniĂšres annĂ©es. Lâassociation de ces outils positifs et des compĂ©tences de lâĂ©quipe de la plateforme donne aux proches aidants la possibilitĂ© de construire eux-mĂȘmes la solution qui leur convient grĂące Ă une assistance optimale. 150 personnes ont ainsi Ă©tĂ© aidĂ©es par la plateforme depuis lâannĂ©e 2015.
« Je trouvais mes anciens outils bien trop nĂ©gatifs, je voulais aller dans une direction plus optimiste, plus ensoleillĂ©e. LâESPA mâa donc Ă©normĂ©ment aidĂ© ! LâidĂ©e de la coconstruction, de ne pas imposer ses solutions et dâĂȘtre vraiment dans la coopĂ©ration avec le proche aidant, ça nous a donnĂ© quelque part une colonne vertĂ©brale solide, basĂ©e sur des principes auxquels jâadhĂšre et que je dĂ©fends. Avec lâESPA et vos outils, jâai atteint une crĂ©dibilitĂ©Â solide auprĂšs des partenaires qui mâont vu arriver et qui ne me connaissaient pas forcĂ©ment avant. »
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Nous remercions la Plateforme des Aidants de Charente et Emmanuelle Merveille dâavoir rĂ©pondu Ă nos questions et de nous avoir permis de mieux comprendre le fonctionnement de lâorganisme. Nous souhaitons longue vie et belle rĂ©ussite Ă la plateforme des aidants.
Plus dâinformations
Pour plus dâinformations sur la Plateforme des Aidants : http://www.chateauneufsurcharente.fr/70-seniors-sante/centre-hospitalier/333-centre-hospitalier-plateforme-des-aidants
Texte par Camille Briquet
Propos recueillis par Nicolas Pinget
Jacqueline Rousseau et le maintien à domicile des personnes ùgées
Jacqueline Rousseau Ph.D, est ergothĂ©rapeute et professeure titulaire au programme dâergothĂ©rapie de lâĂcole de rĂ©adaptation de lâUniversitĂ© de MontrĂ©al. Elle est Ă©galement chercheuse au Centre de recherche de lâInstitut universitaire de gĂ©riatrie de MontrĂ©al (CRIUGM) et directrice du laboratoire RE-PĂR+E (RElation PERsonne-Environnement). Jacqueline Rousseau est LaurĂ©ate du MĂ©rite du Conseil Interprofessionnel du QuĂ©bec (CIQ)-2010, pour sâĂȘtre distinguĂ©e au service de sa profession et de son ordre professionnel.
Expertises
Maintien Ă domicile et dans la communautĂ©, dĂ©veloppement dâinstruments dâĂ©valuation, gĂ©rontechnologies, accessibilitĂ© universelle et personnalisĂ©e.
à quel besoin souhaitez-vous répondre avec votre recherche?
Jacqueline Rousseau : Mes principales activitĂ©s de recherche concernent le maintien Ă domicile des personnes ĂągĂ©es. Je dĂ©veloppe des instruments dâĂ©valuation afin de mieux comprendre la communautĂ© vieillissante Ă domicile et je mâadonne Ă mettre sur pied des technologies pour venir en aide Ă ces personnes ĂągĂ©es ainsi quâĂ leurs proches aidants. Le but est de faciliter le travail des intervenants et de permettre aux aĂźnĂ©s de demeurer Ă domicile dans les meilleures conditions. Les personnes ĂągĂ©es souhaitent demeurer le plus longtemps possible Ă la maison et ce phĂ©nomĂšne est de plus en plus dâactualitĂ© au QuĂ©bec compte tenu du taux de vieillissement parmi les plus Ă©levĂ©s au monde. Notre prioritĂ© est dâeffectuer de la recherche pour rĂ©duire leur nombre en institution. Lâobjectif est de maintenir leur qualitĂ© de vie et de favoriser le « bien vieillir » dans la communautĂ©. On observe dâailleurs des changements positifs dans le domaine. En effet, lâOrganisation mondiale de la santĂ© appuie maintenant les villes amies des aĂźnĂ©s. Ces municipalitĂ©s favorisent le maintien Ă domicile en rendant notamment le transport et les ensembles rĂ©sidentiels mieux adaptĂ©s aux personnes ĂągĂ©es et Ă mobilitĂ© rĂ©duite. Par exemple, certaines de ces municipalitĂ©s se prĂ©occupent dâavoir des feux de circulation avec un dĂ©lai plus long pour permettre aux personnes ĂągĂ©es de traverser la rue de façon sĂ©curitaire.
En somme, lâessentiel est de trouver des applications concrĂštes aux rĂ©sultats de recherches. Les stratĂ©gies et les outils dĂ©veloppĂ©s grĂące Ă la recherche doivent ĂȘtre concertĂ©s avec les personnes ĂągĂ©es, les aidants et les intervenants pour ainsi sâassurer quâils peuvent ĂȘtre utiles. Il est primordial dâadapter les stratĂ©gies selon lâopinion des personnes directement concernĂ©es.
Quels sont les défis dans votre champ de recherche?
Jacqueline Rousseau : Le plus grand dĂ©fi est de financer les projets de recherche afin de les rĂ©aliser en temps opportun. Il faudrait davantage de bourses pour les Ă©tudiantes et Ă©tudiants pour assurer une bonne relĂšve dans les domaines liĂ©s au vieillissement. LâintĂ©rĂȘt des Ă©tudiants est lĂ , mais le financement de leurs Ă©tudes et de leurs projets de recherche est insuffisant.
De plus, les changements actuels dans le réseau de la santé et des services sociaux complexifient non seulement le travail des gens concernés, mais également la réalisation des projets de recherche.
Comment vous ĂȘtes-vous intĂ©ressĂ© Ă ce sujet?
Jacqueline Rousseau : Mon intĂ©rĂȘt a dĂ©butĂ© lorsque jâĂ©tais clinicienne en tant quâergothĂ©rapeute dans une Ă©quipe de maintien Ă domicile. CâĂ©tait une des Ă©quipes pionniĂšres au QuĂ©bec Ă participer Ă la rĂ©adaptation dans les programmes de maintien Ă domicile. Mon intĂ©rĂȘt sâest dĂ©veloppĂ© en constatant quâil y avait beaucoup de connaissances Ă parfaire. En effet, jâai constatĂ© que la pratique clinique aurait avantage Ă ĂȘtre appuyĂ©e par de nouvelles Ă©tudes. AprĂšs 10 ans de pratique clinique, jâai entamĂ© une maĂźtrise puis un doctorat en recherche. Ces Ă©tudes et mon expĂ©rience mâont menĂ© vers une carriĂšre universitaire et de recherche.
Que diriez-vous Ă quelquâun qui dĂ©bute dans votre domaine?
Jacqueline Rousseau : Je dirais quâil est primordial dâĂȘtre passionnĂ© par ce que lâon fait,  il ne faut jamais perdre sa crĂ©ativitĂ© ni freiner ses idĂ©es. Ce sont souvent les idĂ©es vues comme Ă©tant ââtrop dâenvergureââ qui nous mĂšnent de lâavant et font progresser les choses. Il ne faut pas se laisser dĂ©courager par le contexte Ă©conomique et les problĂ©matiques du secteur de la santĂ©. MalgrĂ© les compressions budgĂ©taires et les changements de structures dans le secteur de la santĂ©, il faut pousser les dĂ©cideurs Ă encourager la recherche et Ă comprendre lâimportance du maintien Ă domicile. Le QuĂ©bec se positionne dâailleurs assez bien dans le maintien Ă domicile de ses aĂźnĂ©s et il est important de ne pas reculer. Lâautonomie des personnes ĂągĂ©es est favorable Ă tous, et ce, mĂȘme dâun point de vue Ă©conomique. Il est selon moi crucial que les dĂ©cisions soient prises de façon Ă appuyer le maintien Ă domicile.
Jacqueline Rousseau chez eValorix
Texte par Camille Briquet.
Propos recueillis par FĂ©lix Vaillancourt.