Entrevue : Nina Admo et la médiation sociale
Nina Admo enseigne la criminologie au département des Techniques auxiliaires de la justice du Collège de Maisonneuve et à la Faculté de l’éducation permanente de L’Université de Montréal. Elle est également chercheure au Centre international de criminologie comparée de l’Université de Montréal et à l’Institut de recherche sur l’intégration professionnelle des immigrants (IRIPI).
Expertises
Ses intérêts de recherche portent notamment sur la médiation sociale, la résolution des conflits, la médiation pénale et la justice réparatrice.
À quel besoin souhaitez-vous répondre avec votre recherche?
Nina Admo : Mes travaux portent sur l’évaluation de l’implantation et des impacts de projets en médiation sociale ou urbaine. Je fais de la recherche-action qui implique que le chercheur soit présent sur le terrain. On récolte les premiers résultats pour ensuite corriger le tir avec l’équipe sur les lieux et continuer l’évaluation par la suite.
Je cherche, à l’instar d’autres chercheurs dans le domaine, à développer des processus alternatifs à la résolution des conflits citoyens, notamment par la médiation. Certains nouveaux processus vont inclurent plusieurs groupes d’acteurs. Prenons par exemple le bruit d’un bar dans un quartier, cela donnera lieu à une méga médiation ou ce que nous appelons cercle de dialogue ou de résolution de problèmes qui impliquera des représentants citoyens, du bar, de la police, de la ville, etc. Le but est de les rassembler tous autour de la même table avec un médiateur impartial qui va venir organiser les échanges entre eux. Bien que mon champ de recherche soit la médiation sociale, je commence à m’intéresser à d’autres thématiques.
Je travaille présentement avec une équipe sur le terrain sur un projet de prévention de la radicalisation menant à la violence dans des écoles. La médiation peut être une des solutions à ces « crises des interactions sociales ».
Quels sont les principaux défis dans votre champ de recherche?
Nina Admo : Les initiatives sont un éternel projet-pilote que les villes et les institutions ont tendance à relancer à chaque fois, il n’y a pas de continuité.
Les pratiques n’ont pas levé au Québec. La médiation n’a pas su se dégager comme une alternative légitime.
En Belgique, par exemple, les gens ne peuvent plus appeler au 911 pour certains conflits de voisinage. Le service de médiation est institutionnalisé. On reconnaît l’apport de ces pratiques dans la gestion des conflits humains.
Dans ce qui se fait au Québec, l’offre est très éclatée et le titre de médiateur social n’est pas un titre protégé au Québec. En médiation sociale, il y a des organismes communautaires qui offrent en effet des services de résolutions de conflit souvent gratuits, entre autres, en guise d’alternative au système pénal ou civil. Par contre, il y en a d’autres qui parlent de médiation culturelle alors qu’il est plutôt question d’ateliers de sensibilisation à l’autre. Certains intervenants sociaux aident leurs clients dans la résolution de certains conflits interpersonnels et estiment ainsi qu’ils offrent une forme de médiation. Il n’y a pas de consensus entre les pratiques. L’offre est tellement différente qu’on ne s’entend pas sur le terrain ce que constitue la médiation sociale. Alors que quand on parle de thérapie, par exemple, tout le monde s’entend sur certains paramètres.
Que diriez-vous à quelqu’un qui débute dans votre domaine?
Nina Admo : Ils ne peuvent pas vivre de ça (rires)! Il n’y a pas vraiment de travail à temps plein dans le domaine de la médiation sociale et pénale. En parallèle de ma recherche, je vis de l’enseignement. Par contre, ce sont des milieux de travail et de recherche extrêmement stimulants!
Propos recueillis par Félix Vaillancourt.