Marie Alexandre et la didactique

Marie Alexandre et la didactiqueMarie Alexandre est professeure au baccalauréat de l’enseignement professionnel à l’unité départementale des Sciences de l’éducation de Rimouski à l’UQAR. Elle est membre du Comité scientifique de la revue Formation et profession (Revue internationale en éducation) et du Comité scientifique international de l’Académie nationale des Sciences et techniques du Sénégal.

Expertises

Processus de travail enseignant; construits (schèmes) didactiques; savoir-enseigner; formation de formateurs; environnements numériques d’apprentissage; processus de raisonnement de métier.

À quel besoin souhaitez-vous répondre avec vos recherches?

Marie Alexandre : Inscrites dans une perspective didactique, mes recherches s’articulent principalement autour de trois axes d’investigation. D’abord, concernant le processus de travail enseignant (savoir enseigner), mes travaux suggèrent que le caractère idiosyncratique du savoir enseigner est un ensemble de manifestations contextualisées découlant de l’exercice d’un processus didactique étonnamment stable. L’analyse d’ensembles d’actions associées aux quatre phases du processus didactique, procure un éclairage sur la manière de réfléchir « un contenu à être enseigné pour être appris par d’autres ». À partir de ce point de vue, les entités de contenus devenus enseignables sont désignées sous le vocable de construits (schèmes) didactiques.

Ensuite, mes travaux en adéquation formation–emploi consistent à modéliser un concept prometteur correspondant au savoir de métier : le processus de raisonnement de métier. Le concept du processus de raisonnement de métier est constitué d’activités-clés et d’actions associées à l’exercice d’un métier en formation professionnelle. Enfin, je travaille en partenariat avec les milieux de pratique en formation professionnelle. En effet, mes activités de recherche sur le savoir enseigner m’amènent à m’intéresser au milieu de pratique et plus spécifiquement au rôle joué par l’un des acteurs importants dans les centres de formation professionnelle : le conseiller pédagogique. J’ai obtenu une subvention dans le cadre du Programme de soutien à la formation continue du personnel scolaire du MELS (2013-2016). Je réalise actuellement une recherche-formation (action) sur l’accompagnement didactique des enseignants des centres de formation professionnelle dans le secteur de la fabrication métallique.

Quels sont les défis dans votre champ de recherche?

Marie Alexandre : Je vous parlerai de mes défis en lien avec chacun de mes axes de recherche. Ainsi, pour l’avenir, je vise à documenter le processus de travail enseignant, du point de vue des acteurs, par le recueil et l’analyse de données auprès d’un plus grand nombre d’enseignants et d’enseignantes provenant de programmes différents, à des ordres d’enseignement variés incluant les environnements numériques d’apprentissage. Au regard de l’adéquation formation-emploi, il s’agit d’un travail de collaboration entre chercheur et praticiens visant à renforcer le degré d’employabilité des élèves en formation professionnelle et celui de la main-d’œuvre. C’est d’ailleurs dans ce contexte que s’inscrit le laboratoire Paramètres et les guides didactiques. Les rencontres et les entretiens menés auprès d’enseignants, de formateurs hors du contexte scolaire (programmes d’apprentissage en milieu de travail) et de travailleurs ont permis de définir un processus de métier commun contribuant à améliorer l’arrimage entre le monde scolaire et le marché du travail. Enfin au regard du partenariat avec les milieux de pratique, mes travaux en cours ont comme finalité l’élaboration et la réalisation d’une démarche de développement professionnel destinée aux conseillers pédagogiques des centres de formation professionnelle (CFP) et fondée sur l’exercice du processus didactique.

Comment vous êtes-vous intéressée à ce sujet?

Marie Alexandre : L’UNESCO (2013) souligne que l’économie du savoir est en lien avec la notion d’apprentissage tout au long de la vie. Concept clé au XXIe siècle, l’apprentissage tout au long de la vie englobe tous les âges ainsi que toutes les formes d’éducation. Pour sa part, l’Organisation de coopération et de développement économiques soutient que la qualité des enseignants est le premier levier d’amélioration de l’efficacité des systèmes d’éducation (OCDE, 2013). De même, l’UNESCO dans son rapport Enseigner et apprendre : Atteindre la qualité pour tous publié en 2014, fait ressortir qu’un système éducatif ne vaut que ce que valent ses enseignants.

Sur un plan plus personnel, j’ai constaté tout au cours de mon long cheminement scolaire, la capacité de certains enseignants à changer ma vision ou ma façon de penser alors que d’autres n’y arrivaient pas du tout. Ma question depuis le tout début est : Comment fait-on pour «faire apprendre»? En fait, je décrypte l’ADN enseignant. J’explicite la complexité du savoir de la pratique enseignante tout en déboulonnant le mythe de la vocation enseignante – celui de « tu l’as ou tu l’as pas! ».

Que diriez-vous à quelqu’un qui débute dans votre domaine?

Marie Alexandre : Trouver son apport particulier et original au savoir humain . Dans mon cas : L’avènement de l’ère numérique jumelé à la pluralité des savoirs a un impact majeur sur le rôle de l’éducation. Dans ce contexte, une meilleure compréhension de l’adéquation entre le rôle enseignant et les nouvelles compétences requises pour l’apprentissage au XXIe confirme l’importance de la recherche dans le champ didactique. En fait, chercheure en éducation est le plus beau métier du monde ou … presque !

Marie Alexandre chez eValorix
Propos recueillis par Félix Vaillancourt.

Ressources et références