Actualités
L’assistance aux proches aidants des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer : entrevue avec Luc Armand, fondateur de Soutien Alzheimer
Voici notre deuxième entrevue de la série d’articles dressant le portrait d’organisations qui œuvrent à mieux accompagner les proches aidants (voir la première entrevue). Nous avons eu la chance d’échanger avec Luc Armand, fondateur de l’organisme Soutien Alzheimer. Voici son témoignage où vous découvrirez ses activités et leurs impacts sur la vie des proches aidants. Les citations sont celles de Luc Armand.
Apporter de l’assistance aux proches aidants souvent désemparés face à la maladie d’Alzheimer
Fort de ses 40 ans d’expérience en relation d’aide, Luc Armand a créé Soutien Alzheimer il y a 7 ans dans un but précis : celui d’apporter une assistance rapide, complète et efficace aux proches aidants souvent désœuvrés face aux changements d’attitudes et de comportements qu’entraîne la maladie d’Alzheimer. Dès l’apparition des premiers troubles neurocognitifs, l’entourage du parent ou du conjoint atteint prend le rôle un proche aidant. Parfois, ils endossent ce rôle naturellement, mais d’autre fois, ce dernier leur est imposé. Dans la plupart des cas, ce nouveau rôle comporte son lot de défis afin d’accompagner du mieux possible la personne atteinte. Cette situation est souvent subite par le proche aidant, difficile à appréhender et qui confronte à l’inconnu. Le service de «coaching familial» se traduit par un accompagnement complet de l’annonce de la maladie jusqu’aux périodes les plus critiques.
« Soutien Alzheimer s’adresse majoritairement aux proches aidants, ce sont évidemment des membres de familles, frères, sœurs, conjoints, amis qui ont dans leur entourage des personnes atteintes de troubles neurocognitifs, majoritairement de la maladie d’Alzheimer. Ce sont des gens qui lorsqu’ils appellent, sont complètement désœuvrés. Ils ne savent plus quoi faire et en connaissent très peu sur la maladie. Ils se posent la question : ‘’qu’est-ce que je fais ?’’. La personne (atteinte) n’agit plus de la façon habituelle dans la vie quotidienne, se comporte différemment avec les gens et a une parole parfois désobligeante. Ils veulent tous comprendre la maladie et savoir comment agir pour aider la personne. »
Former et rassurer les proches aidants à travers des activités collectives ou personnalisées
Afin de partager son expertise et d’accompagner les proches aidants, Luc Armand via Soutien Alzheimer propose plusieurs activités dans toute la région du grand Montréal. Du soutien individualisé avec les familles, coaching familial, aux formations sur-mesure auprès du personnel de résidences, en passant par des conférences, Luc Armand met l’humain à l’avant plan dans ces activités. Quel que soit le public cible, l’objectif est toujours le même : amener les proches aidants à mieux connaître la maladie, à améliorer leur communication avec les personnes atteintes et à mieux négocier avec leurs comportements déplaisants.
Lors de notre échange, nous nous sommes attardés sur notre compréhension de l’approche personnalisée avec les familles. Nous en avons appris davantage sur les défis situés en début de parcours auxquels sont confrontés les proches aidants qu’accompagne Soutien Alzheimer depuis plusieurs années. Poussés par leur grand cœur et leur envie de bien faire, les proches aidants surpassent ou sont en voie de surpasser leurs propres limites. Il est alors crucial à ce moment-là de leur rappeler l’importance de prendre soin de soi afin d’aider les autres à se sentir mieux : aider une personne malade sans tomber malade. Concernant les familles, ce sont généralement les enfants des personnes atteintes qui contactent Soutien Alzheimer. Le premier contact se fait par un entretien téléphonique. Par la suite, une rencontre peut se dérouler en regroupant les gens d’une même famille. En général, de 2 à 5 personnes se retrouvent autour de la table et en l’absence de la personne atteinte. Cette façon permet ainsi de réunir les conditions propices à la personnalisation de la rencontre et à une liberté d’expression optimale, sans peur de blesser la personne malade.
« Je vais avoir différentes approches selon le type d’activités. Pour les familles, les rencontres vont regrouper tous ceux qui ont à cœur la personne et qui veulent aider. La première rencontre peut avoir lieu chez l’un des proches aidants ou à mon bureau. Comme les gens méconnaissent la maladie, parfois lorsqu’ils expriment leurs préoccupations et leur tristesse, la personne atteinte ne comprend pas. Elle adopte alors des comportements qui nécessitent une intervention ce qui brise le rythme de la rencontre. Au final, les gens s’empêchent d’exprimer leurs pensées réelles. Désormais, je ne fais plus de rencontre avec la personne atteinte. Par la suite, je peux me déplacer au domicile, rencontrer la personne atteinte et enseigner, en même temps, aux proches aidants, des façons de communiquer et d’agir pour entretenir la relation avec elle. C’est une approche très personnalisée avec la famille. Par ailleurs, les ateliers que j’anime avec la Société d’Alzheimer de Montréal ne sont pas personnalisés étant un groupe de proches aidants. L’approche est totalement différente, mais le but final reste le même ».
Faire évoluer les mentalités et aider les familles à mieux comprendre les personnes atteintes d’Alzheimer
Nous avons été émus par l’histoire de Luc Armand. En effet, plusieurs membres de sa famille ont été touchés par l’Alzheimer. À ce moment-là, il s’est intéressé à la maladie et est allé chercher de l’aide à la Société d’Alzheimer pour ensuite en devenir l’un des formateurs. Il a alors pu constater les nombreuses répercussions de la maladie d’Alzheimer que doivent affronter les familles. Par Soutien Alzheimer, il transmet ses connaissances. Pour lui, le plus grand défi est de faire évoluer les mentalités et d’amener les proches aidants à mieux comprendre les malades. Il cherche également à préparer les familles à la prise de décision la plus bienveillante malgré l’opposition de la personne atteinte.
Lors de notre discussion, il nous a dévoilé qu’environ 50% des appels reçus se concrétisaient par une première rencontre, illustrant ainsi un véritable besoin dans la société. En tout, c’est une vingtaine de familles que ce service accompagne chaque année. L’intervenant met un point d’honneur à impliquer l’ensemble des générations de la famille notamment les enfants dans le processus d’accompagnement et leur réseau élargi. Ainsi, cela permet de faire évoluer les mentalités, de mieux comprendre les changements de comportements et les pratiques à adopter.
« Je suis peut-être un expert de l’Alzheimer, mais les experts de la personne, ce sont les familles. Comme je dis toujours, j’ai des propositions de solutions, mais ce sont les vôtres qui sont importantes. Moi, je les implique beaucoup dans les actions à poser, pas juste en parole. Au retour à la maison, vous pourrez en discuter ensemble. J’insiste beaucoup pour que les enfants et les petits enfants soient impliqués dans le processus. Parfois, les petits enfants sont rendus à 16 ans et ont besoin aussi de comprendre pourquoi grand-papa n’agit pas de la même façon, pourquoi des fois il crie après eux et après il vient leur prendre la main. Les enfants, parfois, ne savent pas trop pourquoi. C’est un travail passionnant, surtout lorsque je vois les familles qui vivent mieux la maladie au fil des mois ».
« Devenir aidant, ça s’apprend », un programme au cœur du processus d’accompagnement de Soutien Alzheimer
Afin d’accompagner au mieux les proches aidants, Soutien Alzheimer s’appuie sur le programme « Devenir aidant, ça s’apprend » développé par la Chaire de recherche en soins infirmiers à la personne âgée et à la famille. Cet outil, souvent introduit au cours de la deuxième ou troisième séance, offre à Luc Armand un cadre structurant sa démarche et ses prochaines actions. Il permet, une fois passée la période d’acceptation du proche, de démarrer progressivement chaque plan d’intervention.
« Plusieurs aspects de ces documents m’ont aidé à m’assurer que j’étais sur la bonne voie et de m’affirmer dans mes actes. Évidemment, tout dépend de l’utilisation que nous en faisons. Personnellement, je priorise l’écoute et le côté humain. Ces documents m’aident énormément. Le programme est un guide vraiment efficace qui me permet de cerner plus rapidement les besoins du groupe et de l’amener à être actif. Je partage complètement la vision de ce guide, on dirait vraiment qu’il a été écrit pour moi ! ».
Nous remercions Luc Armand pour le portrait qu’il nous a dressé de cet organisme qui œuvre depuis plusieurs années sur le territoire du Grand Montréal. Nous lui souhaitons également bonne chance dans la suite de ses projets.
Plus d’informations
Pour plus d’informations sur Soutien Alzheimer, découvrez leur site internet ici : http://www.soutienalzheimer.com/
Texte par Camille Briquet
Propos recueillis par Nicolas Pinget
Irstea et eValorix : un nouveau partenariat pour la diffusion d’outils en environnement et agriculture
En cette rentrée 2017, eValorix est fière de vous présenter son nouveau partenaire : l’Institut national de Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement et l’Agriculture (Irstea). Cet organisme intègre notre réseau de partenaires français après Conectus Alsace et la Société d’Accélération du Transfert de Technologies (SATT) Sud Est. Ce partenariat permettra la diffusion d’outils innovants destinés aux acteurs du secteur de l’environnement.
Irstea : un organisme expert des enjeux environnementaux
Organisme de recherche pluridisciplinaire, Irstea met en valeur les principaux enjeux environnementaux de notre époque. Agriculture raisonnée, gestion de territoire, ou encore risques climatiques sont autant thématiques abordées dans le cadre des travaux de ses chercheurs. Depuis 1981, cet institut, autrefois connu sous le nom de Cemagref, décrypte l’ensemble des interactions entre l’être humain et la planète. Ses recherches sont inscrites dans une volonté de contribuer à la résolution des défis environnementaux européens et internationaux.
Pour en savoir plus sur Irstea, visitez leur site web.
Les outils prochainement diffusés par Irstea sur eValorix : guides techniques, rapports et logiciels
Irstea est à l’initiative de nombreux outils, mines de savoir et d’informations. Vous retrouverez notamment, au sein du catalogue eValorix, divers guides techniques relatifs à différents enjeux environnementaux, allant du traitement de l’eau potable à la gestion du risque d’incendie. Vous pourrez également y découvrir des rapports statistiques ainsi que certains logiciels destinés aux acteurs du milieu environnemental.
Ces différents outils seront ajoutés au catalogue d’eValorix dans les prochaines semaines.
Retrouvez la page dédiée à la diffusion de Irstea sur eValorix : https://eduzone.ca/institutions/irstea-institut-national-de-recherche-en-sciences-et-technologies-pour-lenvironnement-et-lagriculture/
Valéry Ridde, le défi de l’équité en santé publique mondiale et la distribution des ressources
Valéry Ridde est professeur agrégé au Département de médecine sociale et préventive à l’Université de Montréal. Il est également chercheur à l’Université de l’Institut de Recherche en Santé Publique de l’Université de Montréal (IRSPUM). Enfin, il est titulaire d’une chaire en santé publique appliquée IRSC / ASPC à travers laquelle il applique son expérience multidisciplinaire pour mener à bien un projet sur la mise en œuvre des interventions de santé communautaires à travers le monde, afin de les rendre plus efficaces et équitables.
Expertises
Évaluation de programmes, promotion de la santé, approches communautaires en santé, équité en santé, mise en œuvre de politiques de santé et organisation et le financement des systèmes de santé.
À quel besoin souhaitez-vous répondre avec vos recherches?
Valéry Ridde : Mes recherches se concentrent sur les défis majeurs d’équité en matière de distribution des ressources dans le contexte de la santé mondiale. Le besoin prioritaire sur lequel je travaille depuis longtemps est celui de l’accès aux soins de santé des populations les plus vulnérables. Ces recherches s’effectuent évidemment en Afrique, mais également au Canada, où l’on parle généralement d’immigrants à statuts précaires, sans assurance maladie. Ces derniers éprouvent des difficultés à se soigner. Je travaille à déterminer comment mettre en place de manière optimisée des interventions efficaces et équitables pour que l’accès aux soins de ces populations vulnérables soit facilité. J’essaie également d’étudier les enjeux liés à la mise en œuvre de ces interventions. Je trouve que dans le domaine de la recherche, on s’attarde davantage à l’efficacité, mais peu à la mise en œuvre, qui est pourtant essentielle afin de comprendre et d’évaluer l’efficacité d’une intervention.
Par ailleurs, je m’intéresse aux moyens pour rendre les résultats de recherches utiles, et utilisables facilement par les décideurs et les intervenants. À cette fin, je cherche à déterminer quelles sont les démarches qui peuvent favoriser l’utilisation des connaissances par une meilleure application de ces dernières.
Quels sont les défis dans votre champ de recherche?
Valéry Ridde : Comme pour beaucoup de chercheurs, le défi numéro un est de trouver du financement. C’est un défi qui est d’autant plus important dans le domaine de la recherche en santé mondiale, car elle est encore peu reconnue et financée au Canada. Il y a en effet une véritable orientation des ressources vers des recherches concernant des enjeux biomédicaux et ce, au détriment des recherches importantes dans le domaine des sciences sociales et des interventions. De même, de nombreuses organisations financent des actions et interventions favorisant l’accès aux soins, mais très peu financent la recherche. Pourtant, il y a encore un besoin important de développer de la recherche sur ces interventions ! On donne des millions à certains projets, mais des miettes pour essayer de comprendre les mécanismes et déterminer les pistes d’amélioration des interventions. Pour certaines organisations, d’un point de vue de justification et de visibilité des activités, donner des millions pour montrer que l’on cherche à « changer les choses » a plus de sens que d’essayer de les comprendre et d’en mesurer l’impact. L’un des défis dans les interventions d’aide au développement est le discours normatif tenu par les intervenants sur leurs actions. En effet, certains ont tendance à glorifier leurs initiatives et pensent qu’elles sont « formidables et qu’elles sauvent la vie des gens » alors que la situation est souvent bien plus complexe. Le défi est de voir derrière ces discours normatifs afin de découvrir la réalité sur le terrain. Par exemple, nous avons passé une année avec des chercheurs à analyser un projet et nous sommes parvenus à démontrer son inutilité dans un pays d’Afrique. Malgré les millions investis dans ce dernier pendant 10 ans, la seule réponse reçue a été : « Et bien nous allons le continuer ».
Bien sûr, la recherche présente tout de même un défi de pertinence et d’utilité. Je parle tout d’abord de pertinence scientifique, soit de créer de nouvelles connaissances. Mais je parle aussi et surtout de pertinence sociale, c’est-à-dire de créer des connaissances qui seront utiles pour les décideurs et les intervenants, et non simplement pour permettre à des chercheurs de publier des articles.
En outre, en travaillant à l’international, j’ai le défi de créer des alliances de recherches avec des collègues du monde entier, et de les maintenir malgré les enjeux à long terme de confiance et de respect mutuel. Ces alliances sont essentielles à la recherche exercée à l’étranger.
Comment vous êtes-vous intéressé à ce sujet?
Valéry Ridde : J’ai longtemps travaillé pour des organisations non gouvernementales internationales en Afrique et au Moyen-Orient. J’ai beaucoup travaillé en intervention et je mettais en place des projets qui touchaient notamment à l’accès aux soins. Après plusieurs années, j’ai pris conscience qu’il manquait une dimension de recherche et d’utilisation des connaissances pour pouvoir développer de meilleures interventions. Mon expérience en intervention fait en sorte qu’aujourd’hui, mes recherches sont très appliquées et très proches du terrain. C’est ainsi que je me suis intéressé à ce type de sujet.
Que diriez-vous à quelqu’un qui débute dans votre domaine?
Valéry Ridde : Je lui dirais de bien réfléchir. On forme beaucoup de jeunes chercheurs et de doctorants. Mais, malheureusement, il y a peu de places dans les universités et dans les centres de recherches. Le milieu devient très compétitif. Il faut savoir si l’on veut vraiment faire de la recherche et si cela nous passionne réellement. Il faut par ailleurs déterminer si l’on est prêt à payer le prix social d’une carrière en recherche, sachant qu’il reste peu de candidats à la fin. Toutefois, si l’on est prêt, il faut alors persévérer et miser sur la création d’alliances avec des collègues et intervenants sur le terrain. Il faut également réfléchir à la pertinence sociale de ce que l’on fait. Dans ce domaine, la recherche doit être utile, mais aussi permettre au chercheur de demeurer pertinent dans le domaine universitaire. Pour demeurer dans ce milieu, il faut être être stratégique en jouant sur ces deux tableaux.
Dans cette optique, la Chaire en Recherches Appliquées Interventionnelles en Santé Mondiale et Équité (Chaire REALISME), dont je suis le titulaire, appuie la relève scientifique en offrant des bourses, organisant des interventions et des implications dans l’action de recherche. C’est une implication importante, car le financement et l’aide aux étudiants sont difficiles à obtenir. La Chaire permet également de tester des outils de transfert des connaissances plutôt innovants. Nous tentons avec des collègues de développer des interventions de terrain qui visent à améliorer l’utilisation de la recherche, mais aussi des outils innovants sur internet, des caricatures, des films, des infographies, des processus sur les médias sociaux, etc. Nous essayons d’innover sur la manière de partager les résultats de recherches et ne pas se limiter à simplement publier un article scientifique. La Chaire est un peu une espèce d’incubateur autour duquel plein de gens gravitent, c’est très intéressant.
Voir les outils de la Chaire REALISME diffusés sur eValorix.
Texte par Fanny Vadnais
Propos recueillis par Nicolas Pinget
Changer la vie des proches aidants, prévenir l’épuisement et briser l’isolement dans la Vallée-de-la-Batiscan : entrevue avec Josée Gélinas
Résultat d’une entrevue avec Josée Gélinas, directrice de l’Association des Personnes Aidantes de la Vallée-de-la-Batiscan, cet article est le premier d’une série visant à dresser le portrait d’organisations qui travaillent sans relâche à mieux accompagner les proches aidants. Les citations dans cet article sont celles de Josée Gélinas.
Un défi : celui de rejoindre les proches aidants avant la situation d’épuisement!
Depuis 2003, l’Association des Personnes Aidantes de la Vallée-de-la-Bastican (APAVB) œuvre à briser l’isolement des proches aidants dans la région en offrant du soutien, de l’information et de la formation. Initialement actif sur le territoire de Mékinac, l’organisme a étendu ses activités à la MRC des Cheneaux, couvrant ainsi la totalité du territoire de la Vallée-de-la-Batiscan comme en témoignent les 343 membres que l’association dessert. L’un des plus grands défis de l’organisme est de rejoindre ces proches aidants avant qu’ils ne soient en situation d’épuisement.
« Souvent et surtout en début de parcours, les aidants priorisent davantage les besoins de la personne aidée au détriment de leurs propres besoins. Ils se retrouvent alors parfois eux-mêmes en situation d’épuisement, au bord de l’hospitalisation et se voient alors obligés de placer la personne en institution. Notre défi est de rejoindre les proches aidants sur le marché du travail et de les rejoindre avant qu’ils ne soient épuisés ».
Prévenir l’épuisement avec une panoplie d’activités afin de briser l’isolement et d’offrir un peu de répit pour les proches aidants
Afin de prévenir ce genre de situation, l’APAVB organise des conférences, des ateliers mis sur pied par des intervenants multidisciplinaires (éducateurs spécialisés, travailleurs sociaux, psychoéducateurs, etc.) et d’autres activités dans la région. Plusieurs d’entre elles ont particulièrement retenu notre attention. C’est notamment le cas d’Aider sans s’épuiser, un atelier de discussion dans lequel les proches aidants échangent sur la culpabilité qu’ils peuvent ressentir face aux exigences et aux responsabilités imposées par leur rôle d’aidant. L’activité Café-Rencontre quant à elle permet d’aborder des thématiques spécifiques au rôle d’aidant avec un invité. Nous avons été amusés d’apprendre l’existence des Café-Jasettes, activités au cours desquelles l’équipe de l’APAVB se déplace dans les diverses municipalités de la Vallée afin de favoriser la discussion entre aidants autour d’une crème glacée ou d’un bon café. Enfin, du soutien individuel est également offert afin de répondre aux besoins de certains proches aidants moins à l’aise de partager leur expérience en public. Le mariage de ces activités semble être un bon remède à l’isolement et à l’épuisement des proches aidants.
En plus des activités mentionnées, l’APAVB offre également du temps de répit aux proches aidants par le biais de plusieurs projets appuyés par des partenaires financiers. Par exemple, le projet financé par l’Appui Mauricie, À l’écoute de nos besoins a permis de financer 24h de répit au coût de 3$ l’heure, et ce pour 50 proches aidants d’aînés. Ce projet qui s’échelonne sur une période de 3 ans et permet également à l’association d’offrir annuellement 4 journées de ressourcement où plusieurs sujets préalablement ciblés par un comité de proches aidants sont abordés.
Le projet Détente entre Bonnes Mains, financé par la Fondation de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, permet quant à lui d’offrir 20h de répit gratuit aux proches aidants de personnes de tous les âges.
« Nos activités sont très variées et passent de l’organisation d’une cabane à sucre à de l’aide pour remplir des formulaires de crédits d’impôt. Pour les Café-Jasettes par exemple, ce sont des rencontres assez informelles. C’est plutôt un échange et un retour sur expériences entre proches aidants vivant des situations et des problématiques similaires ».
Proposer des ressources et utiliser des programmes développés par des chercheurs afin de changer la vie des proches aidants
Au-delà des activités proposées, l’APAVB met à disposition des ressources et de l’information afin d’aider les aidants. Via son centre de documentation, l’association prête des DVD, livres et autres documentations sur le sujet. L’organisme diffuse également plusieurs informations (programmation d’activités, suggestions de livres, annonces de nouveaux projets, etc.) dans l’Écho-Aidant, son journal mensuel. Enfin, plusieurs chroniques/sondages thématiques sont publiées sur le site web de l’association et sur ses médias sociaux (ex. : prévenir l’épuisement pour aider efficacement).
Afin de mieux accompagner les proches aidants, l’APAVB utilise aussi des ressources provenant de la recherche universitaire. C’est notamment le cas des programmes Devenir aidant ça s’apprend, Gestion du stress et Prendre soin de moi développés par la Chaire Desjardins en soins infirmiers à la personne âgée et à la famille (sous la direction de Francine Ducharme). Parmi ces 3 outils, le programme Gestion du stress, permettant d’identifier des stresseurs et de travailler sur ces derniers, semble être le plus apprécié des proches aidants accompagnés à l’heure actuelle.
« Les différents programmes sont très intéressants. Ils donnent une uniformité et une certaine structure à mes intervenants qui n’ont pas tout le temps la même formation. En même temps, les aidants apprécient beaucoup les programmes, surtout le programme Gestion du stress. C’est celui que nous avons le plus animé et ceux qui y ont participé disent que ça a changé leur vie du tout au tout, car c’est très centré sur leurs besoins personnels. Ils ne voient pas tout le temps le global d’une situation. Un peu comme l’expression l’éléphant ça se mange, si on le coupe en tranches. C’est un peu la même idée. Quand on les rencontre, ça permet de focaliser sur ce qu’on a à faire et d’avoir un plan en commençant à travailler sur un stresseur en particulier. Quand le proche a travaillé sur un stresseur, il est ensuite capable de l’appliquer ailleurs dans d’autres sphères de sa vie».
Nous remercions Josée Gélinas pour cette belle découverte et lui souhaitons bonne chance dans la réussite de l’Association des personnes aidantes de la Vallée-de-la-Batiscan!
Plus d’informations
Pour plus d’information sur l’Association des Personnes Aidantes de la Vallée-de-la-Batiscan, découvrez leur site internet ici : http://www.aidantsvalleebatiscan.org/
Texte par Fanny Vadnais et Nicolas Pinget
Propos recueillis par Nicolas Pinget
Changer la vie des proches aidants, prévenir l’épuisement et briser l’isolement dans la Vallée-de-la-Batiscan : entrevue avec Josée Gélinas
Résultat d’une entrevue avec Josée Gélinas, directrice de l’Association des Personnes Aidantes de la Vallée-de-la-Batiscan, cet article est le premier d’une série visant à dresser le portrait d’organisations qui travaillent sans relâche à mieux accompagner les proches aidants. Les citations dans cet article sont celles de Josée Gélinas.
Un défi : celui de rejoindre les proches aidants avant la situation d’épuisement!
Depuis 2003, l’Association des Personnes Aidantes de la Vallée-de-la-Bastican (APAVB) œuvre à briser l’isolement des proches aidants dans la région en offrant du soutien, de l’information et de la formation. Initialement actif sur le territoire de Mékinac, l’organisme a étendu ses activités à la MRC des Cheneaux, couvrant ainsi la totalité du territoire de la Vallée-de-la-Batiscan comme en témoignent les 343 membres que l’association dessert. L’un des plus grands défis de l’organisme est de rejoindre ces proches aidants avant qu’ils ne soient en situation d’épuisement.
« Souvent et surtout en début de parcours, les aidants priorisent davantage les besoins de la personne aidée au détriment de leurs propres besoins. Ils se retrouvent alors parfois eux-mêmes en situation d’épuisement, au bord de l’hospitalisation et se voient alors obligés de placer la personne en institution. Notre défi est de rejoindre les proches aidants sur le marché du travail et de les rejoindre avant qu’ils ne soient épuisés ».
Prévenir l’épuisement avec une panoplie d’activités afin de briser l’isolement et d’offrir un peu de répit pour les proches aidants
Afin de prévenir ce genre de situation, l’APAVB organise des conférences, des ateliers mis sur pied par des intervenants multidisciplinaires (éducateurs spécialisés, travailleurs sociaux, psychoéducateurs, etc.) et d’autres activités dans la région. Plusieurs d’entre elles ont particulièrement retenu notre attention. C’est notamment le cas d’Aider sans s’épuiser, un atelier de discussion dans lequel les proches aidants échangent sur la culpabilité qu’ils peuvent ressentir face aux exigences et aux responsabilités imposées par leur rôle d’aidant. L’activité Café-Rencontre quant à elle permet d’aborder des thématiques spécifiques au rôle d’aidant avec un invité. Nous avons été amusés d’apprendre l’existence des Café-Jasettes, activités au cours desquelles l’équipe de l’APAVB se déplace dans les diverses municipalités de la Vallée afin de favoriser la discussion entre aidants autour d’une crème glacée ou d’un bon café. Enfin, du soutien individuel est également offert afin de répondre aux besoins de certains proches aidants moins à l’aise de partager leur expérience en public. Le mariage de ces activités semble être un bon remède à l’isolement et à l’épuisement des proches aidants.
En plus des activités mentionnées, l’APAVB offre également du temps de répit aux proches aidants par le biais de plusieurs projets appuyés par des partenaires financiers. Par exemple, le projet financé par l’Appui Mauricie, À l’écoute de nos besoins a permis de financer 24h de répit au coût de 3$ l’heure, et ce pour 50 proches aidants d’aînés. Ce projet qui s’échelonne sur une période de 3 ans et permet également à l’association d’offrir annuellement 4 journées de ressourcement où plusieurs sujets préalablement ciblés par un comité de proches aidants sont abordés.
Le projet Détente entre Bonnes Mains, financé par la Fondation de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, permet quant à lui d’offrir 20h de répit gratuit aux proches aidants de personnes de tous les âges.
« Nos activités sont très variées et passent de l’organisation d’une cabane à sucre à de l’aide pour remplir des formulaires de crédits d’impôt. Pour les Café-Jasettes par exemple, ce sont des rencontres assez informelles. C’est plutôt un échange et un retour sur expériences entre proches aidants vivant des situations et des problématiques similaires ».
Proposer des ressources et utiliser des programmes développés par des chercheurs afin de changer la vie des proches aidants
Au-delà des activités proposées, l’APAVB met à disposition des ressources et de l’information afin d’aider les aidants. Via son centre de documentation, l’association prête des DVD, livres et autres documentations sur le sujet. L’organisme diffuse également plusieurs informations (programmation d’activités, suggestions de livres, annonces de nouveaux projets, etc.) dans l’Écho-Aidant, son journal mensuel. Enfin, plusieurs chroniques/sondages thématiques sont publiées sur le site web de l’association et sur ses médias sociaux (ex. : prévenir l’épuisement pour aider efficacement).
Afin de mieux accompagner les proches aidants, l’APAVB utilise aussi des ressources provenant de la recherche universitaire. C’est notamment le cas des programmes Devenir aidant ça s’apprend, Gestion du stress et Prendre soin de moi développés par la Chaire Desjardins en soins infirmiers à la personne âgée et à la famille (sous la direction de Francine Ducharme). Parmi ces 3 outils, le programme Gestion du stress, permettant d’identifier des stresseurs et de travailler sur ces derniers, semble être le plus apprécié des proches aidants accompagnés à l’heure actuelle.
« Les différents programmes sont très intéressants. Ils donnent une uniformité et une certaine structure à mes intervenants qui n’ont pas tout le temps la même formation. En même temps, les aidants apprécient beaucoup les programmes, surtout le programme Gestion du stress. C’est celui que nous avons le plus animé et ceux qui y ont participé disent que ça a changé leur vie du tout au tout, car c’est très centré sur leurs besoins personnels. Ils ne voient pas tout le temps le global d’une situation. Un peu comme l’expression l’éléphant ça se mange, si on le coupe en tranches. C’est un peu la même idée. Quand on les rencontre, ça permet de focaliser sur ce qu’on a à faire et d’avoir un plan en commençant à travailler sur un stresseur en particulier. Quand le proche a travaillé sur un stresseur, il est ensuite capable de l’appliquer ailleurs dans d’autres sphères de sa vie».
Nous remercions Josée Gélinas pour cette belle découverte et lui souhaitons bonne chance dans la réussite de l’Association des personnes aidantes de la Vallée-de-la-Batiscan!
Plus d’informations
Pour plus d’information sur l’Association des Personnes Aidantes de la Vallée-de-la-Batiscan, découvrez leur site internet ici : http://www.aidantsvalleebatiscan.org/
Texte par Fanny Vadnais et Nicolas Pinget
Propos recueillis par Nicolas Pinget
Michel Cossette et la dimension analytique des ressources humaines
Michel Cossette est professeur agrégé au département de la gestion des ressources humaines. Il est également chercheur au Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO)
Expertises
Travail émotionnel, rétention du personnel, performance de service, santé psychologique et attitudes au travail.
À quel besoin souhaitez-vous répondre avec vos recherches?
Michel Cossette : Je m’intéresse à ce que l’on appelle l’analytique RH. En résumé, j’analyse comment les professionnels RH élaborent des indicateurs de performance et des tableaux de bord et j’examine les processus d’analyse des résultats, notamment en termes d’efficience, d’efficacité et d’impact des activités de ressources humaines sur la performance organisationnelle. Au niveau de la recherche scientifique, j’examine l’influence des pratiques RH et des caractéristiques individuelles sur la mobilisation des compétences relationnelles. Les caractéristiques individuelles sont des traits psychologiques, donc des façons d’être, propres à chaque personne, qui influence leur comportement avec les clients, mais aussi leur propre santé psychologique. J’étudie la manière dont ces compétences impactent la performance durable. Cette performance durable se caractérise par un meilleur service à la clientèle et une meilleure santé psychologique des employés au travail. L’employé est-il bien et heureux dans son travail ? J’analyse certains indicateurs comme la satisfaction, l’engagement et le niveau d’épuisement pour comprendre comment la gestion des ressources humaines peut contribuer à cette performance durable.
Les éléments mobilisateurs et les objectifs de performance varient selon l’organisation. La richesse de ce type de recherche vient d’un regard systémique sur les éléments susceptibles de susciter la mobilisation des compétences ainsi que ceux qui peuvent y nuire. L’analyse se base sur deux avis; celui de l’employé et de l’employeur. Le but est d’assurer l’objectivité des résultats et relever une véritable corrélation entre les compétences et la performance.
Quels sont les défis dans votre champ de recherche?
Michel Cossette : Le plus grand défi est de trouver des entreprises qui désirent participer à l’analyse. Ce type de recherche requiert beaucoup de ressources en matière de temps et de participants. L’analyse se fait en deux temps et nécessite environ une centaine d’employés d’une même entreprise. Ces deux critères peuvent représenter une contrainte importante pour certaines organisations. Il peut d’autre part s’avérer complexe de trouver des personnes désirant répondre à des questions en matière d’antécédents, autant organisationnels qu’individuels. Évaluer les compétences, les attitudes, la santé et la performance requiert beaucoup de mesures.
Comment vous êtes-vous intéressé à ce sujet?
Michel Cossette : Mes études en ressources humaines et en psychologie teintent mes recherches. Mon penchant pour les ressources humaines se dénote par mon intérêt pour la performance organisationnelle. Mon attrait pour la psychologie se véhicule dans mes études sur la santé psychologique au travail.
Dans une société de service, la différenciation des entreprises passe par le service à la clientèle. Si l’on observe un souci marqué pour la performance, l’on observe également un important taux de roulement dans les entreprises de service. En effet, rationnellement, on recherche la performance et celle-ci peut être atteinte sans se soucier de la santé psychologique de ses employés. Je m’intéresse cependant à faire le pont entre la santé psychologique et la performance et à faire prendre conscience aux gestionnaires que les deux doivent aller ensemble.
Que diriez-vous à quelqu’un qui débute dans votre domaine?
Michel Cossette : Certaines pistes de recherches mériteraient d’être plus approfondies. Par exemple, l’impact de la qualité du climat de travail entre les activités de ressources humaines effectuées par les organisations, que ce soit par les superviseurs ou les professionnels de ressources humaines, sur la mobilisation des compétences pourrait être mieux documenté. Dit simplement, les études sur l’interaction entre l’environnement, les pratiques de gestion des ressources humaines et l’individu présentent énormément de résultats contradictoires. À mon avis, davantage de temps pourrait y être accordé.
Texte par Fanny Vadnais
Propos recueillis par Félix Vaillancourt
Louis Jacques Filion sur l’entrepreneuriat
Louis Jacques Filion est professeur honoraire au Département d’entrepreneuriat et innovation à HEC Montréal. Il a été pendant plus de 20 ans titulaire de la Chaire d’entrepreneuriat Roger-J.-A.-Bombardier à cette institution
Expertises
Entrepreneuriat, intrapreneuriat, création d’entreprise & innovation.
À quel besoin souhaitez-vous répondre avec vos recherches?
Louis Jacques Filion : Actuellement, de nombreuses entreprises québécoises font partie du 6% des entreprises des pays de l’OCDE connaissant une croissance. Face à cette progression et à l’implantation du programme sur les gazelles par le gouvernement du Québec, plusieurs questionnements sur le développement et la gestion de la croissance dans les organisations ont été suscités. La hausse du nombre de pays dotés de programmes axés sur la croissance organisationnelle m’a permis de constater les lacunes sur le sujet dans le contenu des cours d’entrepreneuriat. À cet effet, j’ai rédigé des ouvrages comprenant des études de cas et des textes conceptuels afin de mieux former les étudiants à la croissance en entreprise. Mentionnons, entre autres : Croissance et soutiens à la croissance d’entreprise (2015), La croissance d’entreprise : vision, agilité et doigté (2015), Entreprendre et savoir s’entourer (2017).
Par ailleurs, l’innovation occupe de nos jours une place importante au niveau des intérêts des étudiants et des organisations. J’ai donc développé une série de livres sur l’intrapreneuriat, soit la conception ainsi que la mise en œuvre en interne de l’innovation. Mentionnons : Oser intraprendre : ces champions qui font progresser les organisations et les sociétés : douze modèles exemplaires (2012) ainsi qu’Innover au féminin/savoir se dépasser (2013), qui présente de nombreuses femmes fortement impliquées dans le processus d’innovation. Ce livre comprend une série de cas et des textes détaillant les manières d’initier et de gérer l’innovation dans les organisations. Celui sur Intrapreneuriat : s’initier aux pratiques innovantes (2016) réalisé encore une fois en collaboration avec plusieurs coauteurs dont Mircea-Gabriel Chirita, présente des études de cas mais aussi une synthèse des recherches sur le sujet.
Mon approche est axée sur la pratique et l’essentiel de mes recherches s’effectue sur le terrain, par des entretiens avec des entrepreneurs et des intrapreneurs. Le but de mes recherches consiste à structurer de nouveaux cours. Mes livres, composés d’études de cas, servent à initier les étudiants à l’innovation et à l’entrepreneuriat, car selon moi, rien n’est plus puissant à l’apprentissage que l’utilisation d’exemples. Ces études de cas sont construites en tenant compte de l’état des connaissances sur les sujets concernés.
Mon prochain livre qui sera lancé en septembre 2017 aborde la relation entre les créateurs et les entrepreneurs dans le processus d’innovation dans les industries culturelles et créatives: Artistes, créateurs et entrepreneurs (2017).
Quels sont les défis dans votre champ de recherche?
Louis Jacques Filion : De nos jours, l’intérêt grandissant pour l’innovation et l’entrepreneuriat mène à une progression rapide du nombre d’outils disponibles sur le sujet. Le défi est d’intégrer les résultats de recherches dans les programmes scolaires. Les milieux de travail évoluent de plus en plus rapidement, en particulier les milieux péemmistes, et il importe que l’enseignement suive la cadence.
Comment vous êtes-vous intéressé à ce sujet ?
Louis Jacques Filion : Ayant grandi dans une famille possédant plusieurs PME, j’ai toujours désiré devenir entrepreneur et travailler dans le monde des affaires. À l’époque, aucun programme d’entrepreneuriat n’existait, mais au début des années 1980, j’ai participé à l’introduction du premier programme en entrepreneuriat au Québec et au Canada à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). J’œuvre dans le domaine depuis maintenant près de 40 ans. J’ai à mon actif de nombreux livres et j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec une multitude d’entrepreneurs chevronnés tels que Paul Fireman qui a fait de Reebok une multinationale, Jean Coutu, Rémi Marcoux (Transcontinental), Alain Bouchard (Alimentation Couche-Tard), Luc Maurice, Lise Watier et de nombreux autres. J’ai réalisé plus de 1 000 entrevues avec des entrepreneurs répartis sur les cinq continents et produit plus de 200 études de cas.
Que diriez-vous à quelqu’un qui débute dans votre domaine?
Louis Jacques Filion : En entrepreneuriat, on doit réfléchir à ce que l’on veut devenir et à ce qu’on compte faire pour pouvoir s’y rendre graduellement. Il faut y aller petit à petit.
L’enseignement traditionnel reflète souvent une certaine culture de conformité. En entrepreneuriat, il faut promouvoir l’initiative. L’entrepreneur est une personne qui passe beaucoup de temps à définir ex nihilo. Pour l’étudiant, il ne s’agit pas que d’assimiler des savoirs. Il importe d’apprendre à réfléchir sur des savoirs être, des savoirs devenir, des savoirs définir, des savoirs passer à l’action et des savoirs faire.
L’entrepreneuriat peut s’enseigner de nombreuses façons. Je privilégie un mélange d’approches pédagogiques qui comprend des études de cas, des travaux réflexifs et des exercices interactifs. L’interaction entre l’enseignant et l’étudiant est essentielle, car elle permet de sortir l’étudiant de la passivité dans le processus apprenant. Le médium est le message a écrit Marshall McLuhan. Lors de l’apprentissage de l’entreprenariat, les exemples ainsi que les modèles d’entrepreneurs sont inspirants. Bon nombre de cours d’entrepreneuriat à HEC Montréal misent sur le contact en classe entre l’étudiant et l’entrepreneur. L’entrepreneuriat est à la fois un phénomène individuel et collectif, d’où l’importance du mentorat. En effet, 80% des entreprises nord-américaines sont fondées par des équipes. Les entrepreneurs se distinguent par leur créativité et leur capacité à bien s’utiliser ainsi qu’à bien utiliser des ressources présentes dans leur écosystème. Le mentor joue un rôle crucial, car son expérience permet de baliser cette créativité.
L’entrepreneuriat, c’est la prise de conscience de soi suivie de l’échange avec les autres. Au cours de cet apprentissage, il faut viser la mise en valeur de ses propres différences et apprendre à savoir les exprimer.
Louis Jacques Filion chez eValorix
Texte par Fanny Vadnais
Propos recueillis par Félix Vaillancourt
Nouvelle collection de livres sur le vieillissement de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal (IUGM)
L’équipe d’eValorix était présente au lancement officiel du livre « Vieillir en santé : c’est possible! » le 25 avril dernier au Salon Thalia à Montréal. Nous revenons aujourd’hui sur ce lancement qui a également permis de souligner la mise sur pied des Éditions du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, une nouvelle maison d’édition dédiée à la diffusion des connaissances des centres de recherche et d’expertise du CIUSSS.
Une nouvelle maison d’édition afin de diffuser les meilleures pratiques en termes de soins et de services et de promotion de la santé
Le mandat de la maison d’édition du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal est de diffuser, via des productions imprimées ou numériques, des informations basées sur des données probantes dans le domaine de la santé qui participent à :
- Diffuser les résultats universitaires au grand public;
- Contribuer à la promotion de la santé des clientèles vulnérables;
- Partager les pratiques de pointe avec les professionnels de la santé;
- Soutenir l’enseignement universitaire.
Afin de proposer des ouvrages de qualité, les Éditions du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’île-de-Montréal peuvent compter sur les conseils d’une autre maison d’édition partenaire d’eValorix, les Éditions du CHU Sainte-Justine.
Une collection Institut universitaire en gériatrie de Montréal (IUGM) sur le vieillissement
Fort du dynamisme de ses équipes de recherche et des expertises diversifiées au sein du CIUSSS, la maison d’édition vise à développer plusieurs collections allant du vieillissement au spectre de l’autisme en passant par les dépendances, les jeunes en difficultés, la réadaptation en déficience physique et les inégalités sociales (voir le site de la maison d’édition).
Les trois premiers livres des Éditions font partie de la Collection Institut universitaire en gériatrie de Montréal (IUGM), une initiative du Centre AvantÂge. La collection vise à contribuer à l’amélioration de la santé globale des 65 ans et plus et à leur autonomisation. Voici un petit aperçu des trois premiers ouvrages en attendant les prochains.
Livres | « Vieillir en santé : c’est possible! » | « Yoga pour soi : soulager la douleur chronique » | « L’incontinence urinaire : la prévenir, la traiter » |
---|---|---|---|
Résumé | Ce livre propose des actions à prendre dès maintenant pour maintenir ou améliorer votre santé, loin des recettes toutes faites ou des produits miracles. | Ce livre et ce DVD inspirants proposent différents exercices de yoga sur chaise à insérer dans des routines quotidiennes afin de soulager la douleur chronique. | Clair, précis, sans jugement ni tabou, ce guide est une source d’information et de techniques aidantes. Décrivant les différents types d’incontinence, les facteurs et les causes qui y sont reliés, il présente également une série d’exercices à faire à domicile durant 12 semaines. |
Auteurs | Sylvie Belleville et Michèle Sirois | Annie Courtecuisse | Chantale Dumoulin |
Retrouvez tous les livres et autres outils de l’IUGM pour le grand public et pour les professionnels de la santé.
Louise Lévesque et les soins à la personne âgée et à la famille
Louise Lévesque est chercheure au Centre de recherche de l’Institut Universitaire de Gériatrie de Montréal. Elle est également professeure émérite à la faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal. Elle fut la première titulaire de la Chaire de recherche en soins infirmiers à la personne âgée et à la famille, maintenant la Chaire Desjardins.
Expertise
Pratiques professionnelles d’intégration des services en gérontologie.
À quel besoin souhaitez-vous répondre avec vos recherches?
Louise Lévesque : J’ai commencé à travailler en soins infirmiers dans les années 1980, plus spécifiquement en gériatrie et en gérontologie. Au Québec, l’on prévoyait déjà le vieillissement de la population, mais les recherches étaient très peu avancées sur le sujet.
Mes premières recherches ont porté sur l’implantation d’un modèle pour améliorer les soins infirmiers en milieu institutionnel (en CHSLD). Il fallait évaluer ce modèle, mais nous n’avions, à l’époque, que très peu d’outils correspondant à notre culture. J’ai donc développé trois instruments de mesure permettant d’évaluer les effets de l’implantation de ce modèle. Mes outils étaient développés autour de l’évaluation de l’autonomie dans les activités quotidiennes, de l’échelle de morale et du fonctionnement social des résidents en milieu institutionnel. C’est un modèle holistique, qui prend surtout en considération les besoins psychologiques des patients en milieu institutionnel. Bien que la situation se soit améliorée, les CHSLD étaient des milieux assez difficiles au milieu des années 1980. En plus des maladies chroniques, énormément de facteurs avaient et ont toujours un impact important sur le plan psychologique et émotionnel. Les malades en CHSLD souffrent de maladies chroniques et leur condition est à toute fin contrôlée. Dans un milieu institutionnel, les infirmiers ont un rôle de soutien auprès des patients, mais ont également un rôle clé de soutien auprès des familles et des proches aidants. Le côté psychologique a une place prépondérante dans la prestation de soins de santé en CHSLD.
Ensuite, j’ai dirigé mes travaux de recherche vers le soutien offert aux proches aidants. Nous avons analysé leur état de santé et les facteurs faisant en sorte qu’ils deviennent vulnérables. Nous avons ensuite étudié les facteurs sur lesquels les infirmiers peuvent intervenir. Ces aidants ont besoin de soutien psychologique et de mise à niveau en matière de compétences. J’ai donc par la suite développé un programme de groupe de 15 semaines « Apprendre à être mieux… et à mieux aider » qui s’adresse aux proches aidants de personnes atteintes d’Alzheimer. C’était une étude d’envergure, réalisée par de nombreux chercheurs de plusieurs universités québécoises. Les résultats étaient assez intéressants et ils ont par la suite fait l’objet de publications.
À ma retraite, j’ai travaillé avec Francine Ducharme sur ses différents programmes et j’ai ensuite mis sur pied la chaire de recherche en soins infirmiers aujourd’hui appelée la chaire Desjardins.
Quels sont les défis dans votre champ de recherche?
Louise Lévesque : Trouver les sujets de recherches, constituer un échantillonnage et financer les projets peuvent être assez complexe, mais le réel défi est d’incorporer les résultats de recherches dans les milieux. Le but de ces recherches est de faire en sorte que les pratiques infirmières s’appuient sur des données probantes afin d’améliorer les soins offerts. Il est primordial de trouver des moyens pour amener les milieux à prendre part aux programmes. Tous nos outils sont d’ailleurs mis à la disposition des CHSLD, mais on observe tout de même que le soutien aux familles aidantes se fait rare. Il y a encore beaucoup de progrès à faire.
Que diriez-vous à quelqu’un qui débute dans votre domaine?
Louise Lévesque : Je pense qu’il faudrait favoriser la recherche sur les soins de santé en eux-mêmes. Il y a un réel besoin en développement de connaissances, surtout au sujet des soins à offrir aux résidents ayant des problèmes de santé complexes, comme des problèmes de comportement. Je pense notamment aux cris et à l’errance chez les personnes Alzheimer.
Texte par Fanny Vadnais
Propos recueillis par Félix Vaillancourt
Des nouvelles ressources pour l’apprentissage par les cas : des livres numériques sur l’écriture, l’apprentissage et la la formation autour des cas
Il y a quelques semaines, nous vous annoncions une nouvelle collection de cas pédagogiques, celle de WITS Business School, grande centrale de cas sud-africaine (voir l’article). Ceci permet à eValorix de proposer de nouveaux cas en anglais qui permettent d’aborder les spécificités de l’environnement commercial en Afrique du Sud, spécificités difficilement abordables avec des cas internationaux. Le catalogue d’eValorix est désormais composé de deux grandes collections de cas provenant de deux partenaires : le centre de cas HEC Montréal et le WITS Business School Case Centre.
Des guides pratiques et complets pour les étudiants et enseignants intéressés par la méthode des cas
En complément au catalogue de cas pédagogiques, eValorix propose maintenant plusieurs livres numériques afin de mieux comprendre et utiliser les cas. L’apprentissage par la méthode des cas soulève plusieurs défis. Comment animer une classe? Comment susciter et maintenir l’intérêt des participants? Comment orienter la discussion et le débat? Autant de défis auxquels font face les formateurs qui utilisent les études de cas. (voir article complet).
Découvrez 3 nouvelles ressources incontournables afin de mieux produire et utiliser des cas pédagogiques.
Livres | « Apprendre cas par cas » | « Teaching with Cases » | « Writing Cases » |
---|---|---|---|
Résumé | Permet de tirer le maximum de l’apprentissage par la méthode des cas, et ce dans un délai raisonnable | Vise à aider les auteurs de cas et enseignants intéressés par l’apprentissage participatif | Constitue un guide clair et pratique sur l’écriture de cas pédagogiques. |
Objectifs |
« Apprendre cas par cas » poursuit deux objectifs principaux :
|
« Teaching with Cases » aide les auteurs et les enseignants à :
|
« Writing Cases » aide les auteurs de cas et les enseignants à :
|
Langues | Français, anglais, espagnol | Anglais | Anglais |
Des ressources indispensables sur la méthode des cas par des auteurs reconnus
Les 3 livres ont été écrits par Michiel R. Leenders, Louise A. Mauffette-Leenders et James A. Erskine, des formateurs reconnus dans le monde des cas pédagogiques. À eux trois, ils comptent plus de cent ans d’expérience dans le domaine de l’apprentissage par la méthode des cas. Étudiants, ils ont appris par la méthode des cas; professeurs, ils ont rédigé des centaines de cas et utilisé cette méthode avec plus de 50 000 étudiants et cadres. Ils ont aussi formé plus de 20 000 pédagogues partout dans le monde en utilisant leurs ouvrages, largement reconnus, sur la rédaction des cas et sur l’enseignement par la méthode des cas.
Voir tous les produits de la catégorie Ressources apprentissage par les cas.
Yves Couturier sur l’adaptation du système de santé face au vieillissement de population
Yves Couturier est professeur à l’École de travail social de l’Université de Sherbrooke. Il est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les pratiques professionnelles d’intégration de services en gérontologie et a un doctorat en sciences humaines appliquées de l’Université de Montréal
Expertise
Pratiques professionnelles d’intégration des services en gérontologie
À quel besoin souhaitez-vous répondre avec vos recherches?
Yves Couturier : Le Canada connaît une évolution démographique très importante, la société québécoise est actuellement l’une des plus sujettes au vieillissement de population. Ce changement démographique requiert une révision des méthodes de prestation des services de santés et de services sociaux. Ces services étaient autrefois destinés à une population, qui lorsque malade, mourrait subitement. Aujourd’hui, la réalité changeante se définit par une population qui souffre et décède majoritairement de maladies chroniques. Ma mission est de développer de bonnes manières pour mieux organiser les services, dans un contexte d’émergence de maladies chroniques. Il s’agit d’améliorer les façons de travailler avec des personnes âgées demeurant à domicile. Le but est d’éviter, autant que possible, les CHSLD et les hôpitaux. Ces structures sont coûteuses et peuvent s’avérer dangereuses pour les aînés. Une personne âgée en CHSLD, alitée, est moins active qu’à domicile. Elle n’est pas mobilisée quotidiennement et cours le risque de développer des maladies nosocomiales, soit des maladies contractées dans un établissement de santé. Il n’est pas rare que le système de santé actuel contribue involontairement à la perte d’autonomie. Il arrive qu’une personne continente à son entrée en CHSLD devienne incontinente au bout de quelques mois. Le travail des employés n’est pas à blâmer, c’est plutôt signe que la réponse aux besoins offerte en établissement de santé n’est pas la mieux adaptée.
J’œuvre actuellement en France à la formation de gestionnaires de cas. Ces professionnels coordonnent les services dédiés aux personnes ayant des problèmes de santé complexes. Cette coordination requiert une étroite collaboration entre les infirmières, l’aide sociale, les médecins, mais aussi les proches aidants. Je travaille à suivre l’implantation de cette coordination en France et au Québec. Par ailleurs, je m’adonne à la documentation de la mise en œuvre d’un plan gouvernemental pour les maladies de type Alzheimer. Pour en retirer des leçons, je suis les répercussions de ce plan implanté depuis près de 2 ans et demi dans 19 projets pilotes au Québec. Faute de détenir une réelle solution curative à la maladie d’Alzheimer, le plan a pour mission de prendre en charge, avec le malade et ses proches, l’ensemble des effets de la maladie sur sa vie quotidienne. Ce plan Alzheimer est par ailleurs sur le point d’être étendu dans le réseau de la santé.
Quels sont les défis dans votre champ de recherche?
Yves Couturier : Le plus grand défi est la lenteur de l’évolution du système de santé. La résistance et le manque de proactivité de L’État ralentit le passage de l’idée prometteuse à la pratique concrète. Le manque de moyens, de formation et d’accompagnement mine le changement.
Comment vous êtes-vous intéressé à ce sujet?
Yves Couturier : Ma thèse de doctorat m’a permis d’être exposé à des pratiques de professionnels de la santé travaillant dans le contexte du vieillissement. Bien qu’intéressantes, ces pratiques étaient mal documentées, car la plupart des jeunes chercheurs s’intéressent peu au vieillissement. Je m’y suis alors attardé.
Que diriez-vous à quelqu’un qui débute dans votre domaine?
Yves Couturier : Il est aisé de prédire de bonnes perspectives d’emplois, car les besoins sont là. Les années à venir prédisent des besoins grandissants impliquant que plus de la moitié des jeunes professionnels de la santé travailleront pour cette clientèle vieillissante. D’autre part, cette clientèle complexe offre des défis cliniques plus importants et représente de vrais défis scientifiques et professionnels. Les problèmes sont complexes, car ils relèvent souvent de plusieurs conditions qui interagissent. Cette complexité et cette multiplicité des dimensions, selon moi, devraient être source d’intéressement pour de futurs professionnels de la santé.
Yves Couturier chez eValorix
Texte par Fanny Vadnais
Propos recueillis par Félix Vaillancourt
CRIPCAS : capsules scientifiques sur les agressions sexuelles et les problèmes conjuguaux
Une vingtaine de capsules scientifiques sur les agressions sexuelles et les problèmes conjugaux
Retrouvez désormais les capsules scientifiques du Centre de recherche interdisciplinaire sur les problèmes conjugaux et les agressions sexuelles (CRIPCAS) (voir les capsules) sur eValorix dans une toute nouvelle section « Psychologie » dans la catégorie Sciences humaines. Ces capsules sont le fruit d’études des chercheurs du CRIPCAS sur les agressions sexuelles, les problèmes conjugaux et sur les liens entre ces deux thématiques.
Parmi ces capsules, vous pourrez ainsi en apprendre davantage sur 1) la mentalisation et la santé mentale des enfants victimes d’agression sexuelle (voir la capsule), 2) le portrait des mères des enfants agressés sexuellement (voir la capsule), 3) les liens entre certains traits de la personnalité et la satisfaction conjugale (voir la capsule) ou encore, 4) une revue des constats contradictoires autour des abus sexuels dans les communautés autochtones canadiennes (voir la capsule).
Le CRIPCAS, une double expertise en recherche et en intervention!
Le CRIPCAS est un regroupement interdisciplinaire réunissant 27 chercheurs réguliers, 30 chercheurs collaborateurs, une quarantaine d’organismes partenaires et près de 300 étudiants de 2e cycle et de 3e cycle, ainsi que des stagiaires postdoctoraux (voir son site internet). Localisé à l’Université de Montréal et regroupant six autres universités québécoises, le CRIPCAS se distingue par sa programmation de recherche orientée à la fois sur l’agression sexuelle et les problèmes conjugaux ainsi que les interfaces existantes entre ces deux problématiques.
Étant donné la vocation du CRIPCAS, plusieurs de ses membres chercheurs œuvrent également comme cliniciens, démontrant ainsi un ancrage certain sur le plan de la pratique. De plus, les partenariats et les collaborations entretenus avec nombre de milieux de pratique permettent non seulement le développement des connaissances eu égard aux meilleurs pratiques, mais aussi la mise sur pied et l’évaluation de plusieurs modèles d’intervention.
Serge Poisson-de Haro et les enjeux stratégiques des organisations artistiques
Serge Poisson-de Haro est professeur agrégé au département du management à HEC Montréal.
Expertises
Stratégie, capacités dynamiques, gestion des arts, organisation et environnement naturel, gestion des organisations artistiques.
À quel besoin souhaitez-vous répondre avec vos recherches?
Serge Poisson-de Haro : Premièrement, ce qui m’intéresse ce sont les enjeux de gestion et les enjeux stratégiques des organisations artistiques. Je suis professeur de stratégie et j’étudie depuis plusieurs années les organisations artistiques montréalaises, telles que le Musée des beaux-arts de Montréal, le Musée d’Art Contemporain, l’Opéra de Montréal, l’Orchestre Symphonique de Montréal, l’Orchestre Métropolitain, le Festival Montréal en lumière et les cirques tels le Cirque Éloize, le Festival Montréal Complètement Cirque, etc. En tant que professeur de stratégie, j’analyse leurs divers enjeux et je tente d’appliquer des modèles d’analyse stratégique classique pour conduire des analyses de leurs contextes, interne comme externe. La théorie des ressources en est un. À l’interne, j’analyse les ressources et les compétences dont dispose la compagnie pour évaluer celles qui permettraient de développer un avantage concurrentiel. Également, le concept de modèle d’affaire, une littérature stratégique émergente depuis plusieurs années, permet de définir sa proposition de valeur et comment s’organiser à l’interne pour livrer le service au client cible. Le tout requiert de bien comprendre le positionnement stratégique d’une organisation au sein de son environnement externe, tant concurrentiel qu’au sens plus large. Ce sont tous ces éléments que je tente de prendre en considération dans une analyse stratégique.
Deuxièmement, j’aime beaucoup la pédagogie et les méthodes expérientielles pour enseigner la gestion stratégique. Je favorise méthode des cas ou encore l’utilisation de simulation informatique répliquant les dynamiques concurrentielles au sein d’un secteur donné. 90% de mon enseignement est expérientiel. Je fais très peu de cours magistraux, car je préfère lorsque l’étudiant est acteur de la situation et des analyses à faire pour trouver les solutions aux enjeux de gestion. Une partie de ma recherche est d’ailleurs dédiée à la pédagogie.
C’est par le biais de la pédagogie que je me suis penché sur l’analyse stratégique des organisations culturelles. Cela correspondait à ma volonté de comprendre les spécificités du tissu culturel à Montréal à mon arrivée dans la métropole. C’est la rédaction de cas sur des organisations locales de renom qui m’a mené à lancer le projet de recherche : « Les Enjeux de gestion au XXIème siècle ». Cette recherche m’a permis, par exemple, de largement analyser les enjeux de gestion vécus par le Musée des beaux-arts de Montréal. J’ai relevé comment, par un meilleur ancrage local, le musée a pu rayonner à l’international. De par ses stratégies, ses choix de mieux s’ancrer localement, de s’appuyer sur des compétences locales et de créer des expositions temporaires qui ensuite voyagent à travers le monde, le MBAM est devenu le premier musée au Canada, avec plus d’un million de visiteurs par année. Une exposition comme celle de Jean-Paul Gauthier, entièrement créé au Québec avec des compétences locales, fait actuellement le tour du monde et favorise le rayonnement international du musée. C’est important localement pour encourager la communauté montréalaise de soutenir son musée pour assurer son succès ici et ailleurs.
Finalement, on peut dire que le nerf de la guerre, comme pour toute organisation, c’est d’assurer l’équilibre financier tout en étant fidèle à sa mission. Les enjeux des organisations artistiques se situent grandement au niveau du financement. On parle généralement d’organisation sans but lucratif. Ces organisations sont davantage financées par des fonds publics (trois paliers de gouvernement), des donateurs privés, des commandites mais aussi par la capacité de l’organisation à générer des revenus autonomes comme les recettes de billetterie. L’équilibre financier est certainement un des enjeux majeurs des organisations artistiques et celui-ci passe par la fidélisation et le renouvellement du public. L’objectif est de renouveler l’offre et ainsi attirer une nouvelle clientèle, tout en restant fidèle à la ligne directrice artistique. L’optimisation organisationnelle de chaque dollar dépensé est centrale. L’objectif est d’être en mesure de faire plus avec moins. Dans les organisations artistiques, on est loin de la quête de profit, on aspire avant tout à faire vivre la mission artistique. Par ailleurs, il est important de changer la perception commune du grand public, à savoir que la culture se doit d’être gratuite. Cette perception est grandement alimentée par les nombreux festivals culturels gratuits, mais cette même perception distancie le grand public des enjeux de financements vécus par les organisations artistiques.
Quels sont les défis dans votre champ de recherche?
Serge Poisson-de Haro : Le défi est d’innover et d’être ancré dans les défis quotidiens de ces organisations. Comment les outils développés dans le milieu des affaires peuvent-ils être pertinents au secteur des arts, comment adapter l’existant? L’enjeu est aussi de trouver quelque chose de nouveau en termes de gestion, qui serait issu de la complexité du secteur des arts. On pourrait exporter certaines pratiques vers le monde de l’entreprise, pour que celui-ci puisse apprendre du secteur des arts. Le défi est de faire une sorte de boucle entre les deux. Comme l’équation financière des organisations artistiques est particulière, elle implique une gestion plus complexe avec les parties prenantes. Ces organisations doivent aller chercher des dons, des subventions gouvernementales et gérer les attentes d’un plus grand nombre de parties prenantes, comparativement à la plupart des entreprises qui se soucient prioritairement des attentes des clients et des actionnaires. Les entreprises peuvent apprendre à mieux s’intégrer dans leurs communautés en observant ce que font les organisations artistiques. La polyvalence, la capacité à faire plus avec moins et cette gestion complexe des parties prenantes sont les connaissances clés en gestion des organisations artistiques. Et elles sont valides pour des organisations autres qu’artistiques.
Je me dis souvent que ce qui différencie probablement le secteur des arts du monde de l’entreprise, c’est qu’il donne avant tout des émotions. Beaucoup d’entreprises ont du mal à trouver le sens de l’émotion spontanée. Je crois que les rêves véhiculés par l’art sont ce qui nous rend humains. Ce sont ces souvenirs qui nous restent et nous rendent heureux, beaucoup plus que nos possessions matérielles qui se périment par obsolescence programmée. Je crois qu’il est important que ces organisations qui donnent des émotions restent pérennes, car elles créent des instants de vie dont on se souvient longtemps. Elles permettent même parfois de transcender le quotidien.
Comment vous êtes-vous intéressé à ce sujet?
Serge Poisson-de Haro : L’intégration du développement durable comme source d’avantage concurrentiel pour les compagnies fut ma thèse universitaire. C’est un peu une thèse pour « sauver le monde ou rendre le monde meilleur » en voulant encourager les entreprises à contribuer au système économique tout en ayant un impact social et environnemental positif. C’est ce côté un peu idéaliste que j’ai, mais aussi par intérêt personnel que je me suis tourné vers le milieu artistique. Un monde sans artistes serait triste, mais ceux-ci ont généralement besoin de renforcer leurs compétences de gestion. C’est cet aspect qui a en quelque sorte démarré mon intérêt pour les organisations artistiques. Étant un Canadien adoptif (d’origine française), cette passion pour les arts, mon penchant pour la stratégie en général et pour les stratégies des organisations artistiques en particulier m’ont, en quelque sorte, permis d’apprendre et de mieux m’intégrer à l’écosystème montréalais, notamment culturel.
Que diriez-vous à quelqu’un qui débute dans votre domaine?
Serge Poisson-de Haro : Il est important d’écouter les praticiens et de comprendre leurs difficultés quotidiennes. Il faut se mettre au service de leurs problèmes très concrets avec une rationalité et une rigueur académique, pour tenter de trouver une interprétation possible à ce qui se passe et éventuellement trouver des solutions. Il faut démarrer sur le terrain, connaitre les théories et qu’elles soient au service de l’explication du sujet observé. C’est grâce au lien entre ces théories académiques et les situations concrètes qu’émergent souvent des solutions durables. Il est important de rester collé à la réalité tout en prenant du recul pour l’analyse. C’est en faisant des ponts entre l’observation et la théorie qu’on peut créer de nouvelles théories et de nouvelles solutions.
Serge Poisson-de Haro chez eValorix
Texte par Fanny Vadnais
Propos recueillis par Félix Vaillancourt
Retour sur les outils et trousses de formation pour mieux accompagner les proches aidants
Depuis quelques mois déjà, plusieurs guides, programmes psychoéducatifs et un outil d’identification sur la thématique des proches aidants sont diffusés ou vendus sur eValorix. Issues des travaux de l’équipe de Francine Ducharme au sein de la Chaire Desjardins en soins infirmiers (ancienne programmation de recherche), ces trousses visent à outiller les professionnels de la santé et les personnes du milieu communautaire dans leur accompagnement des proches aidants (voir notre article du mois de mars 2016).
Aujourd’hui, après plusieurs mois de diffusion des trousses, nous profitons d’une nouvelle structure de prix pour faire un retour sur chacun de ces outils/trousses et sur leurs spécificités. Découvrez ou redécouvrez les 3 trousses de formation (utilisées à des moments différents du parcours du proche aidant) et un outil d’identification des besoins des aidants.
3 trousses de formation incontournables pour les professionnels de la santé, associations, organisations ou organismes qui souhaitent offrir un soutien et une aide aux proches aidants
Programmes | « Devenir aidant, ca s’apprend » | « Gestion du stress » | « Prendre soin de moi » |
---|---|---|---|
Lien | [fusion_woo_shortcodes][product id= »51888″][/fusion_woo_shortcodes] | [fusion_woo_shortcodes][product id= »51891″][/fusion_woo_shortcodes] | [fusion_woo_shortcodes][product id= »51491″][/fusion_woo_shortcodes] |
À quel moment? | Au moment du diagnostic (Alzheimer) | Lorsque le parent ou conjoint demeure toujours à domicile | Lorsque le parent âgé est placé en résidence ou en hébergement |
Objectif | Favoriser l’adaptation des proches aidants à leur nouveau rôle suite à l’annonce du diagnostic de la maladie d’Alzheimer chez leur parent âgé. |
|
Fournir des outils concrets aux aidants pour faciliter leur adaptation à ce nouveau milieu de vie qu’est le centre d’hébergement. |
Brochure gratuite | [fusion_woo_shortcodes][product id= »64237″][/fusion_woo_shortcodes] | [fusion_woo_shortcodes][product id= »64236″][/fusion_woo_shortcodes] | [fusion_woo_shortcodes][product id= »64235″][/fusion_woo_shortcodes] |
Problématiques |
|
|
|
Thèmes abordés |
|
|
|
Fonctionnement |
|
|
|
Retombées pour les aidants |
|
|
|
Validation |
|
|
|
Options d’achat |
|
|
|
Inclus |
|
|
|
Autre langue | [fusion_woo_shortcodes][product id= »51487″][/fusion_woo_shortcodes] | [fusion_woo_shortcodes][product id= »51485″][/fusion_woo_shortcodes] | n/a |
[/fusion_table]
Outil Entente Soutien Proches Aidants (ESPA) : l’outil d’identification des besoins des proches aidants
Cet outil s’adresse aux professionnels de la santé qui, quelle que soit leur affiliation professionnelle, côtoient des proches aidants, soit les aidants familiaux d’un parent âgé en perte d’autonomie fonctionnelle ou cognitive. L’ESPA est destiné à tous les aidants, ceux au début de leur parcours d’aide, tout comme ceux qui prodiguent des soins à leur parent âgé depuis plusieurs années.
[fusion_table]
Outil | outil Entente Soutien Proches Aidants (ESPA) |
---|---|
Lien | [fusion_builder_column spacing= » » center_content= »no » hover_type= »none » link= » » min_height= » » hide_on_mobile= »small-visibility,medium-visibility,large-visibility » class= » » id= » » background_color= » » background_image= » » background_position= »left top » background_repeat= »no-repeat » border_size= »0″ border_color= » » border_style= »solid » border_position= »all » padding= » » animation_type= » » animation_direction= »left » animation_speed= »0.3″ animation_offset= » » type= »1_4″][/fusion_builder_column][fusion_builder_column spacing= » » center_content= »no » hover_type= »none » link= » » min_height= » » hide_on_mobile= »small-visibility,medium-visibility,large-visibility » class= » » id= » » background_color= » » background_image= » » background_position= »left top » background_repeat= »no-repeat » border_size= »0″ border_color= » » border_style= »solid » border_position= »all » padding= » » animation_type= » » animation_direction= »left » animation_speed= »0.3″ animation_offset= » » type= »1_2″][fusion_woo_shortcodes][product id= »52188″][/fusion_woo_shortcodes][/fusion_builder_column][fusion_builder_column spacing= » » center_content= »no » hover_type= »none » link= » » min_height= » » hide_on_mobile= »small-visibility,medium-visibility,large-visibility » class= » » id= » » background_color= » » background_image= » » background_position= »left top » background_repeat= »no-repeat » border_size= »0″ border_color= » » border_style= »solid » border_position= »all » padding= » » animation_type= » » animation_direction= »left » animation_speed= »0.3″ animation_offset= » » type= »1_4″][/fusion_builder_column] |
Objectif | Identifier les besoins de soutien des proches aidants d’un parent âgé vivant à domicile, de même qu’à mettre en place un plan de soutien et de services pour les combler |
Problématiques |
|
Thèmes abordés |
|
Fonctionnement |
|
Retombées pour les aidants |
|
Validation |
|
Options d’achat |
|
Inclus |
|
Autre langue | [fusion_builder_column spacing= » » center_content= »no » hover_type= »none » link= » » min_height= » » hide_on_mobile= »small-visibility,medium-visibility,large-visibility » class= » » id= » » background_color= » » background_image= » » background_position= »left top » background_repeat= »no-repeat » border_size= »0″ border_color= » » border_style= »solid » border_position= »all » padding= » » animation_type= » » animation_direction= »left » animation_speed= »0.3″ animation_offset= » » type= »1_4″][/fusion_builder_column][fusion_builder_column spacing= » » center_content= »no » hover_type= »none » link= » » min_height= » » hide_on_mobile= »small-visibility,medium-visibility,large-visibility » class= » » id= » » background_color= » » background_image= » » background_position= »left top » background_repeat= »no-repeat » border_size= »0″ border_color= » » border_style= »solid » border_position= »all » padding= » » animation_type= » » animation_direction= »left » animation_speed= »0.3″ animation_offset= » » type= »1_2″][fusion_woo_shortcodes][product id= »52199″][/fusion_woo_shortcodes][/fusion_builder_column][fusion_builder_column spacing= » » center_content= »no » hover_type= »none » link= » » min_height= » » hide_on_mobile= »small-visibility,medium-visibility,large-visibility » class= » » id= » » background_color= » » background_image= » » background_position= »left top » background_repeat= »no-repeat » border_size= »0″ border_color= » » border_style= »solid » border_position= »all » padding= » » animation_type= » » animation_direction= »left » animation_speed= »0.3″ animation_offset= » » type= »1_4″][/fusion_builder_column] |
[/fusion_table]
Les rapports du Centre de recherche informatique de Montréal (CRIM)
Au 28 février 2017, 34 rapports techniques du Centre de recherche informatique de Montréal (CRIM) étaient diffusés sur eValorix. Ces rapports peuvent être consultés gratuitement dans la section informatique. Voici une petite présentation de ce nouveau partenaire.
Le Centre de recherche informatique de Montréal en quelques mots
Depuis 30 ans, le Centre de recherche appliquée en technologie de l’information (CRIM) développe, en collaboration avec ses clients et partenaires, des technologies innovantes et du savoir-faire de pointe. La diffusion des rapports techniques s’inscrit dans la volonté du CRIM de transférer les technologies/savoir-faire développés aux entreprises et organismes québécois afin de les rendre plus productifs et compétitifs. Voir leur site internet.
Ci-dessous une vidéo dans laquelle Françoys Labonté (directeur général) et Langis Gagnon (directeur R-D et directeur scientifique du CRIM) présentent les objectifs du CRIM.
Les rapports techniques du CRIM sur eValorix
Plusieurs rapports techniques sur des sujets d’actualité et des thématiques de pointe peuvent être téléchargés. Il s’agit par exemple du web sémantique, de l’authentification web ou encore des services web permettant la comparaison de visages.